La communauté juive de la capitale de la Voïvodine est, jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, l’une des plus florissante de Yougoslavie. Présente dès la fondation de la ville, à la fin du XVIIe siècle, forte de plus de 4000 membres avant son extermination, elle a eu à coeur de se doter de constructions rivalisant avec celles des autres communautés de la ville, à majorité catholique hongroise (elle appartient à l’Empire austro-hongrois jusqu’en 1918).
C’est au Musée municipal de Novi Sad , installé dans l’ancienne forteresse de Petrovaradin, qu’ont été rassemblés les éléments du site archéologique de Celarevo, situé à une trentaine de kilomètres à l’ouest de la ville, sur les bords du Danube.
Des centaines de fragments de briques, portant différents symboles (menorah, bouclier de David, inscriptions en hébreu), datant de la fin du VIIIe siècle ou du début du début du IXe siècle, alors que la région était sous domination des Avar, ont été mis au jour.
Des chercheurs ont avancé l’hypothèse selon laquelle ce peuple d’origine mongole aurait été influencé par les Khazars de Crimée, une tribu qui s’était elle-même convertie au judaïsme au VIIIe siècle.
Construite en 1909 dans le style dit « néologue » (ashkénaze moderniste, par opposition à orthodoxe), la synagogue est l’oeuvre de l’architecte hongrois Lipot Baumhorn, à qui l’on doit une quarantaine de synagogues en Europe de l’Est.
Elle reste l’une des plus grandes synagogues d’Europe centrale, avec sa coupole de 40 m de haut et de 12 de large, sa basilique à trois nefs et ses 900 places assises.
De même que les bâtiments adjacents abritant les activités de la communauté juive (mikveh, abattoir, école, maison de retraite, orphelinat, centre culturel) construits quelques années plus tard, elle a été épargnée pendant la guerre par les occupants, hongrois et allemands.
Ce ne fut pas le cas de leurs concitoyens : la synagogue fut d’ailleurs utilisée comme centre de concentration temporaire des juifs de la région, avant leur déportation vers différents camps de la mort.
Après guerre, alors que Novi Sad ne comptait plus que 300 juifs, les responsables de la communauté négocient avec les autorités yougoslaves le don de la synagogue, dont le Kantor local, Mauricius Bernstein, avait mis en avant l’excellente acoustique.
C’est pourquoi le temple sert désormais principalement de salle de concert. Ce n’est qu’accessoirement que le culte y est célébré.
Les travaux de rénovation dont a bénéficié le site, de 1985 à 1991, ont permis de mettre à jour le décalogue en pierre de la synagogue antérieure, bâtie à la fin du XVIIIe siècle.
Au bord du Danube, un monument honore la mémoire du millier d’habitants de la ville, juifs et serbes, abattus ou jetés dans le fleuve par la soldatesque hongroise le 23 janvier 1942, en représailles à un attentat commis par la Résistance.
La ville compte également un cimetière juif .