Le Musée juif de Vienne est le plus ancien musée consacré à ce thème en Europe. Il fête cette année son 130e anniversaire. Mais c’est aussi l’un des plus actifs aujourd’hui. Voici notre interview avec sa directrice, Barbara Staudinger, et sa responsable des relations publiques et des médias, Natascha Golan.

Participez-vous aux Journées européennes de la culture juive ?
Natascha Golan : Oui. Le dimanche 7 septembre 2025, nous présenterons deux événements différents :
– 11h00 : #AskTheDirector avec la directrice du musée Barbara Staudinger, qui invitera les visiteurs à venir poser toutes sortes de questions sur l’événement, le musée et la culture juive à Vienne…
– 14h00 : PRIORITÉ – Sauvez l’art ! Que se passe-t-il lorsqu’il n’y a pas le temps de réfléchir, mais que tout est en jeu ? Sur la base des procédures d’urgence élaborées par le Conseil international des musées (ICOM), le Musée juif de Vienne invite les visiteurs à découvrir son exposition anniversaire « G*d. Réflexions entre ciel et terre » d’une manière totalement nouvelle. Pas de visite tranquille, pas de lecture des textes muraux : cette visite simule une situation d’urgence. Vous n’avez que huit minutes pour choisir un objet de l’exposition que vous sauveriez en premier. Quel est le plus précieux ? Le plus significatif ? Le plus irremplaçable ? Votre décision est notée sur une carte spécialement conçue à cet effet. Une fois l’« urgence » passée, la médiatrice du musée Hannah Landsmann vous explique le contexte, la composition et l’histoire de chaque objet sauvé, qu’il s’agisse d’un textile rare, d’un parchemin médiéval, d’un objet précieux en argent ou même d’une feuille de papier apparemment vierge.

Pouvez-vous partager un moment émouvant avec un visiteur ou un participant lors d’un événement marquant le 130e anniversaire du musée ?
L’un des moments les plus émouvants a été la visite des descendants de Jakob Bronner, l’un des fondateurs du musée, venus des États-Unis après une bar-mitsva familiale à Vienne. Leur présence lors du dévoilement de notre nouvelle vitrine et le message vidéo que la grand-mère a enregistré avec son petit-fils ont donné l’impression d’un retour aux sources et d’un lien vivant entre les générations.
Quels autres événements seront organisés à l’automne dans le cadre de cet anniversaire ?
Notre année anniversaire se poursuit avec un large éventail d’activités, tant en ligne que sur place. L’un des projets phares est notre nouvelle série de podcasts, lancée spécialement pour le 130e anniversaire. Elle explore les nombreux rôles d’un musée juif aujourd’hui, du point de vue de la conservation et du travail éducatif jusqu’aux coulisses de nos archives. Il s’agit d’une conversation continue sur la culture, la mémoire et la responsabilité juives.
Sur les réseaux sociaux, nous consacrons chaque mercredi à une publication spéciale anniversaire, mettant en lumière des personnes, des objets et des moments liés aux 130 ans d’histoire du musée juif.
Une visite numérique de notre collection est consacrée au premier musée juif au monde, ouvert à Vienne en 1895.
À venir en novembre : une vitrine spéciale et une visite « Temps forts du jubilé » – une intervention organisée dans notre exposition permanente mettant à l’honneur Jakob Bronner, l’un des fondateurs du musée. C’est notre façon de relier le passé et le présent à travers les espaces que les visiteurs connaissent le mieux.
Pensez-vous que les événements culturels juifs contribuent à la lutte contre la montée de l’antisémitisme en Europe ?
Barbara Staudinger : Rendre l’histoire et la culture juives visibles peut contribuer à lutter contre l’antisémitisme, mais seulement sous certaines conditions. Cela peut être efficace lorsque cela permet de communiquer que l’histoire juive fait partie de notre histoire commune, lorsque cela met en avant la diversité des identités juives passées et présentes, et lorsque cela ne se concentre pas sur une « contribution juive » unique, mais sur le large spectre de la vie et de l’expérience juives.
Cela dit, tout ce qui est présenté comme un « événement culturel juif » ne sert pas nécessairement cet objectif. Au contraire, les programmes qui perpétuent les clichés ou réduisent la vie juive à un seul thème peuvent en réalité renforcer les préjugés plutôt que les démanteler.