Portugal / Centro

Trancoso

La ville de Trancoso est une ancienne cité au carrefour de nombreuses guerres, transformée à ce titre en forteresse.

La présence juive date probablement du 12e siècle. Elle ne tarda pas à voir sa population augmenter suite à l’inquisition espagnole par l’arrivée principalement de juifs d’Aragon et de Castille. Conséquemment, la communauté demanda au roi Jean II le droit d’agrandir la synagogue.

La ville médiévale de Trancoso est très fortement marquée par son passé juif. En effet, tout au long du Moyen-Âge, la communauté de cette ville du nord du Portugal a connu une expansion économique et sociale quasiment unique en Europe. Trancoso, grâce à son importante foire, était une ville de passage et d’échanges.

Au XVe siècle, la population juive s’élève à plus de 500 personnes, ce qui oblique la communauté à s’établir en dehors des frontières de la judaria. Aujourd’hui encore, on trouve de nombreuses traces de ce passé dans les rues de Trancoso.

Suite à l’instauration de l’Inquisition au Portugal, de nombreux juifs de Trancoso furent victimes de persécutions.

Trancoso. Photo de Vitor Oliveira – Wikipedia

En vous promenant dans la ville, vous découvrirez des inscriptions en hébreu, des étoiles de David, et autres symboles sur les chambranles de portes. Partez de la Porte El Rei et rendez-vous vers les rue Corredoura et São João. Dans la rue Estrela, vous trouverez également des inscriptions. Dans la rue Banderra, un chandelier gravé dans la pierre. À Largo Luís de Albuquerque, admirez la maison juive la plus célèbre de la ville : Casa de Gato Preto (la maison du chat noir). Un lion de Judah et les murailles de Jérusalem sont gravées autour de la porte. Il est probable que cette maison ait appartenu au rabbin de la communauté, voire même que le bâtiment abritait la synagogue. Continuez votre chemin vers les rues Algria et Mercadores, et enfin vers la rue Cavaleiros où se trouve une étoile de David gravée. Sur la place Dinis, où, dans les années 1980 on a découvert dans une maison un rouleau contenant le Shema Israël dans un mur.

Finissez votre visite par le Centre Culturel d’Interprétation juive Isaac Cardoso. Fondé en 2012, cet espace, conçu par l’architecte Gonçalo Byrne, accueille, en plus du Centre, la synagogue Beit Mayim, un jardin, deux salles d’expositions temporaires, une salle de conférence, et une cour où l’on a retrouvé un puit et des inscriptions hébraïques. Dans le Centre, vous pourrez accéder à des archives sur l’histoire des 700 juifs de Trancoso persécutés pendant l’Inquisition. Le centre catalogue également toutes les inscriptions retrouvés dans la ville, à ce jour au nombre de 300.

Un grand érudit de Trancoso : Isaac Cardoso

Isaac (Fernando) Cardoso était un physicien, philosophe, et écrivain juif. Il est né de parents marranes en 1603 ou 1604 à Trancoso, et décède à Vérone en 1683. Il était le frère de Abraham (Miguel) Cardoso.

Après avoir étudié ma médecine, la philosophie, et les sciences naturelles à Salamanque, il s’installe à Valladolid en 1632, puis à Madrid. Parmi les ouvrages qu’il publie en Espagne, on compte un traité sur le Vésuve, la couleur verte, ou encore l’eau froide.

Né Fernando, il quitte l’Espagne, probablement pour échapper à l’Inquisition, et s’exile avec son frère Miguel à Venise. Les deux frères ré-adoptent le judaïsme et modifient leur prénoms pour Isaac et Abraham. Il meurt à Vérone, reconnu et estimé des communautés juives et chrétiennes.

Cardoso publie à Venise en 1673 le traité Philosophia Libera in Septem Libros Distributa, dans lequel il s’affirme comme un ennemi déclaré de la Kabbalah et du faux-prophète Sabbataï Zevi -son frère en était un partisan.

Enfin, l’œuvre la plus importante de cet « érudit craignant-Dieu », comme l’a décrit Moses Hagiz, reste Las Excelencias y Calunias de la Hebreos, imprimé en 1679 à Amsterdam. Dans cet ouvrage, il défend « l’excellence » de ses coreligionnaires : leur sélection par Dieu, leur séparation des autres peuples grâce aux lois spéciales, leur compassion, philanthropie… Il réfute ensuite les « calomnies » qui leur sont faites : meurtres rituels, fausses idoles, blasphème des images sacrées… Ce traité fit grand bruit à sa parution, et fut célébré par les plus grands rabbins et érudits d’Europe.

Sources : Encyclopaedia Judaica, Rede de Judiarias


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