Rencontre avec Géraldine Roux, docteur et enseignante en philosophie et Directrice de l’Institut Rachi, au sujet des sujet des Journées Européennes du Patrimoine.

Jguideeurope : Quel événement ouvrira les Journées Européennes ?
Géraldine Roux : Un concert, gratuit et ouvert à tous, spécialement conçu pour cet événement ouvrira les Journées Européennes du Patrimoine le 17 septembre au soir, par l’ensemble vocal La Compagnie des Humbles. La spécificité de ces artistes est de proposer des concerts depuis les recherches effectuées par l’association Aube Musique Ancienne pour faire découvrir un répertoire riche et peu joué allant de la Renaissance au Baroque. Cela, en actualisant les partitions musicales, les mettant en ligne gratuitement pour transmettre ce patrimoine au plus grand nombre et organisant des concerts pour faire vivre et revivre ces œuvres.
La Compagnie des Humbles proposera donc, dans la salle de conférence de l’Institut Rachi, une soirée mémorable sous le signe de L’Harmonie universelle, en référence au traité de musique éponyme écrit en 1636 par Marin Mersenne. Cette production musicale permettra au public d’entendre des musiques catholiques, protestantes et juives du XVIIe siècle avec des extraits d’œuvres de compositeurs aubois comme Pierre Bouteiller et Nicolas Metru, de Johann-Sébastian Bach, de Claudio Monterverdi, de Girolamo Kasperger et, pour la première fois à Troyes, une interprétation de Psaumes mis en musique par Salomone Rossi, violoniste et compositeur juif italien du début du XVIIe siècle. Une découverte sous le signe du « Patrimoine durable », le thème national, cette année, de ces journées !

Quels seront les autres événements principaux organisés lors de ces Journées ?
Outre le concert du samedi soir, de nombreux événements ponctueront la journée du dimanche avec, notamment, deux conférences. La première, le matin à 10h30, sera animée par moi sur le thème « A la découverte d’êtres fantastiques de la Bible et du Talmud », à la recherche du Golem et de la terre des géants, du Léviathan au Béhémoth en passant par le Na’ash. La plupart sont disparus et pourtant hantent les pages de la Torah et du Talmud de leur présence silencieuse, inquiétante ou burlesque, mélancolique ou drolatique. Selon les interprétations. Cette conférence se propose comme un voyage dans l’autre face du monde à l’aide du Midrash, du Talmud et des commentaires qu’en fait Rachi.
La seconde conférence aura lieu à 16h sur « L’affaire Dreyfus : une galerie de portraits champenois », par Jean-Michel Pottier, maître de conférences en littérature française à l’Université de Reims Champagne-Ardenne, membre du groupe Zola (CNRS-ITEM) et qui dispense depuis trois ans, à l’Institut Rachi, le seul cours diplômant en France entièrement consacré à l’Affaire Dreyfus, pour les étudiants de licence histoire et master Métiers du Patrimoine et du Livre de l’Université de Reims Champagne Ardenne. Cette conférence s’attachera à mettre en évidence comment la Champagne a été impliquée directement ou indirectement dans cette Affaire.

Une lecture de contes méditerranéens, pour enfants à partir de 5 ans, sera proposée par Evelyne Rousseau, comptable à l’Institut Rachi. Michel Degardin, bénévole, sera présent toute la journée pour faire découvrir au public notre bibliothèque, principalement hebraïca, riche de 8000 volumes et l’exposition « Rachi et les Juifs de Troyes au Moyen Âge » pourra être visitée également toute la journée, pour la première fois dans un lieu dédié. L’ensemble de ces rencontres sera bien sûr gratuit et ouvert à tous.
Observez-vous des changements organisationnels par rapport à la période pré Covid ?
Pendant les deux années Covid, l’institut Rachi a pu participer aux Journées Européennes du Patrimoine, sans interruption. Néanmoins, l’organisation, en effet, a été assez lourde avec les jauges à respecter, les mesures sanitaires puis le pass sanitaire. Des bénévoles se sont spontanément proposés de nous aider pour pouvoir être présents à ce moment important de la rentrée de l’institut Rachi. Donc, d’une certaine façon, cette organisation a pu montrer un véritable élan de solidarité mais avec une structuration beaucoup plus lourde et une responsabilité aussi bien légale qu’éthique bien plus importante que les années précédentes.

Pourriez-vous partager une anecdote personnelle sur un moment fort d’un festival précédent ?
J’ai un souvenir très fort de l’édition 2019 des Journées Européennes du Patrimoine. Le thème national était « Arts et divertissement ». Thomas Schauder, enseignant de philosophie et, à l’époque bibliothécaire à temps partiel à l’institut Rachi, avait proposé de clôturer la journée avec son groupe de chanteurs et musiciens « Les Clés de Scène ». l’Institut Rachi organisait alors pour la première fois un concert à l’occasion de ces Journées et, la spécialité de ce groupe musical savinien étant d’organiser des scènes partagées amateur, des jams, on avait tous pensé organiser le concert dans la cour extérieure de l’institut, en espérant le beau temps… Il pleuvait à verse !
Retranché dans la salle de conférence, le groupe a commencé à jouer et, un concert d’après-midi qui devait durer une heure, s’est terminé à plus de 20h, avec des personnes du public qui montaient sur scène, qui avec une guitare, qui avec sa voix, une personne même avec un violon pour chanter ensemble de la musique française mais aussi en hébreu et en yiddish. Tous ensemble, même ceux qui ne connaissaient pas la langue. Tous ensemble portés par la musique. Un moment magique, intense. Hors du temps.
Pour plus d’infos concernant les programmes de l’Institut, cliquez sur ce lien https://institut-rachi-troyes.fr/