Rencontre avec Barbara Haene, Directrice des recherches et de l’événementiel au Musée juif de Suisse
Jguideeurope : Quels sont les événements prévus pour les Journées Européennes de la culture juive ?
Barbara Haene : Le Musée juif de Suisse s’occupe de l’organisation des Journées Européennes de la culture juive en Suisse depuis l’initiation en 1999. Il y en a un programme varié au musée cette année. Par exemple, un « show cooking » où l’on cuit la challa, ou bien un événement au cours duquel un expert en art évalue en direct des objets de culte juifs. La visite guidée de la ville « sur les traces de Herzl à travers Bâle » et la visite guidée de la synagogue sont également très appréciées chaque année.
Pouvez-vous présenter certains objets qui figurent à l’expo « Jewish for beginners and experts » ?
En tant qu’historienne travaillant sur l’histoire juive de la Suisse, j’ai bien sûr certaines préférences. J’aime particulièrement les objets qui témoignent de la vie simple des juifs dans la campagne d’Endingen Lengnau, par exemple un manteau de la Torah utilisé à l’origine pour une robe de femme. Ou bien une montre à gousset de la Chaux-de-Fonds qui témoigne de l’importance des juifs dans le métier de l’horlogerie en Suisse.
Pour l’histoire juive de Bâle, le premier congrès sioniste, qui fête cette année son 125e anniversaire, est bien sûr aussi d’une grande importance. Le Musée juif conserve de nombreux objets relatifs au premier congrès sioniste. Une collotypie sur laquelle les participants au congrès sont représentés vaut, par exemple, la peine d’être vue.
Constatez-vous une évolution des attentes du public ces dernières années ?
Au cours des dernières décennies, les connaissances des jeunes se sont transformées. Auparavant, ils avaient une connaissance relativement grande des histoires bibliques, d’Adam et Eve, de Moïse et des Dix commandements, de Rachel et de Léa. Ils connaissaient les personnages de l’Ancien Testament grâce à l’église, aux cours de religion ou à leurs bibles pour enfants.
Aujourd’hui, la sécularisation a fortement augmenté. Peu de jeunes visitent les églises. Presque personne ne lit la Bible. Mais aujourd’hui, les jeunes connaissent mieux les coutumes juives. Ils connaissent Hanoukka et le shabbat, les fêtes de bar / batmitzva et la réglementation de la casherouth. La diversité est en vogue.
Les jeunes rencontrent la culture juive à l’école, sur Netflix et Youtube, dans la musique pop et dans la gastronomie. Leur connaissance du judaïsme est marquée, entre autres, par le houmous, les falafels et les bagels.
Pouvez-vous nous raconter une rencontre avec un visiteur ou un conférencier lors d’un événement culturel qui vous a particulièrement marqué ?
Il y a quelques semaines, nous avons accueilli la rabbine Bea Wyler au musée. Nous avons son châle de prière, son talith, dans notre collection. Bea Wyler a été la première femme à officier en tant que rabbin en Europe germanophone après la Shoah. Lorsqu’elle a été ordonnée dans les années 2000, elle a été confrontée à de nombreux courants contraires en tant que femme dans une profession exclusivement masculine. Aujourd’hui, elle est la première d’une série de jeunes femmes rabbins. Les femmes sont appréciées, jouissent d’un certain prestige et ne ressentent plus de vents contraires que dans certains milieux orthodoxes et ultra-orthodoxes.