La présence juive à Graz semble remonter au Moyen Age, mais les seules certitudes pointent vers le 12e siècle, mais la première mention date de 1261.
Une communauté juive se forma à la fin du 14e siècle, laquelle disposait d’une synagogue, d’un mikvé et d’un cimetière. Comme dans la majorité des autres villes autrichiennes, celle-ci fut très limitée jusqu’à la fin du 18e siècle.
En 1783, les juifs furent à nouveau autorisés officiellement à participer aux foires marchandes. Des familles juives s’installèrent progressivement à Graz à partir de 1848. Une communauté juive se forma à nouveau et se développa rapidement. Elle était constituée de 566 personnes en 1869 et 1720 en 1934. Pendant cette période, une synagogue fut inaugurée et un cimetière juif mis en place.
Suite à l’Anschluss de 1938, un processus d’aryanisation des villes autrichiennes fut mis en marche par les nazis. Lors de la Nuit de cristal de novembre, la synagogue fut détruite et 300 juifs arrêtés et déportés. Un quart des 1600 juifs de Graz réussirent à fuir. La Shoah fit de nombreuses victimes dans le pays.
Au lendemain de la guerre, un peu plus de cent juifs retournèrent à Graz pour reconstruire la communauté. La décision fut prise à l’unanimité par les partis autrichiens de reconstruire une synagogue à Graz, laquelle fut inaugurée en 2000. Parmi les briques utilisées, de nombreuses provenaient symboliquement des ruines de l’ancienne synagogue. Sa construction par le couple d’architectes Jorg et Ingrid Mayr est très originale. La synagogue possède un magnifique dôme de verre. La place sur laquelle est située a été rebaptisée David Herzog Platz, en hommage au dernier rabbin qui y officia avant la Seconde Guerre mondiale.
En 2020, la communauté compte 150 membres. Cette même année, la synagogue fut victime d’une attaque antisémite.
Sources : Encyclopaedia Judaica, Times of Israel
La présence juive à Innsbruck date au moins du 13e siècle, mais ils s’y installèrent principalement à partir du début du 17e siècle, lors du règne du Duc Ferdinand II (1618-1623).
Ils participèrent en cette époque de tolérance à la vie citoyenne. Des maisons de prières rassemblaient les fidèles Néanmoins, suite à sa mort, ces droits et autorisation d’installation furent limités et la plupart expulsés au 18e siècle.
Ce n’est que suite à la constitution de 1867 que les juifs s’installèrent à nouveau dans la ville, principalement du courant libéral. Quelques centaines de juifs vivaient dans à Innsbruck avant la Première Guerre mondiale. Très patriotes, un bon nombre d’entre eux tombèrent au front.
Suite à l’Anschluss et à la nuit de Cristal du 10 novembre 1938, les magasins et maisons appartenant à des juifs furent confisqués et détruits et les dirigeants communautaires assassinés. Plus de 200 juifs de la région furent victimes de la Shoah.
Au lendemain de la guerre, une centaine de survivants recréèrent une communauté juive. Une salle de prière fut inaugurée à Zollerstrasse en 1961. En 1988, afin de commémorer les 50 ans du pogrom, une cérémonie se déroula en présence des autorités religieuses chrétiennes et juives, notamment l’évêque Reinhold Stecher et le grand rabbin Paul Haim Eisenberg.
Suite à cela fut décidé la construction d’une nouvelle synagogue sur l’emplacement de l’ancienne. La première pierre fut posée en 1991 et l’inauguration se déroula deux ans plus tard. En 1997, une menorah a été placée sur la Lanhausplatz afin de commémorer les victimes de la Shoah.
Il n’y avait qu’une soixantaine de juifs au tournant du 21e siècle. Le centre communautaire juif, situé dans l’immeuble de la synagogue , dispose également d’une bibliothèque et d’une salle accueillant des évènements. En 2019, la communauté publia un livre retraçant la vie juive d’Innsbruck, écrit par Niko Hofinger, Sonja Prieth et Esther Pirchner.
Le cimetière juif est situé à l’intérieur du cimetière municipal occidental. Ils y sont enterrés depuis 1864.
Sources : Encyclopaedia Judaica, https://www.ikg-innsbruck.at/en/
La présence juive à Linz date au moins du 13e siècle. Quant à la mention d’une synagogue, elle date de 1335.
Néanmoins, jusqu’à la fin du 15e siècle, leur situation fut assez précaire, étonnant notamment victimes de campagnes antisémites et menant à une expulsion en 1421 et à la transformation de la synagogue en église cinq ans plus tard.
Jusqu’à la fin du 18e siècle, les juifs furent seulement autorisés à participer aux foires en journée, grâce à l’autorisation du roi Maximilien en 1494. En 1783, leur participation fut acceptée officiellement, suite à l’édit de Tolérance de Joseph II. Cette lente évolution leur permit de construire une synagogue en 1824. Le cimetière juif , quant à lui, date de 1863. Il y avait à l’époque moins de 400 juifs à Linz.
Un nombre qui augmenta lentement au fil des décennies suivantes, atteignant 650 personnes en 1938. Une nouvelle synagogue de style néo-roman fut construite en 1877 et inaugurée par le rabbin Adolf Kurrein, dont le fils et rabbin Viktor Kurrein, raconta dans ses écrits l’histoire de la communauté juive de Linz.
Durant la nuit de Cristal, le 10 novembre 1938, la synagogue fut brulée et rasée, les pompiers de la ville étant seulement autorisés à protéger les immeubles adjacents. Les magasins appartenant à des juifs furent « aryanisés » et ceux-ci arrêtés et déportés, la ville étant nommée par les nazis lieu important par rapport au vécu du Fuhrer et devant donc être vide de juifs. Environ 300 juifs de la région seront assassinés pendant la Shoah.
Après la guerre, celle-ci se reconstitua avec un peu plus de 200 personnes. Une nouvelle synagogue , construite sur le lieu de l’ancienne par l’architecte Fritz Goffitzer, fut inaugurée en 1968.
Sources : Encyclopaedia Judaica, https://www.ikg-linz.at/
La présence juive à Salzbourg date probablement de l’époque romaine, lorsque la ville se nommait Luvavum. La première trace écrite concerne une époque plus proche, lorsque la ville fut refondée sous son nom actuel, un médecin juif soigna l’Évêque Arno de Salzbourg (785-871).
Près de la cathédrale était située au 12e siècle une Judengasse, « ruelle des juifs ». La synagogue ayant été située au numéro 15 de cette ruelle, depuis le 14e siècle. Le siècle suivant, les juifs subirent des attaques et furent expulsés de la ville.
Ce n’est qu’à la fin du 19e siècle que la communauté juive put se reconstituer. En 1893, une synagogue fut construite au 8 Lasserstrasse et un an plus tard un cimetière juif . Théodore Herzl, qui séjourna à Salzbourg dans le cadre de sa profession juridique, fit une description du climat de cette époque, entre une certaine douceur de vivre et une présence manifeste d’antisémitisme. Cette vision oscillant entre enthousiasme et crainte a été incluse cent ans plus tard sur une plaque mémorielle posée à Salzbourg.
