Norvège

Synagogue d’Oslo. Photo de Grzegorz Wysocki – Wikipedia

Jusqu’à la fin du Moyen Âge, aucun juif ne fut présent en Norvège, gouverné par le Danemark jusqu’en 1814. Ce n’est qu’au début du 19e siècle, qu’ils s’installèrent très timidement, notamment des juifs séfarades.

Henrik Wergeland (1808-1845), fils de pasteur et étudiant en théologie, fut connu pour sa poésie et ses engagements politiques en matière de Droits de l’Homme, expression qu’il utilisa très régulièrement cent ans avant la Charte des Nations Unies. Parmi ses préoccupations, le sort des juifs, exclus du royaume de Norvège depuis 1814. Il Il s’adressa à quatre reprises au parlement pour qu’il annule cette interdiction. Un combat qu’il mena aussi dans son œuvre poétique, en décrivant les juifs et leur culture. En 1851, six ans après la mort de Wergeland, le parlement vota aux deux-tiers la fin de cette exclusion. En 2003, une grande exposition lui fut consacrée.

Suite à la décision du Parlement norvégien, les juifs s’installèrent timidement dans le pays, la plupart furent originaires d’Allemagne. A la fin du 19e siècle, ce fut le cas des juifs d’Europe de l’Est, fuyant les pogroms, principalement de Russie, Pologne et des États Baltes. Les conditions de vie très difficiles à l’époque motivèrent le départ de très nombreux norvégiens et de réfugiés juifs qui y transitaient vers les États-Unis. On estime à 800 000 le nombre de migrants norvégiens vers l’Amérique entre les années 1880 et 1920, pour un pays qui ne comptait qu’un peu plus de 2 millions d’habitants.

Synagogue de Trondheim. Photo de Olve Utne – Wikipedia

Une grande partie des juifs norvégiens exercèrent le métier de marchand ou d’artisan, accompagnant le développement économique du pays. Suivant l’évolution de leur intégration, les juifs purent diversifier les métiers pratiqués, notamment dans la médecine et la culture, à l’image du violoniste Jacques Maliniak (1883-1943). Ils habitèrent essentiellement à Oslo et Trondheim, mais aussi dans soixante-deux autres municipalités, en nombre très bas dans ces cas-là. Ainsi, il n’y avait que 25 juifs norvégiens en 1866, puis 214 en 1890 et 642 au tournant du siècle.

A la veille de la Seconde Guerre mondiale, les juifs furent totalement intégrés à la société, adoptant le norvégien comme première langue et vivant à l’heure norvégienne. Ils participèrent à tous les secteurs dans les milieux économiques et culturels. Le parti nazi de Quisling, à la solde de l’occupant allemand, entama très rapidement une campagne de dénigrement des juifs et de confiscation de leurs biens. Des fichiers, préparés même avant le déclenchement de la guerre, permirent d’identifier les lieux où vécurent les juifs. Le 6 octobre 1942 débutèrent à Trondheim les premières arrestations en masse des juifs norvégiens. Ceux-ci tentèrent de s’opposer à ces actes, notamment Moritz Rabinowitz, philanthrope et éducateur dans les milieux populaires, qui fut assassiné, ainsi que sa famille. Le courage de Résistants norvégien permit de sauver de nombreux juifs, les aidant à fuir le pays par la frontière suédoise. Pendant la Shoah, plus d’un tiers des 2200 juifs norvégiens furent déportés. Seuls 29 d’entre eux y survécurent.

Musée juif d’Oslo. Photo de Kjetil Ree – Wikipedia

Au lendemain de la guerre, les juifs norvégiens fondèrent une nouvelle communauté. Parmi ces survivants, Kai Feinberg, qui raconta également dans son autobiographie comment cela fut douloureux pour lui, seul survivant de sa famille, de retourner « chez lui » et de constater que les habitations des juifs avaient été redonnées à d’autres familles.

Suite à des articles sur ces spoliations parus en 1995, les autorités norvégiennes étudièrent le sujet et votèrent en 1999 une indemnisation pour les juifs norvégiens, un des premiers pays européens à résoudre cette injustice. Les juifs norvégiens représentent aujourd’hui moins de 2000 personnes dans tout le pays, principalement à Oslo et Trondheim. Depuis 2009, les juifs sont notamment la cible d’une résurgence d’un antisémitisme portant différents masques, comme dans de nombreux autres pays européens.

Centre norvégien d’étude sur l’Holocauste et les minorités. Photo by Leifern – Wikipedia

La communauté peut s’enorgueillir d’avoir donné à Israël un ministre : le grand rabbin Michael Melchior, devenu député en 1999, puis membre du gouvernement Barak, chargé des relations avec la diaspora.

Quoique strictement orthodoxe, le rabbin Melchior, fils de l’ancien grand rabbin de Danemark Bent Melchior, appartient au parti de centre-gauche Meimad.

Sources : Jewish Life and Culture in Norway : Wergeland’s Legacy, Encyclopaedia Judaica, Times of Israel


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