Slovaquie / Bratislava et ses environs

Bratislava

Portrait du Hatam Sofer
Portrait du Hatam Sofer

La capitale de la Slovaquie, grande ville de plus de 500000 habitants, se dresse au bord du Danube, non loin des frontières hongroises et autrichiennes. Si des juifs y vivent sans doute depuis l’époque romaine, les premières mentions d’une communauté remontent à la seconde moitié du XIIIe siècle.

Les juifs de Bratislava ont été plusieurs fois expulsés de la ville, notamment en 1360 et en 1526. Au début du XVIIIe siècle, 120 familles juives sont recensées dans la ville. La communauté commence à s’accroître à cette époque, notamment avec l’afflux de nombreux juifs venus de Moravie. La ville devient même un des centres du judaïsme européen avec le rabbin Hatam Sofer (1762-1839). À la toute fin du XIXe siècle, de nombreux juifs arrivent des villages de la Slovaquie orientale. Plus de 15000 juifs vivent dans la ville à la veille de la Seconde Guerre mondiale. De nombreux bâtiments de la Bratislava juive ont été détruits pendant la guerre, et lors des grands travaux d’urbanisme de l’époque socialiste.

La Grande Synagogue orthodoxe, construite en style oriental en 1863 dans la rue Zamoska, a été en grande partie détruite en 1945. Les restes de l’édifice ont été rasés en 1980. La grande et belle synagogue réformiste de style mauresque qui faisait partie du paysage de la ville, près de l’actuelle rue Paulinyho, a été abattue en 1970 pour faire place à un parking et un pont échangeur. La Zidovska ulica, la

Synagogue orthodoxe de la rue Zamoska
Synagogue orthodoxe de la rue Zamoska

rue des juifs, s’étendait entre les murs de la ville et le château. Plusieurs incendies (en 1913, par exemple) détruisirent de nombreuses maisons des XVIIe et XVIIIe siècles : les dernières ont été rasées après 1945. Dans l’un des rares édifices préservés a été installé le Musée juif. Longtemps privée de leader spirituel, la petite  communauté de Bratislava (à peine 1000 personnes) est animée, depuis la chute du communisme, par le rabbin Baruch Myers, formé à Brooklyn auprès du mouvement ultra-orthodoxe Loubavitch. Il existe aussi un institut d’Études juives où l’on peut trouver de nombreuses informations sur le judaïsme slovaque.

Le Musée juif est une section du Musée national slovaque. Il est logé depuis 1991 dans un hôtel particulier fin Renaissance, plusieurs fois réaménagé après les incendies qui ravagèrent la rue aux XVIIe et XVIIIe siècles. Les collections du Musée juif de la ville de Presov y ont été transportées. On peut y admirer de nombreux objets de culte et de très intéressants ouvrages, dont ceux de la bibliothèque du rabbin Hatam Sofer. Les salles du musée illustrent la vie des juifs slovaques pendant les cinq derniers siècles et célèbrent les personnalités marquantes de la communauté. L’exposition permanente s’achève sur une commémoration des victimes de la Shoah.

Une seule  synagogue s’élève encore à Bratislava. C’est un bâtiment austère mais élégant au style orientalisant, construit en 1923 pour les juifs orthodoxes par l’architecte Arthur Szalatnai-Slatinski. Elle fonctionne le shabbat, mais aussi en semaine, avec des offices le lundi et le jeudi matin.

Mausolée du Hatam Sofer, photographiée par Akos Stiller pour le New York Times
Mausolée du Hatam Sofer, photographiée par Akos Stiller pour le New York Times

Le monument le plus émouvant et le plus chargé d’émotion est le  mausolée du rabbin Hatam Soferau lieu-dit Vajanskeho Nabrezie. Dans une grande crypte souterraine, sous une autoroute, s’élève une tombe qui reste l’un des grand lieu de pèlerinage du judaïsme orthodoxe en Europe centrale. Le rabbin Moshe Schreibern surnommé Hatam Sofer pour sa grande sagesse et pour ses interprétations pénétrantes de la Loi, a été l’un des principaux chefs de file du judaïsme orthodoxe prémoderne. L’ensemble, vingt trois tombes et quarante et une pierres tombales, est le dernier vestige d’un cimetière juif en fonction jusqu’au milieu du XIXe siècle, qui a été rasé pendant la guerre.

Non loin du mausolée, à 200 mètres vers le haut de la colline (entrée rue Zizkova) s’étend le cimetière juif orthodoxe construit en 1846 et toujours en fonction. Sur les 7000 pierres tombales de ce lieu de repos, des centaines proviennent de cimetières plus anciens.