Toutefois, malgré certaines craintes, les juifs purent contribuer au rayonnement culturel et artistique de la ville. A l’image de Max Reinhardt et Hugo von Hoffmannsthal, qui participèrent très activement à la création du Festival de Salzbourg. Dans les années 1930, l’’auteur Stefan Zweig accueillit l’intelligentsia européenne.
Suite à l’Anschluss de 1938 par l’Allemagne nazie, la synagogue fut détruite et la population juive victime de nombreuses violences. 70 000 juifs autrichiens furent assassinés pendant la Shoah, principalement à Vienne qui représentait la communauté principale. Près de 400 stolpersteine, ces pierres de mémoire, ont été posées à Salzbourg, en souvenir des victimes juives et non juives de la Shoah.
Aujourd’hui, une centaine de juifs habitent Salzbourg. La synagogue a été reconstruite et est utilisée par les fidèles, principalement le shabbat et lors des grandes fêtes.
Sources : Encyclopaedia Judaica, Times of Israel
La présence juive à Saragosse date probablement de l’époque romaine. Le quartier juif demeurera d’ailleurs principalement situé dans les murailles construites à cette époque, dans la partie se situant au sud-est. Et cela jusqu’à l’Inquisition.
Six portes y menaient. N’existant plus aujourd’hui, il était situé entre le Séminaire de San Carlos et la place Magdalena, son centre étant sur la rue Santo Dominguito. Le quartier accueillait une synagogue, une boucherie et un hôpital.
Suite au développement de la communauté juive au 13e siècle, une autre Juderia vie le jour, au sud de l’ancienne, entre les rues Coso et San Miguel. Ce quartier est nommé aujourd’hui Barrio Nuevo. De nombreuses synagogues y furent construites.
Les juifs travaillèrent alors essentiellement dans le domaine du textile. Avec les célèbres draperos, présentés dans des magasins à l’intérieur et à l’extérieur de la Juderia. Une économie florissante mais qui fut accompagnée de sévères différences de niveau de vie entre les juifs de Saragosse, motivant la création de nombreuses institutions scolaires, sociales et médicales destinées à aider les ouvriers juifs.
Néanmoins, au fil de la première moitié du 14e siècle la situation se détériora pour l’ensemble de la communauté juive, principalement dû aux très fortes taxations et surtout à la Peste noire qui décima la majorité de ses fidèles. La renaissance de la communauté dans la deuxième partie du siècle fut notamment l’oeuvre de la famille Cavalleria. Tout d’abord Don Vidal de la Cavalleria qui fut à la fois un homme d’affaires prospère, proche du royaume et grand érudit. Puis, Judah Benveniste de la Cavalleria qui développa les affaires familiales et dont la maison servit de centre d’études dans les années 1370.
Puis, ce fut Hasdai Crescas (1340-1410) qui repris le flambeau de la direction de la communauté. Un d’homme d’affaires cultivant une belle réussite, il fut surtout connu à Saragosse pour ses grandes connaissances talmudiques et philosophiques. Et bien au-delà, puisqu’après les persécutions de 1391 touchèrent peu Saragosse où le roi maintenait une résidence et assura la protection des juifs, Crescas, qui perdit son fils lors de ces persécutions, organisa depuis Saragosse l’aide aux communautés juives de Navarre touchées par les émeutes. Une rue de Jérusalem a été nommée en 2011 en l’honneur de Hesdai Crescas.
Sources : Encyclopaedia Judaica
La présence juive sur les deux petites iles de l’ensemble des Baléares semble dater de l’époque romaine. La population juive augmenta surtout au 13e siècle, les îles représentant un havre lors des périodes difficiles des 14 et 15e siècles. Servant souvent de point de départ vers l’Italie ou d’autres lieux.
Il existait une Juderia à Ibiza jusqu’au 19e siècle. Une partie du Couvent de San Cristobal fut notamment utilisée comme synagogue. L’ile de Formentera accueillit également une synagogue jusqu’en 1936. En 2017, il y avait encore une soixantaine de foyers juifs à Ibiza.
Lieux très touristiques et très festifs aujourd’hui, les îles accueillent une délégation du mouvement Chabad , qui anime les réceptions de fêtes et distribution de viande cachère.
Sources : Encyclopaedia Judaica, Times of Israel
La présence juive à Avila date au moins du 4e siècle. Une mention a été retrouvée à cette époque. La communauté devint graduellement une des plus grandes de Castille.
A la fin du 11e siècle, un repeuplement de la région s’opéra sur ordre du roi Alphonse VI, incluant des familles séfarades. Une cinquantaine de familles juives habitaient à Avila au 13e siècle, la plupart pratiquent des métiers liés à l’artisanat et le commerce. Une école talmudique vit le jour, que fréquenta notamment Moise de Léon et Yossef de Avila, auteur du livre du Zohar.
Néanmoins, en 1366 ils subirent les attaques d’émeutiers. Soumis à des violences et à de très lourdes taxations, dont certaines documentées dès 1144, la communauté juive restera très présente à Avila, réunissant une centaine de familles au 15e siècle. Ils furent également contraint de se rassembler dans un secteur particulier de la ville, près de la porte Malaventura. Un jardin y commémore aujourd’hui Moise de Léon.
Les juifs vivaient dans différents quartiers de la ville, mais la plupart habitaient entre les actuelles Reves Catolicos et Vallespin. Avila avait plusieurs synagogues situées dans la Calle Reves Catolicos (à l’emplacement de l’actuelle chapelle de Nuestra Senora de las Nieves), dans la Calle del Pocillo et une autre encore dans la Calle de Esteban Domingo . La ville a investi dans la mise en valeur du patrimoine culturel juif, en construisant le Jardin de Sefarad , un jardin commémoratif dans un ancien cimetière en 2013.
Sources : Encyclopaedia Juidaica, redjuderias.org, Times of Israel
La présence juive dans la ville de Béjar semble dater au moins du 12e siècle. Une époque où la communauté fut d’une importance particulière, les juifs représentant à un moment près de 20 % de la population totale.
Un développement qui se poursuivra suite aux violences de 1391 et à la venue conséquente de juifs dans la région. Avec son aljamas, quartier juif de taille où se trouve une synagogue, une yeshiva, un mikvé et d’autres institutions.
Suite à l’Inquisition de 1492, de nombreux juifs durent fuir Béjar, emportant souvent avec eux le souvenir de la ville en changeant de nom de famille en Behar, Bejar ou Berajano…
Le Musée Juif David Melul , nommé ainsi en hommage à un de ses grands contributeurs, se situe dans un immeuble du 15e siècle, jouxtant l’église Sainte Marie. Parmi les objets présentés au musée, on peut trouver la Charte de Béjar, qui organisait la cohabitation entre les différentes cultures. Mais aussi une pierre tombale du Moyen Age et des objets rituels. On y découvre également l’histoire des juifs de Béjar et celle des marranes restés dans la ville.
