La terrifiante guerre menée contre l’Ukraine change, bien entendu, la fonction de ces pages consacrées au patrimoine culturel juif de ce pays. Une grande partie des lieux mentionnés ont été rasés par les bombes. Si ces pages ukrainiennes n’ont pas actuellement de vocation touristique, elles pourront peut-être servir à des chercheurs et étudiants comme références historiques. Références à tant d’histoires douloureuses lors des pogroms et de la Shoah mais aussi heureuses du judaïsme ukrainien, dans ses dimensions culturelle, cultuelle et sioniste. En souhaitant au peuple ukrainien une fin rapide à ces atrocités dont il est victime.
Fondée en 1594 par le voïvode Stanislaw Zolkiewski, Zolkiew fut construite, comme d’autres villes polonaises, selon la représentation de la « ville idéale » de la Renaissance, importée par le théoricien Pietro Cattanneo.
La ville s’agence régulièrement autour de la vaste rynek (« place centrale »), d’où l’on découvre le château, qui fut au XVIIe siècle la résidence du roi de Pologne Jan Sobieski, la cathédrale catholique, majestueuse, l’église uniate et, à peine cachée derrière, l’ancienne porte qui s’appelait Zydowska brama, la magnifique synagogue, monument historique du XVIIe siècle, élevée entre 1696 et 1700 avec le soutien financier du roi Jan III Sobieski lui-même, qui mit à disposition son architecte personnel Piotr Bebra.
Les vestiges de la synagogue de Zolkiew
La synagogue de Zolkiew, qui n’a pas été détruite par les nazis malgré leurs tentatives de dynamitage, est à l’extérieur relativement bien conservée, même si les vitres sont brisées, le toit abîmé, et si l’on peut craindre le pire pour l’avenir (en ruines au milieu de la ville, elle ne se visite pas).
Chef-d’œuvre de la Renaissance, elle était l’une des plus belles et plus grandes synagogues de Pologne et est indéniablement aujourd’hui la plus belle de toute l’Ukraine. Sa façade, peinte en rose, un peu décolorée, est ornée de trois portails en bas-relief délimitant trois nefs, et son toi est aussi sculpté que celui d’une cathédrale.
À l’intérieur, il ne reste que les lourdes colonnes supportant le toit, aucune décoration sur les murs, et le sol est jonché de gravats. Bien qu’officiellement sous la protection des Monuments historiques de la ville, trop peu est fait pour maintenir en état cet édifie magnifique en péril.