Cette petite communauté, de 100 à 300 personnes, fut « découverte» en 1920 par l’ingénieur Schwarz. Les Marranes de Belmonte, court-métrage de Frédéric Brenner, en révéla l’existence au monde entier dans les années 1980.
Les juifs de Belmonte sont parmi les derniers à pouvoir nous rappeler quelle fut l’existence précaire des juifs traqués par une Inquisition et une Église toutes-puissantes. Ils vécurent sans rabbins, sans synagogue et sans livres. La transmission, exclusivement orale, se faisait par les femmes, qui décidaient du moment où elles jugeaient leurs enfants capables d’apprendre leur appartenance à la communauté. Sur le plan social, ils participaient à la vie catholique du village : baptêmes, mariages et enterrements.
En fait, le reste de la population, et en particulier le curé du village, était probablement plus au moins au courant de leurs pratiques secrètes. Les rites, réduits à leur plus simple expression, consistaient à inclure des mots hébreux ou quelques personnages emblématiques (Adonaï, la reine Esther…), dans des prières en portugais, à allumer de façon discrète une lumière le vendredi soir, à jeûner très souvent et à cuire les pains azymes de la Pâque.
Les prières étaient récitées soit à la maison, toutes fenêtres fermées, soit dans les bois ou au bord d’une rivière. Après un difficile retour au judaïsme favorisé par les autorités israéliennes, la communauté de Belmonte, raffermie par la construction d’une synagogue offerte par un mécène, M. Azoulay, semble avoir repris une vie communautaire normale.
Ces dernières années, la culture juive revit à Belmonte. La synagogue accueille des offices les soirs d’été, et les shabbats et fête tout au long de l’année. En 2005, un mikveh et un musée juif ont également ouvert. Le musée a été rénové en 2016, et a réouvert en 2017 avec une nouvelle exposition permanente consacrée à la vie juive locale.
Juif, synonyme de Portugais
La diaspora judéo-portugaise a une histoire brillante. Deux symboles l’illustrent. La communauté d’Amsterdam construit une grandiose synagogue en 1666, et les œuvres de ses membres immortalisent son éclat: Menasseh ben Israel, élevé dans la foi chrétienne sous le nom de Manuel Dias, rédige, en 1650, Esperanca de Israel ; Isaac Aboab de Fonseca se rend au Brésil pour établir une communauté à Recife entre 1645 et 1654 ; enfin, le philosophe Baruch Spinoza échafaude un système philosophique des plus avancés. L’histoire remarquable de la « Senhora», Dona Gracia Nassi, veuve d’un banquier, est tout aussi emblématique: elle s’installe à Anvers, puis en Italie et, enfin, à Constantinople où elle développe ses affaires et devint la protectrice de nombreuses institutions charitables, fondant même une communauté de juifs portugais et espagnols à Tibériade, en Palestine, retrouvant ainsi l’espérance du retour à Sion. À cette époque, les juifs portugais sont présents dans toute l’Europe. Juif est alors souvent synonyme de portugais…