Sources : Redjuderias.org, Museojudiobejar.com
La présence juive régionale date probablement du 4e siècle. La ville de Monforte de Lemos, au charme médiéval encore très présent, a été fondée au début du 12e siècle et les populations juives participaient à vie active de celle-ci relativement tôt.
La population juive grandit suite aux exils d’autres villes ibériques très touchées par les guerres de conquête religieuse et les persécutions dans le pays. La communauté juive semblait disposer d’une synagogue et d’un mikvé, tout en vivant dans des quartiers mélangés.
Le lieu le plus ancien les ayant accueilli, semble être A Calesa, aujourd’hui nommée Rua Abelardo Baanante , à une centaine de mètres de l’office du tourisme de la ville. Passez ensuite face au château de Monforte pour arriver dans la Rua Falagueira , face à l’ancienne mairie. C’est là que se situe une maison qui abrita probablement la synagogue. Dans cette même rue fut située la maison de la famille Gaibor, connue à l’époque. Vous pouvez vous promener dans cette charmante ville qui garde, par ses maisons et ses histoires transmises de génération en génération, de nombreuses traces du Moyen Âge. Des rues nommées ci-dessus, ainsi que la Rua Pescaderias et la Rua Puerta Nova , dans ces chemins plus circulaires que droits et dont les détours sont récompensés par le tutoiement de l’Histoire.
Sources : Redjuderias.org, London Traveler
La présence juive à Lorca date probablement du 13e siècle. Ils étaient alors partie prenante de la vie active de la ville, participant à son évolution économique et politique, habitant pour une bonne partie d’entre eux dans les alentours du château de Lorca.
Parmi eux, José Rufo, qui fut en charge au 15e siècle de l’entretien et de la défense du château. A cette époque de relative prospérité, ils pratiquèrent différents métiers : éleveurs, céréaliers, collecteurs d’impôts. Moins de 200 juifs vivait alors à Lorca.
Lors de fouilles archéologiques dans le secteur du château en 2002, entreprises pour le développer en Parador de Turismo, de nombreuses traces de l’ancien quartier juif ont été trouvées. Notamment, la synagogue , une des seules à ne pas avoir été transformées en église suite à l’Inquisition et qui possède encore une bimah intacte.
Une reconstitution d’éléments ayant appartenu à la synagogue est exhibée, dont 27 lampes reconstituées à partir de 2600 fragments de verre retrouvés lors des fouilles. Des habitations de l’ancien quartier juif ont également été retrouvées et sont visitables actuellement. Le Musée archéologique municipal possède également de nombreux objets retrouvés, accessibles : menoroth, lampes, céramique…
Sources : Redjuderias.org, Jta.org, Times of Israel
La présence juive à Estella date du 11e siècle, dans ce qui fut une des principales communautés de Navarre. La ville avait été fondée pour protéger le chemin de Saint-Jacques de Compostelle.
Bénéficiant de privilèges par rapport à de nombreuses autres villes espagnoles, les juifs s’y établirent en nombre à partir du 12e siècle, habitant dans la citadelle d’Estella et dans les alentours, comme le quartier d’Elgacena . Ils représentèrent 150 citoyens, participant à la vie sociale et institutionnelle de la ville.
Leur situation se détériora à la fin du 13e siècle et plus particulièrement au début du 14e siècle, suite à la mort du roi en 1328. De nombreux juifs étant assassinés lors d’émeutes et leurs maisons saccagées. La reine Juana II prit des sanctions contre les responsables de ces émeutes.
La communauté se reconstruisit dans la seconde moitié du siècle, avec 85 familles juives présente à Estella en 1366, principalement issues de France et d’Angleterre. Charles II nomma même à l’époque Juda ben Samuel Halevi haut commissaire auprès de la couronne. Leon Horabuena, grand rabbin d’Estella, fut médecin du roi Charles III. Le royaume accueillit d’autres réfugiés juifs fuyant les persécutions environnantes. Néanmoins, suite à l’Inquisition de 1492, ils ne furent plus épargnés.
Le quartier juif, situé aujourd’hui dans la partie la plus ancienne de la ville, est encore visible grâce à des vestiges, à l’image des murs protecteurs du quartier. L’église Santa Maria Jus del Castillo est construite sur l’emplacement de l’ancienne synagogue. Des fouilles archéologiques ont été entreprises à Estella au début du 21e siècle, notamment dans le but de (re)découvrir son patrimoine culturel juif. En 2015, la ville a célébré Hanoukkah pour la première fois, dans un signe de reconnexion avec ce passé, bien que peu de juifs y habitent aujourd’hui.
Sources : Encyclopaedia Judaica, Redjuderias.org, Times of Israel
La présence juive à Calahorra date au moins du 12e siècle, ce qui en fait une des plus anciennes de Castille. Ils y participèrent alors à de nombreuses activités économiques, notamment dans l’immobilier, le commerce et la viticulture. Des documents, dont certains en hébreu, en attestent.
Une cinquantaine de familles habitaient à Calahorra au début du 13e siècle. A la fin de ce siècle, ils étaient au nombre de près de 500 personnes, représentant environ 15 % de la population totale. Bien qu’intégrés socialement et participant à de nombreuses constructions pour le bénéfice de la ville comme les moulins, ils furent soumis à de lourdes taxations en raison de leur appartenance religieuse.
En 1370, un grand nombre de juifs quittèrent les conditions difficiles de la vie locale, notamment à cause des conflits régionaux, leur quartier étant pillé, pour trouver refuge en Navarre, accueillis plus favorablement par la reine Juana. Ils s’y établirent à nouveau par la suite, lorsque les mesures drastiques à leur encontre s’allégèrent, mais pour peu de temps. En 1491, les juifs furent obligés de porter des signes distinctifs. Suite à l’Inquisition de 1492, la synagogue fut transformée en église puis devint le monastère San Sebastian.
Le quartier juif se situait près du château de Calahorra et de l’actuelle église San Francisco. Il était entouré un mur et de plusieurs portes, dont la Puerta de la Juderia , située à l’actuelle jonction entre les rues Cabezo, de los Sastres et Dean Palacios. L’ancienne synagogue se trouvait sur l’emplacement de l’actuelle école Aurelio Prudencio.
Si peu de vestiges du passé juif de Calahorra demeurent, le musée de la Cathédrale conservent des parchemins de la Torah, ainsi que des documents administratifs de contrats immobiliers, parmi lesquels six rédigés en hébreu et datant des 13e et 14e siècles.
