Roumanie

Valachie

Bien que restaurée en 1947, cette synagogue sert aujourd'hui de dépot
Beit Hamidrash Synagogue de Bucarest. Photo de Mireille Marseille – Wikipedia

Bien que les ressources pétrolières de son sous-sol soient aujourd’hui largement épuisées, la Valachie reste le centre économique du pays. Cette région fut d’abord vassalisée par la Hongrie jusqu’en 1330, avant de tomber sous l’influence ottomane. Un certain nombre de juifs chassés de Hongrie au milieu du XVe siècle s’étaient établis sur les versants valaques des Carpates suivis, après 1492, par ceux que les Rois catholiques expulsaient d’Espagne. Reçus avec bienveillance dans les régions où s’exerce le pouvoir du sultan (les rivages méditerranéens et les Balkans) et sur les terres des Princes de Valachie qui entendent ainsi favoriser le commerce, les juifs sont quand même, au cours de la seconde moitié du XVe siècle, victimes de la cruauté de Vlad l’Empaleur, plus connu sous le nom de Dracula. Si leur importance économique croît au cours des XVIIe et XVIIIe siècles, la législation, qui demeure médiévale, préconise une séparation nette d’avec les chrétiens. Certes, sous le règne des princes phanariotes (de religion chrétienne, recrutés par le sultan dans le quartier grec d’Istanbul afin de gouverner les pays danubiens), leur sécurité est garantie mais déjà l’antijudaïsme populaire, d’inspiration chrétienne-orthodoxe, conduit à l’accusation de meurtres rituels, aux écrits injurieux, aux pogroms.

Cimetière important de la ville, témoignant de la place des deux communautés, ashkénaze et sépharade à Bucarest
Cimetière sépharade de Bucarest. Photo de Andrei Store

Avec la mainmise de Moscou sur les principautés roumaines, après le traité d’Adrianapole en 1829, la situation juridique des juifs, calquée sur celle en vigueur dans l’Empire du Tsar, se détériore alors qu’un important flux migratoire juif arrive de la Moldavie orientale annexée également par la Russie. Le sursaut révolutionnaire de 1848, proclamant comme en France l’égalité des droits pour tous, ne tient pas ses promesses. Au XVIIIe siècle, la Valachie devient autrichienne, puis russe. En 1859, elle s’unit avec la Moldavie, formant un nouveau royaume qui acquit son indépendance en 1878.

Malgré l’insistance d’Adolphe Crémieux et les pressions des États démocratiques occidentaux, malgré la participation juive à la guerre aboutissant à l’indépendance de la Roumanie (1877) et à la Grande Guerre au côté des Alliés (1916-1918), l’égalité civile et le respect des droits des juifs en tant que minorité ne leur sont accordés que bien plus tard, par la Constitution de 1923. À cette époque, d’importantes populations juives magyarophones de Transylvanie, germanophone de Bucovine, de langue yiddish ou russophone de Bessarabie, se retrouvent unies au sein de la Grande Roumanie du Traité de Versailles. Quinze années plus tard, ces acquis sont remis en question par la législation antisémite du gouvernement Goza-Cuza. Le démembrement du pays, à partir de l’été 1940, son entrée en guerre contre l’URSS aux côtés de l’Allemagne hitlérienne puis, après la défaite, l’installation d’un régime communiste pur et dur, donnent le glas du judaïsme roumain.