Roumanie / Moldavie roumaine

Buhuşi

Buhusi. Photo de Arsene Stefan – Wikipedia

La présence juive dans la ville moldave de Buhuşi (Bohush en Yiddish) date de 1823. En 1831, on comptait 32 juifs dans la ville ; 537 en 1858, pour atteindre 1732 en 1899, soit 48% de la population totale de la ville. Le nombre diminue ensuite jusqu’à la Première Guerre mondiale à cause de l’émigration (892 en 1910), puis remonte progressivement : 1419 en 1915, 1972 en 1930, 1878 en 1941.

La plupart des juifs travaillait dans l’industrie du textile. On comptait également des artisans et des commerçants. Une école communautaire ouvre ses portes en 1892. À la fin du XIXe siècle, la ville accueille quatre synagogues, et le mouvement sioniste est de plus en plus actif.

Notons que Buhuşi était le centre hassidique le plus important du royaume de Roumanie avant la Première Guerre mondiale. Le tsadik Yitshak ben Shalom Yosef Friedman (1834-1896), de la dynastie Ruzhin-Sadagora, établit son tribunal rabbinique à Buhuşi en 1860. La dynastie continue avec Yisra’el Shalom Friedman (1856-1923), président de la communauté juive roumaine en Palestine.

Buhusher khusid, une mélodie moldave

La très célèbre mélodie klezmer « Buhusher khusid » fait référence aux traditions des hassids de Buhuşi -d’où son titre. Elle fut composée en 1916 par Joseph Moskowitz. Vous pouvez en écoutez une version en cliquant sur ce lien.

En 1908, une yeshiva est fondée par celui qui sera le dernier rabbin de la ville, Menahem Mendel Friedman. Il fut également membre du conseil municipal en 1922, ce qui en dit long sur l’importance de la communauté dans la ville. La yeshiva fonctionnera jusqu’à sa fermeture par les autorités en 1940.

Les juifs sont victimes de persécutions déjà dans la période de l’entre-deux-guerres. En 1929, des tracts antisémites sont distribués dans la ville. En 1937, les juifs sont agressés et découragés de participer aux élections.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, la plupart des bâtiments appartenant à la communauté sont confisqués. La synagogue et la maison du rabbin sont occupées par l’armée roumaine, et réduites à l’état de ruines. En 1941, les juifs des villages adjacents (Rediu, Roznov, Tazlău, Cândeşti, et Borleşti) sont déportés à Buhuşi. Les juifs de la ville devaient les abriter chez eux. Le rabbin Menahem Mendel Friedman, malade et devant subir une opération à Bucharest, est empêché de quitter la ville par les autorités. Il y meurt en 1943.

Pendant la guerre, les juifs sont réquisitionnés pour les travaux forcés. Après 1944, ceux qui avaient été forcés de s’installer à Buhuşi finissent par s’y établir. En 1947, la population juive s’élève à 2000 personnes. Ce nombre va en s’amenuisant, au vue de l’émigration massive vers Israël. Yitshak ben Shalom Yosef Friedman, le dernier neveu du rabbin, s’établit à Bucharest et prend le nom de Bohush Rebbe. Il immigre en Israël en 1951, et transfère le tribunal rabbinique à Bnei Brak. Les hassids visitent toujours aujourd’hui la synagogue de Buhuşi, et les tombes des rabbins de la dynastie dans le cimetière juif. La visite de ce cimetière est vivement recommandée, on peut en effet y observer des exemples magnifiques de décorations de pierres tombales. La synagogue est également ornée de fresques admirables, restaurées en 2012. En 2005, 5 juifs vivaient à Buhuşi.


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