Sources : Redjuderias.org, Encyclopaedia Judaica
Ville construite sur les ruines de la cité romaine Saguntum et également appelée Murviedro, Sagunto atteste probablement d’une des plus anciennes traces de la présence juive d’Espagne, datant du 2e siècle. Des plaques en plomb avec des inscriptions hébraïques ont été découvertes sur le château de la ville.
Lors de la conquête de la ville par le roi d’Aragon, la famille Vives reçut une boulangerie en guise de remerciement pour ses efforts pendant le siège. De nombreuses autres personnalités telles Salomon de la Cavalleria et Joseph ibn Saprut servirent également la monarchie. Le quartier juif médiéval était situé entre les rues Segovia et Ramos. En 1321, les juifs furent autorisés à fortifier leur quartier pour se protéger des attaques.
Trouvant refuge dans la forteresse durant les persécutions de 1391, les juifs de Sagunto demeurèrent une des seules communautés de la région suite à celles-ci. Au tournant du siècle, la population juive, estimée à 600, bénéficia d’une relative liberté et protection royale, devenant une des plus grandes du Royaume de Valence. Le développement fut tel, que les juifs représentèrent à un moment près du tiers de la population de Sagunto.
Néanmoins, suite à l’Inquisition de 1492 et les conversions massives, la plupart des juifs quittèrent la vile, principalement pour se réfugier à Oran et Naples. La synagogue se situait probablement au coin des rues Sang Vella et Segovia. Un mur a été conservé.
L’ancien quartier juif est toutefois un des mieux préservés d’Espagne grâce à la protection accordée lors des persécutions de 1391. Son entrée est située au Portalet de la juderia , près du théâtre romain. Cette porte, construite lors des fortifications du quartier, est un des seuls vestiges de la vie juive de cette époque.
Un mikvé a également été retrouvé dans le quartier, auquel on peut avoir accès en descendant quelques marches. Sur une colline proche du château se situe une importante nécropole juive dont certains objets sont exposés au château. Les plaques de plomb mentionnées au début de l’article sont actuellement exposées au Musée historique de la ville .
Sources : Redjuderias.org, Encyclopaedia Judaica, Wikipedia
La présence juive dans la très ancienne ville de Tarazona date au moins du 12e siècle. Si ancienne, qu’elle pourrait même avoir été présente à l’époque romaine.
Cette présence se développa surtout au siècle suivant. La localisation de la ville, jouxtant la Navarre et la Castille, participa à son essor commercial et stratégique.
La communauté juive de Tarazona fut une des plus importantes du royaume d’Aragon, y jouissant de longues périodes de prospérité, avec certaines grandes familles tels les Portella. La figure centrale fut Moshe de Portella, financier auprès du roi d’Aragon et dont une association porte le nom aujourd’hui, faisant des recherches sur le patrimoine culturel juif de la ville.
Cette évolution se matérialisa à tel point, qu’il y avait deux quartiers juifs, l’un précédant l’autre dans le temps. Chacun disposant d’une synagogue. L’ancien quartier se situait entre les rues Rua Alta et Conde. Une rue du quartier porte encore le nom de « rue des Juifs ». On y trouve également la façade subsistante de la synagogue. Le quartier le plus récent se trouvait près de la rue Aires . Un cimetière juif se situait à proximité de ces quartiers.
La situation des juifs de Tarazona évolua quelque peu différemment à la fin du 14e siècle et au début du 15e comparée à celle des autres villes espagnoles. Ils bénéficièrent même d’une protection officielle décrétée par les autorités municipales et une période de prospérité sous Alfonso V et Juan II dans les années 1430 et 1440. Cela avant l’inévitable Inquisition décrétée par le pouvoir central en 1492.
Une soixantaine de documents médiévaux en hébreu ayant été trouvé à Tarazona au tournant du 21e siècle développa les recherches locales. Un festival sur le retour des séfarades à Tarazona fut organisé par la suite.
Sources : Encyclopaedia Judaica, Redjuderias.org, Jta.org
La présence juive à Tui date probablement du début du Moyen Age. Néanmoins, des archives municipales ayant été perdues, les premières traces écrites se référant à cette présence datent du 15e siècle.
Dont certaines qui évoquent des commandes effectuées par une cathédrale à des orfèvres juifs, Abraan et Jago. Les juifs y pratiquèrent une variété d’activités, dont la médecine et le commerce.
Les conflits régionaux et le climat grandissant de l’intolérance qui se manifestèrent au 14e et 15e siècles rendirent cette vie très difficile. La synagogue fut transformée en écurie.
Des documents font référence également à un probable mikvé et une boucherie cachère, qui ont, eux aussi, disparus. Selon des recherches effectuées, l’ancienne synagogue se trouvait dans la Juderia proche des rues Las Monjas et Bispo Castanon qui gardent encore aujourd’hui de nombreuses maisons rappelant le passé médiéval. Dans cette dernière se situe l’ancienne maison du marchand Salomon Caadia. Le manoir Sarmiento-Celeva serait construit sur l’emplacement de la synagogue. La rue Tyde accueillit un nombre non négligeable de juifs à cette époque.
Sur la cathédrale de Tui , on peut trouver l’étonnante gravure d’une menorah. Au Musée diocésain sont exposés des objets liés à ce passé. Parmi eux cinq tableaux évoquant l’Inquisition et ses crimes.
Source : Redjuderias.org
La présence juive dans a ville de Plasencia date probablement de quelques années après la fondation de la ville en 1186 par Alphonse VIII. Ils vécurent principalement dans le quartier de la Mota, autour de la synagogue. Néanmoins, certaines familles s’installèrent dans d’autres quartiers de Plasencia.
Le 13e siècle a connu différents degrés de tolérance. Suite à quelques décennies permettant le développement de la vie juive, les droits furent limités. Les citoyens juifs furent également soumis à des impôts supplémentaires, notamment concernant les contributions au trésor royal. Ils ne constituèrent qu’une cinquantaine de familles à la fin du siècle suivant.
Les persécutons qui s’en suivirent, surtout celles de l’Inquisition de 1492, encouragèrent leur départ.
Il y avait plusieurs synagogues à Plasencia. Une d’entre elles fut transformée en église, nommée Santa Isabel, en référence à la reine. Une autre subit le même sort, devenant l’église San Vicente. Le cimetière juif fut pareillement confisqué.
Des traces de cette vie juive subsistent aujourd’hui à Plasencia. Notamment dans l’ancien quartier juif. Les restes d’une des deux anciennes synagogues se trouvent sous le Parador Nacional de Turismo . Dans ce qui est nommé le « nouveau quartier juif », près de Trujillo et Zapateria, des plaques ont été posées, rappelant le souvenir de familles juives qui y vivaient. L’ancien cimetière juif peut être visité, se situant dans la zone du El Berrocal. De nombreux documents médiévaux ont été retrouvés et étudiés par le professeur Roger Louis Martinez Davila et ses étudiants dans le cadre de recherches menant à une publication.
