
Le nom de la synagogue de Porto, Kadoorie, est emblématique du « rayonnement international» que connut la communauté portugaise. Kadoorie est, en effet, le nom d’une famille d’origine judéo-portugaise, nationalisée anglaise et installée à Shanghai. Ses membres ont généreusement subventionné la construction de ce beau monument avec l’aide des communautés portugaises de Lisbonne, Londres et Amsterdam, en 1936. La synagogue peut accueillir 300 personnes et dispose de toutes les installations nécessaires au culte. Elle est en grande partie l’œuvre du capitaine Barros Basto, qui a essayé de faire revenir les crypto-juifs de la région à la foi de leurs ancêtres.
En 2007, un mikveh a ouvert dans l’enceinte de la synagogue. Et, depuis 2015, un musée juif s’y est également ouvert, témoignant du dynamisme de la communauté locale. Le musée loge dans trois des salles du premier étage de la synagogue. Dans l’une d’entre elles, a été reproduite une synagogue séfarade classique. L’exposition met en valeur des documents et objets illuminant des pans de l’histoire juive moderne de la communauté juive de Porto. On y trouve notamment une réplique d’une inscription qui se trouvait sur la façade d’une synagogue ouverte en 1380 à Porto, ainsi que la liste des 842 personnes torturées par l’Inquisition aux XVe et XVIe siècles.
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Un Dreyfus portugais
Élevé dans une famille chrétienne de Porto, Barros Basto retrouve le judaïsme après une visite à la synagogue de Lisbonne. Il se marie avec une jeune fille juive, après s’être lui-même converti à Tanger. Il va alors parcourir inlassablement tous les petits villages autour de Porto où existaient des groupes de crypto-juifs, à qui il insuffle, par son ardeur et sa prestance, le courage d’affirmer au grand jour leur judaïsme, après des siècles de vie clandestine. Il s’attache en particulier à l’éducation juive des enfants, seul moyen, selon lui, de redonner vie aux anciennes communautés. À cette fin, il crée d’ailleurs un collège d’enseignement à Porto. En butte à des accusations mensongères et à l’opposition des milieux salazaristes, il est destitué et condamné en 1938. Il meurt dans la misère, en 1961. Il sera réhabilité par l’État portugais en 1997, qui reconnaît son innocence et son inlassable dévouement.