La Kazerne Dossin, située dans la ville de Malines, à mi-chemin entre Anvers et Bruxelles, d’où étaient déportés les juifs de Belgique pendant la guerre, partage la mémoire de la Shoah, en présentant dans son musée des expositions permanentes temporaires, mais aussi avec « Chaque nom compte », un projet participatif où plus de 25 000 personnes lisent les noms de chacune des victimes. Rencontre avec Tomas Baum, le directeur du musée de la Kazerne Dossin.

Jguideeurope : Quels sont les prochains événements organisés au musée ?
Tomas Baum : Jusqu’en décembre 2025, le musée présente une exposition intitulée « Le Sport et les athlètes au KL Auschwitz ». Nous recevons de nombreuses visites, mais généralement, après un passage, les gens ne reviennent pas. Nous essayons donc de leur proposer des expositions traitant de la Shoah avec des thématiques variées, dont celle-ci. Le thème du sport est complexe, car il fut utilisé comme moyen d’oppression, de sélection et de punition. Dans certains contextes, cela donnait une sorte de sentiment de liberté et de résilience dans des circonstances très difficiles. Certains prisonniers des camps de concentration étaient sélectionnés pour « divertir » les troupes, leur permettant parfois ainsi de survivre. Cette exposition fut déjà présentée au musée d’Auschwitz. Nous l’avons enrichie d’histoires consacrées à des sportifs belges victimes de la Shoah.

Quelles sont les prochaines expositions prévues ?
En fait, durant les deux prochaines années, le musée n’en présentera pas, se consacrant à modifier l’exposition permanente qui est en place depuis 15 ans. Bien qu’elle soit très complète, nous souhaitons l’adapter un peu plus au public contemporain et y ajouter des éléments de recherche récents, notamment concernant le rôle de la compagnie des chemins de fer belge dans la déportation des Juifs, Rom et Sinti pendant la Seconde Guerre mondiale. Des discussions sont actuellement entreprises concernant le soutien politique au projet. Notre rôle est de partager cette histoire.

Une des activités importantes de la Kazerne Dossin depuis sa création est d’identifier les noms et visages des victimes de la Shoah. Comment évolue cette recherche ?
Concernant les identités des victimes, nous avons tous leurs noms. Chaque année, lors d’une cérémonie qui se déroule à la fin du mois de novembre, nous ajoutons les photos trouvées durant l’année pour ces noms qui demeuraient sans visage. Nous avons identifié 21 000 portraits sur les plus de 25 000 victimes, mais nous continuons les recherches, en lien avec les familles. Nous sommes actuellement en contact avec de nombreuses organisations pour augmenter la dimension de commémoration avec d’autres formes d’hommages que les dépôts de gerbes et discours.
Pouvez-vous nous parler du projet « Chaque nom compte » ?
Il s’agit d’un projet qui permet aux gens de participer individuellement à la lecture des noms des victimes de la Shoah. Chaque personne lisant un nom. L’ensemble sera ensuite assemblé et présenté au musée dans un document sonore. Nous avons actuellement plus de 16 000 personnes qui y ont participé et encourageons le public à permettre de rendre hommage aux victimes restantes en venant lire un nom. Car chaque nom compte.