Sources : Redjuderias.org, Encyclopaedia Judaica, Times of Israel
La présence juive wintzenheimoise semble très ancienne et importante, la ville ayant été le siège d’un rabbinat dès 1808.
Si on retrouve des traces d’une synagogue au 18e siècle, celle qui subsiste aujourd’hui date probablement de 1750 et bénéficia de travaux de restauration en 1828 et 1870.
La synagogue a été classée monument historique en 1995. En 2000, à l’occasion du 250e anniversaire de la synagogue, fut organisée une grande cérémonie. En présence de nombreuses personnalités politiques et religieuses, mais aussi de descendants de juifs wintzenheimois. Cet anniversaire marqua sa ré-inauguration, suite à des travaux effectués sur la toiture, les vitraux et l’intérieur du bâtiment.
Sources : judaisme.sdv.fr
La présence juive westhoffenoise semble très ancienne, comme le témoigne l’existence d’une salle de prières au 17e siècle, datant probablement de 1626. Il y avait alors une centaine de juifs westhoffenois.
Le siècle suivant, la communauté bénéficia d’une synagogue, construite en 1760. Laquelle face au développement de la vie juive s’avéra rapidement trop exiguë, la ville comptant près de 300 juifs à l’époque de la Révolution française.
La décision de la construction d’une nouvelle synagogue fut prise par la mairie en 1860 et celle-ci fut inaugurée en 1868. Néanmoins, la communauté diminua au fil du temps, avec seulement 147 membres au début du 20e siècle.
La synagogue, de style néo-oriental, fut classée monument historique en 1990. Parmi les personnalités originaires de cette ville, on peut citer le Premier ministre du Front populaire Léon Blum et le Premier ministre du Général de Gaulle, Michel Debré.
En 2019, le cimetière juif a subi une profanation d’une centaine de tombes, s’ajoutant malheureusement à une série longue de ce type d’événements criminels. Mais l’ampleur de ce vandalisme suscita une onde de choc en France et renforça la mobilisation nationale face à l’antisémitisme.
Sources : judaisme.sdv.fr, dna.fr
La présence juive semble assez ancienne. Une synagogue accueillit les fidèles au 19e siècle. Elle fut inaugurée en 1827 et restaurée dans les années 1860. A cette époque, Soultz-sous-Forêts jouait un rôle important au sein des institutions religieuses juives.
Néanmoins, elle fut démolie en 1897 afin d’être replacée par une nouvelle synagogue . Saccagée pendant la Shoah, la synagogue a été restaurée après-guerre et réinaugurée en 1962. Mais devenant trop grande pour une population juive diminuée, malgré l’arrivée de juifs d’Afrique du Nord, elle fut divisée en plusieurs parties. Si un oratoire y fut maintenu, on aménagea un espace pour jeune.
Classé monument historique, la synagogue fut à nouveau transformée de l’intérieur pour accueillir le Cercle d’Histoire d’Alsace du Nord. La synagogue est régulièrement ouverte aux visiteurs lors des Journées du patrimoine et des Journées européennes de la culture juive, comme ce fut encore le cas en 2018.
En 2013, des travaux de remise en état ont été effectués au cimetière juif de Soultz-sous-Forêts.
Sources : judaisme.sdv.fr, dna.fr
La présence juive savernoise semble dater du 12e siècle. Néanmoins, sa pérennisation date plutôt du 17e siècle. Un oratoire daterait de ce siècle et aurait été située dans le Judenhof de l’époque. A la veille de la Révolution Française fut construite, dans le même quartier, une synagogue. Elle fut néanmoins victime d’un incendie en 1850.
En 1898 commencèrent officiellement les travaux de construction de la nouvelle synagogue , sous la direction de l’architecte Hannig. De style néo-gothique et oriental, la synagogue fut inaugurée en 1900. Un bâtiment annexe accueillit les activités scolaires et communautaires.
Cette même synagogue qui fut inaugurée par les autorités allemandes en 1900 lorsque celles-ci occupaient la région, fut saccagée pendant la Shoah quarante ans plus tard. Les juifs savernois qui représentaient plus de 200 personnes, furent chassés et arrêtés et 32 d’entre eux furent assassinés. 13 Stolpersteine, « pierres trébuchantes » de mémoire ont été posées le 4 avril 2022 afin de rendre hommage aux victimes de la Shoah.
Une reconstruction fut entreprise après la guerre. Sa ré-inauguration se déroula le 3 septembre 1950. Malgré le déclin graduel de la communauté, de nombreuses initiatives permirent de maintenir une certaine activité. En 2001, elle était constituée d’une quarantaine de personnes. Une cérémonie se déroula en 2021, accompagnée de la publication d’une brochure, afin de célébrer les 120 ans de la synagogue.
Sources : judaisme.sdv.fr
La présence juive guebwilleroise date au moins du 13e siècle. Une dizaine de familles y vivaient. Ce qui encouragea l’inauguration d’une synagogue au début du 14e siècle.
Néanmoins, suite aux persécutions de 1349, cette communauté cessa d’exister. A l’image d’autres villes de la région au fil des siècles suivants, leur présence fut très limitée et réservée généralement au commerce diurne.
Suite à l’émancipation des juifs de France lors de la Révolution, Guebwiller attira des familles juives, lesquelles étaient au nombre de 40 à cette époque, puis de 80 familles à la veille de la guerre de 1870. Conçue par Hartmann dans un style romano-byzantin, une synagogue fut inaugurée en 1872. Détruite en partie par les nazis pendant la Shoah, la synagogue a été restaurée en 1957. Appartenant aujourd’hui à une association, elle fut inscrite aux monuments historiques en 1984. Des travaux ont été entrepris en 2022.
Sources : Encyclopaedia Judaica, judaisme.sdv.fr, leparisien.fr
La présence juive bischwilleroise date au moins du 14e siècle, puisque lors des persécutions de 1349, des références à celles commises dans la ville furent retrouvées. Comme dans de nombreuses autres villes de la région les siècles suivants, les juifs furent autorisés à y séjourner en journée dans le cadre de certaines activités économiques, mais pas à y résider.
Ainsi, il faudra attendre les conséquences de l’émancipation des juifs sur le territoire national lors de la Révolution française pour les voir s’installer dans la ville. La révolution industrielle permettant à la ville de s’ouvrir également, des familles juives s’installèrent au début du 19e siècle, mais leur présence évolua lentement. En 1826, 17 juifs y habitent. Ils seront moins de 100 en 1851, la plupart étant originaires d’autres villes de la région. Les juifs bischwillerois participèrent activement au développement économique de la ville. Notamment dans la fabrication de draps avec Maurice Blin, connu pour leur qualité (comme en témoigna la médaille d’argent obtenue à l’exposition universelle de 1867) et dont l’usine permit jusqu’en 1976 de fournir de nombreux emplois dans la région.
