Slovénie

Tour et Synagogue, Maribor
Tour et Synagogue, Maribor

Terre slave sous influence germanique des siècles durant, la Slovénie est indépendante depuis 1991. Le sort des juifs y fut longtemps dépendant du bon vouloir des princes.

Pourtant, leur présence est attestée depuis l’Antiquité. Des fouilles archéologiques ont mis au jour une tombe gravée d’une menorah, sur le site de Skocjan, qui date probablement du Ve siècle de notre ère. On perd ensuite leur trace sur le territoire, jusqu’au XIIe siècle, pour lequel on dispose de documents signalant l’arrivée d’immigrants en provenance d’Europe centrale et d’Italie. On sait aussi qu’une communauté prospéra en Styrie, où des juifs possédaient des vignes et des moulins. Dans une dizaines de villes ou de localités, dont Maribor, Piran et Ljubljana, l’actuelle capitale, vivaient à cette époque des minorités juives, habitant dans des ghettos où elles menaient une vie communautaire et religieuse organisée.

Synagogue de Lendava. Photo de Gibalec – Wikipedia

À la fin du XVe siècle, toutefois, les Habsbourg ordonnent leur départ de Styrie et de Carinthie d’abord, puis de Ljubljana, confinant les juifs en milieu rural, avant que l’empereur Charles VI ne décide une expulsion complète en 1718. À la fin du XVIIIe siècle, de petites communautés se sont cependant installées dans l’extrême nord-est du pays, alors sous domination hongroise : elles connurent un certain épanouissement dans les localités de Murska Sobota, Beltinci et Lendava.

Le bref intermède des provinces illyriennes sous domination napoléonienne, de 1808 à 1814, ne suffit pas à décider un grand nombre de juifs à revenir. D’ailleurs, en 1817, les Habsbourg interdisent de nouveau leur installation en Carniole, la partie centrale de la Slovénie actuelle. L’émancipation complète des juifs de l’Empire austro-hongrois, en 1867, n’a pas de conséquence en Slovénie, tant la région connaît un antisémitisme virulent, qui dissuade tout retour massif.

Cimetière de Ljubljana. Photo de Dino Kuznik – Wikipedia

En 1940, la Slovénie actuelle comptait une communauté de 1500 personnes. L’Allemagne annexa la région directement au Reich, et fit périr plus de 90% de ses juifs, une minorité seulement parvenant à fuir en territoire italien ou dans les maquis de la Résistance. Aujourd’hui, la communauté juive de Slovénie compte moins de 100 personnes.

Le Rabbin Ariel Haddad, habitant à Trieste, la ville italienne proche de la frontière slovène, effectue chaque semaine, depuis 2002, une tournée dans le pays pour aider à la reconstruction de la vie juive slovène qui ne compte que quelques centaines de membre au sein de ses communautés sur une totalité de deux millions d’habitants dans le pays. Un nombre qui ne fut d’ailleurs jamais très élevé atteignant un peu moins de 1000 juifs slovènes en 1921.

Le 6 août 2018, le pays organisa une cérémonie marquant le retour officiel de la vie juive en Slovénie. La pose de 23 pierres du souvenir commémorant les victimes de la Shoah. L’artiste allemand Gunter Demnig, à l’origine du projet des pierres du souvenir débuté en 1992 fut présent à la cérémonie. Signe de l’importance de l’événement au niveau national, la cérémonie fut menée par le Président Borut Pahor et le chef du Parlement Matej Tonin qui déposèrent les deux premières pierres. 587 juifs slovènes périrent pendant la Shoah. Le président rappela les horreurs de la Shoah et mit en garde contre la résurgence des haines antisémites.


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