Le développement démographique s’accéléra dans les années 1850, atteignant 246 juifs en 1866. Cette évolution favorisa en 1856 la décision de construire une synagogue. Un cimetière juif fut mis à la disposition en 1857. Un an plus tard fut entreprise la construction de la synagogue, à l’angle de la rue Leclerc et de la rue des Menuisiers.
Détruite pendant la Shoah, une plaque a été posée en 1997 sur l’immeuble où se trouvait la synagogue. La Shoah fit 37 victimes parmi les juifs bischwillerois. Une reconstruction de la communauté vit le jour après la guerre. Ce qui permit à une nouvelle synagogue d’être inaugurée en 1959. Il y avait à l’époque une soixantaine de juifs à Bischwiller, mais ce nombre baissa à quelques familles au tournant du siècle. Rachetée par la mairie en 2009, la synagogue a été transformée en Espace Harmonie trois ans plus tard. En 2015, une plaque commémorative a été posée sur le bâtiment.
Sources : judaisme.sdv.fr, dna.fr
La présence juive mulhousienne est ancienne, datant probablement au moins du 13e siècle, mais suite aux massacres et expulsions, elle ne se pérennisa qu’à partir de la fin du 18e siècle. Il semble y avoir eu deux synagogues au Moyen Âge, mais les quelques juifs autorisés à y résider quittèrent la ville au fil des 15e et 16e siècles.
Lorsque Mulhouse avait le statut de République Suisse (1515-1798), les juifs et catholiques furent interdits d’y résider. Avant la Révolution française et ses conséquences pour l’émancipation des juifs de France et le rattachement de Mulhouse, les juifs furent contraints d’habiter les villages environnants. Principalement ceux de Pfastatt, Rixheim, Dornach, Zillisheim, Habsheim et Streinbrunn-le-Haut.
Graduellement donc, les limitations professionnelles et citoyennes sont levées, permettant une diversification des métiers et de lieux de résidence, à l’intérieur des villes dont celle de Mulhouse. Les juifs contribuent largement au développement économique de la ville, notamment dans le tissage, à l’image de Raphaël Dreyfus, le père du célèbre capitaine. La population juive passe de 165 en 1808, à 2132 en 1890.
Une synagogue est construite de 1847 à 1849 par l’architecte Jean-Baptiste Schacre, dans un style néo-classique. Parmi les grandes figures rabbiniques de cette époque, Samuel Dreyfus, premier élève diplôme de l’École Centrale Rabbinique de France. Sous son impulsion fut construite la synagogue, mais aussi l’École Israélite des Arts et Métiers et l’Hôpital Israélite. Suite à la défaite de 1870, de nombreux juifs, à l’image d’autres mulhousiens, choisiront de quitter la ville afin de rester français.
Alfred Dreyfus est né à Mulhouse en 1859. La ville joua un rôle important dans l’Affaire, certains des partisans et opposants majeurs en étant originaires. La ville connut donc de grandes tensions lors de l’Affaire. Bien plus tard, suite à la réhabilitation du Capitaine Dreyfus, la ville nommera une rue hommage à son courage.
Suite à la Première Guerre mondiale, la communauté retrouvera sa stature. En grande partie grâce aux deux rabbins emblématiques Jacob Kaplan et René Hirschler. Jacob Kaplan officiera à Mulhouse de 1921 à 1928, avant de devenir Grand-rabbin de France. Il permit à la communauté de se développer, notamment d’un point de vue associatif dans le social et pour la jeunesse, avec la création d’une branche des Éclaireurs Israélites en 1928, la deuxième après celle de Paris.
Âgé d’à peine 23 ans, René Hirschler lui succède. Il favorise le développement des mouvements de jeunesse et l’harmonie entre différents courants. Il accorde également une grande place aux femmes et à la célébration de la bat mitsvah. En 1930, le rabbin Hirschler crée avec Simone Lévy, qui deviendra sa femme, la revue de pensée juive Kadimah. Dès 1933, René Hirschler milite activement pour l’accueil des réfugiés juifs d’Allemagne, organisant leur accueil et intégration. Un centre communautaire ouvrira en 1938. Très actifs pendant la Shoah pour venir en aide aux populations juives dispersées et traquées, René et Simone Hirschler sont capturés, déportés et assassinés. Une plaque commémorative a été posée sur la synagogue de Mulhouse en 2016, en présence de leurs descendants.
La Shoah fit de nombreuses victimes à Mulhouse. Les occupants vidèrent la synagogue. A l’occasion de son centenaire, elle fut reconstruite sous la direction d’une commission nommée pour cela et dirigée par Gaston Weill. Une grande célébration s’y déroula en 1950, en présence de Jacob Kaplan et d’autres rabbins de la région, ainsi que des représentants politiques, religieux et militaires. L’arrivée des juifs d’Afrique du Nord dans les années 1960 permet à la communauté mulhousienne de trouver un second souffle.
Un ancien cimetière juif se trouvait à l’emplacement du parc Salvator. Les juifs y étaient enterrés de 1830 à 1890. Avant cela, le cimetière de Jungholtz et d’autres de la région étaient utilisés. A la fin du 19e siècle, les tombes furent transférées au nouveau cimetière juif .
Sources : judaisme.sdv.fr, dna.fr
La présence juive à Sélestat semble dater du 14e siècle, marquée notamment par la présence d’une synagogue rue des Clefs. Détruite en 1470, un immeuble fut acquis par la communauté rue Sainte-Barbe pour y établir une nouvelle synagogue.
Expulsés à plusieurs reprises du 14e au 17e siècles, les juifs furent autorisés à participer en journées aux foires et marchés. La Révolution Française et l’émancipation des juifs en tant que citoyen motiva une installation dans les villes à un rythme relatif. Ainsi, seules six familles juives vivaient à Sélestat en 1814, puis une vingtaine en 1836. Cette année-là une nouvelle synagogue fut construite dans un immeuble jouxtant la précédente.
Le développement de la communauté juive dans la deuxième moitié du 19e siècle encouragea la construction d’une synagogue en 1890 d’après les plans de Jean-Jacques Stamm et Antoine Ringeisen. D’inspiration romane à l’extérieur, sa décoration intérieure est assez modeste. Elle disposait d’un mikvé. Pendant la Shoah elle fut profanée par les occupants. La synagogue fut restaurée dans les années 1950 grâce à des aides du ministère de la Reconstruction.
Le cimetière juif de Sélestat date de 1622 et fut fondé par les juifs de la ville et de celles de la région. En 1948 y fut érigé un Mémorial de la Déportation. Le cimetière a été classé monument historique en 1995. 4000 tombes y ont été identifiées. Des visites sont organisées, notamment lors des Journées européennes de la culture juive, comme ce fut le cas encore en 2021.
Sources : judaisme.sdv.fr dna.fr
En 1905, un marchand de bois vendit son terrain, sur lequel fut construite une synagogue. Il y a avait alors 36 juifs à Schirmeck, 23 à La Broque et 19 à Wisches. La synagogue permit donc aux habitants juifs de Schirmeck et des villages environnants de bénéficier d’un lieu de culte, pour une communauté formée de 79 personnes.
Le cimetière de Schirmeck a été ouvert à la communauté juive en 1895. Auparavant, les juifs furent enterrés au cimetière de Rosenwiller. La partie juive du cimetière de Schirmeck renferme 54 tombes. La dernière inhumation s’y déroula en 1979.
Pendant la Shoah, la synagogue fut saccagée. La réouverture officielle se déroula en 1946. Le nombre déclinant de membres occasionna la fermeture de la synagogue à la fin des années 1970, le lieu ne recevant plus que des colonies de vacances. Des travaux de restauration ont été entrepris 2006 concernant les façades et la toiture. Puis, ayant fait partie en 2021 des lauréats du prix « Engagés pour le patrimoine », la restauration déjà mise en place par un comité de soutien, reçut un soutien important de la Fondation du patrimoine.
Les travaux effectués en 2022, permirent l’installation d’un plafond en bois, des murs intérieurs et une sortie de secours. Jacques Ruch, président de l’association des Amis de la synagogue de Schirmeck, reçut un appel en 2016 d’un homme dont le grand-père avait été rabbin et libéra la ville avec les troupes américaines. Il lui déclara que la Torah qui se trouvait à l’époque dans la synagogue avait disparu et se trouvait actuellement en Israël. Cette Torah retrouvera sa place au sein de la synagogue de Schirmeck lors des Journées européennes de la culture juive, marquant aussi la réouverture du lieu.
Sources : judaisme.sdv.fr, dna.fr, france3-regions
La présence juive à Rosheim semble assez limitée au Moyen Âge, mais attestée à partir du début du 13e siècle.
Les expulsions, guerres et famines empêchèrent la pérennisation d’une vie juive. Mais un personnage marqua l’histoire, Josel de Roheim. Cet avocat et figure représentative, se battit contre l’antisémitisme et en faveur de l’amélioration de la condition des juifs.
La pérennisation de la vie juive débuta à la fin du 17e siècle, lorsque Rosheim compta 16 familles juives. Les juifs furent autorisés à pratiquer certains métiers que les chrétiens ne désiraient pas tel le commerce de vieux métaux et habits. Puis, il pratiquèrent celui du commerce de chevaux.
A la veille de la Révolution Française, 53 familles juives habitent à Rosheim. A cette époque Lehmann Netter rédigea un manuscrit où il décrivit la vie communautaire : les métiers pratiqués par les hommes, les activités sociales des femmes, le grand nombre d’étudiants rabbiniques, mais aussi les informations civiles de chacune de ces familles.
N’ayant plus de synagogue suite à un incendie, les juifs de Rosheim prièrent pendant le 18e siècle dans des oratoires. Une synagogue fut inaugurée en 1835, puis remplacée par une autre, de style néo-romane, en 1882.
Signe de l’amélioration de la condition des juifs à Rosheim, Aron Blum fut élu maire en 1852. La défaite de 1870 fit partir de nombreux juifs souhaitant rester français. La population juive qui avait atteint l’apogée à cette époque avec 310 personnes, déclina graduellement, atteignant 69 personnes en 1936. La Shoah fit de nombreuses victimes parmi les juifs encore présents.
Ainsi, en 1953, il n’y avait plus que 29 juifs à Rosheim. La synagogue a été ré-inaugurée en 1959 mais n’est plus en fonction. Sa façade est restée intacte, mais l’intérieur a été transformé en chambres d’hôtes.
Sources : judaisme.sdv.fr, dna.fr
La présence juive à Wurtzbourg date au moins du 11e siècle.
Victimes de répercutions suite aux Croisades du 12e siècle, la population juive augmenta le siècle suivant, notamment grâce à l’arrivée de juifs des villes environnantes telles Augsbourg, Nuremberg et Rothenbourg. La communauté dispose à cette époque d’une synagogue et une école.
A cette époque, le développement de la communauté va de pair avec la renommée de ses yeshivot et les éminents rabbins qui en sont issus. Néanmoins, en 1298, elle fut détruite lors des massacres de Rintfleisch, causant la mort de 900 juifs dans la ville.
Au 14e siècle, les juifs se réinstallèrent à Wurtzbourg, protégé un temps des accusations de crimes rituels et de la colère de la foule par l’évêque. Mais en 1349, les persécutions causèrent la mort d’un grand nombre d’entre eux, les survivants fuyant dans d’autres villes allemandes.
Le 15e siècle fut plus paisible, la communauté pouvant s’y reconstituer. Une synagogue fut construite en 1446. Les persécutions reprirent le siècle suivant et ce n’est qu’au 19e siècle que la vie juive s’y matérialisa à nouveau.
Une synagogue fut inaugurée en 1841, dirigée par le rabbin Seligman Baer Bamberger pendant quarante ans. Connu pour sa yeshiva, il le fut tout autant pour son école de formation des enseignants, laquelle assura le suivi de centaines de professeurs d’études juives. Le développement de la communauté à cette époque permit au nombre de personnes juives d’atteindre les 2600 en 1925.
Suite à la montée du nazisme, de nombreux juifs s’enfuirent et la synagogue fut détruite pendant la Nuit de Crystal. La majorité des juifs furent assassinés pendant la Shoah. Très peu de juifs retournèrent après. Une autre fut inaugurée en 1970. Lors de travaux immobiliers effectués au milieu des années 1980, 1508 stèles et tombes juives furent découvertes, datant du Moyen Age.
La communauté fut renforcée par la venue de juifs de Russie. En 2006, le centre communautaire Shalom Europa ouvrit ses portes. Il expose notamment certaines tombes juives du Moyen Age trouvées dans les années 1980. Il présente également l’histoire la vie juive de Wurtzbourg depuis 900 ans et sa diversité.
Un ancien cimetière juif peut également être visité. En 2020 a été installé à la gare centrale d’où étaient déportés les juifs un mémorial de la Shoah . Il a été créé par l’artiste Matthias Braun. On y voit notamment de nombreuses valises, symbolisant ces départs.
La présence juive à Rothenburg date au moins du 12e siècle. La première mention de cette présence date de 1180. Et l’établissement d’une communauté du siècle suivant, vers 1241, lorsque celle-ci fut invité à payer une taxe particulière.
A cette époque, le rabbin Meïr s’installe dans la ville, suivi par de nombreux élèves. Connu sous le nom de Maharam, il est considéré comme un des plus grands talmudistes de son époque. Un succès qui permet à sa yeshiva , située sur la Kapellenplatz, et la ville de Rothenbourg de devenir un lieu important des études religieuses. Une plaque évoque le lieu de l’ancienne yeshiva. Ce quartier accueillit à l’époque la plupart des juifs de la ville. Un ancien cimetière juif se trouvait non loin.
En 1298, lors des persécutions de Rintfleisch, la majorité des juifs sont assassinés. Un retour des juifs s’effectua timidement au 14e siècle, comme le montre la présence d’une Judengasse dès 1371 où juifs et chrétiens cohabitaient paisiblement.
C’est d’ailleurs une des plus anciennes rues de ce type en Europe. Mais ils furent à nouveau victimes de terribles persécutions en 1349. Aux 15e et 16e siècles, les juifs furent tour à tour protégés et persécutés, selon le bon vouloir des autorités politiques et religieuses.
Ce n’est qu’à la fin du 19e siècle qu’une communauté juive put s’établir de manière pérenne, mais elle ne dépassa pas 100 membres de cette époque à 1933. Suite à la prise de pouvoir par les nazis, on note une absence de vie juive dans cette ville.
Le Musée de la ville expose des objets rituels et des tombes juives du Moyen Age. A voir entre autres, des inscriptions hébraïques sur pierre relatant le pogrom de 1298 et une menorah. Un mikvé du Moyen Age se trouve au 10 Judengasse, mais n’est pas accessible au public.
La présence juive à Ratisbonne (Regensburg) est très ancienne, datant du Moyen-Age, probablement aux alentours de l’an 981.
Un quartier juif y exista depuis le 11e siècle. Au 12e siècle ils acquièrent plus de libertés, notamment dans la vie active. En 1210 démarra la construction d’une synagogue ainsi que l’obtention par achat d’une terre pour un cimetière juif. La synagogue fut inaugurée quelques années plus tard, pouvant accueillir près de 300 fidèles. La ville devint rapidement un centre important de la vie juive, grâce à ses yeshivot. Il y avait également un mikvé au service de la communauté.
Ce développement et la liberté qui l’accompagne et le motive, déclina à partir du 14e siècle. Les juifs subirent des impôts particulièrement lourds et leur domaine d’activité fut limité. Pressions financières et religieuses, les quelques 600 juifs finirent par être expulsés en 1519. La synagogue fut rasée et les pierres tombales du cimetière juif utilisées pour des travaux immobiliers.
Au 17e siècle, les juifs commencèrent à retourner dans la ville en petit nombre. Des personnalités juives participèrent au développement intellectuel et économique de la région. En 1753, Isaac Alexander fut le premier rabbin nommé officiellement, officiant dans un immeuble baroque servant de synagogue . Un nouveau cimetière juif fut acheté en 1822 et une synagogue construite vingt ans plus tard, avec une salle en bas pour les hommes et un balcon pour les femmes.
A son apogée, la communauté juive fut composée de 635 personnes en 1880. Néanmoins, le mauvais état des murs força la fin de l’utilisation de cette synagogue en au tournant du siècle. Un mikvé du 19e siècle a été retrouvé suite à des fouilles archéologiques et se trouve aujourd’hui dans une résidence privée.
Au début du 20e siècle la population juive déclina, ce qui se poursuivit bien entendu lors de la prise de pouvoir par les nazis en 1933. Ainsi, sur les 81106 habitants de la ville, seuls 427 sont juifs. Néanmoins, la ville culturelle et religieuse s’y maintenait. La Judischer Kulturbund comptait 200 membres et organisa de nombreux événements dans la ville.
Jusqu’en 1937, la communauté fonctionnait avec une synagogue, une école, des associations sociales et culturelles et une bibliothèque, luttant en parallèle contre les mesures anti-juives qui s’accumulaient avec le temps.
La synagogue, une structure moderne accueillant 500 fidèles et inaugurée en 1912, fut brûlée en 1938, une année qui vit la fuite de 268 juifs. La Nuit de Crystal fit de nombreuses victimes juives, ainsi que les déportations qui suivirent, notamment celle de 1942 avec 106 juifs envoyés en camp d’extermination.
La communauté connut une timide renaissance après la guerre avec la construction d’un centre culturel en 1969, sa population atteignant 140 personnes lors d’un recensement un an plus tard. Un chiffre qui augmenta fortement, atteignant 1000 personnes au tournant du 21e siècle, grâce en grande partie à l’arrivée de juifs de l’ex-URSS.
Des fouilles archéologiques effectuées dans les années 1990 près de la Neupfarrplatz, où était situé l’ancien quartier juif , ont permis de découvrir de nombreuses ruines de bâtiments du Moyen Age, dont certains liés à l’histoire juive du quartier.
En 2013, des citoyens de Ratisbonne, la plupart n’étant pas de confession juive, se mobilisent pour reconstruire la synagogue sur le lieu de l’ancienne. Suite à de nombreux efforts des autorités locales et régionales et de contributions privées, ce projet se concrétisa en 2019, remplaçant les quelques petits lieux faisant office.
Des marranes fuyant l’Inquisition se sont installés à Hambourg à la fin du 16e siècle. Ils participèrent rapidement à la vie active de la ville, s’illustrant dans de nombreuses professions liées à l’économie de la ville : construction portuaire, banque, tisserands, importations de sucre et de tabac… Mais aussi l’impression de livres en hébreu. La communauté sépharade avait trois synagogues au 17e siècle.
Peu de temps après l’établissement du judaïsme sépharade à Hambourg, une communauté ashkénaze vit le jour au début du 17e siècle. Celle-ci fut renforcée par l’arrivée de juifs de l’Est, fuyant les persécutions. En 1671, les trois congrégations de Hambourg, Altona et Wandsbek s’unirent.
Au début du 19e siècle, près de 6500 juifs habitent à Hambourg. L’activité politique de Gabriel Riesser permit aux juifs d’obtenir la citoyenneté en 1850. Une grande activité culturelle s’y développa, avec notamment l’historien de l’art Aby Warburg et le philosophe Ernst Cassirer. Des centaines de livres en hébreu furent publiés entre le 17e et le 19e siècles. Une des premières synagogues libérales fut construite à Hambourg en 1844, mêlant un style gothique et mauresque. Les ruines de cette synagogue sont aujourd’hui visibles.
La communauté juive devint au tournant du 20e siècle une des plus importantes d’Allemagne, avec près de 20000 juifs. Suite à la prise de pouvoir par le régime nazi, des milliers de juifs prirent la fuite. Près de 9000 juifs hambourgeois furent assassinés pendant la Shoah.
Au lendemain de la guerre, une petite communauté constituée des centaines de juifs survivants vit le jour. Jusqu’à la fin des années 1980, le nombre de juifs hambourgeois oscilla entre 1000 et 2000. L’arrivée de juifs d’Iran et de l’ex-URSS renforça la communauté. En 2020 a été décidé la reconstruction de la synagogue Bornplatz . On compte en 2022 près de 2500 juifs hambourgeois.
Le cimetière juif d’Altona est un des plus anciens d’Europe du Nord, avec d’anciennes tombes ashkénazes et sépharades. Egalement à visiter le cimetière juif d’Ohlsdorf avec de nombreuses tombes de soldats.