
La communauté juive de Copenhague est active depuis la fin du XVIIe siècle. La plupart des 7000 juifs que compte le Danemark vivent aujourd’hui à Copenhague.
Son premier rabbin fut Abraham Salomon de Rausnitz, nommé en 1687. Six ans plus tard, un cimetière juif fut construit à Mollegade.
Détruite par un incendie en 1795, la ville ne posséda plus de synagogue jusqu’à la construction de la synagogue libérale de Krystalgade en 1833. Quelques années plus tard, des lieux de culte orthodoxes et sépharades ouvrirent également leurs portes.
Le Décret Royal publié en 1814 accorda aux juifs nés au Danemark des droits égaux à tous les autres citoyens du royaume. Des institutions philanthropes, écoles et maisons de retraite ont pu voir le jour depuis 1825. Leur nombre et présence varièrent au long de l’histoire, particulièrement pendant la période de la Shoah.
Lorsque l’immense majorité des juifs danois et les membres de leurs familles non juifs susceptibles d’être déportés par les occupants nazis, soit près de 8000 personnes, furent sauvés. Un sauvetage rendu possible par la participation de toutes les couches de la société, du Roi Christian X aux autorités politiques et religieuses ainsi que les citoyens danois.

La plupart des 3000 juifs polonaise qui fuirent pour s’installer au Danemark dans les années 1970, le firent à Copenhague.
Marquant l’épanouissement continu de la communauté juive du Danemark, la Reine Margrethe II prit part en 1983 à la cérémonie de la synagogue de Copenhague, célébrant ainsi son 150e anniversaire dans la capitale danoise.
L’année suivante, la Reine participa aux célébrations du 300e anniversaire de la communauté juive de Copenhague. En 1993, Margrethe II pris part aux événements fêtant le 50e anniversaire de l’opération de sauvetage des juifs danois.

La célèbre Grande synagogue de Krystalgade a été construite en 1833 par l’architecte Gustav Friedrich Hetsch. Elle est définie par une architecture centrée autour d’un arc, influence par les modèles grecs et romains. La synagogue peut accueillir jusqu’à 900 fidèles.
Le centre communautaire juif est situé juste à côté. Toutes les informations sur son fonctionnement sont à prendre auprès du Mosaiske Trossamfund qui abrite les diverses associations juives. Mosaiske organise des visites de la synagogue d’avril à septembre et met également les visiteurs en relation avec des familles d’accueil pour Shabbat.

Parmi les institutions sociales, on trouve également une école et une maison de retraite. Des organisations religieuses et culturelles sont également rattachées aux institutions communautaires de la ville.
Le Le Musée de la Liberté a fermé ses portes le 28 avril 2013 suite à un incendie. Les dégâts furent tels que le musée fut entièrement fermé.
Un nouveau lieu permettant le partage de ses archives doit être ouvert dans le courant de 2020 à l’emplacement exact où se trouvait l’ancien musée. En attendant, les archives photos sont disponibles sur leur site internet. De nombreuses photos historiques gardées et restaurées sont d’un grand intérêt pour les chercheurs.
Construit par l’architecte Daniel Libeskind, le Musée juif de Copenhague présente une exposition permanente qui retrace les 400 ans de vie juive au Danemark, ainsi que des expositions temporaires.

Le style particulier du musée a été influencé par l’opération de sauvetage pendant la Shoah. Le mot « mitsvah » constitue à la fois l’emblème et le concept du musée. Il marque l’expérience positive qui résume bien la vie juive au Danemark et l’extraordinaire acte entrepris en 1943 par la population.
Comme l’explique en ses mots l’architecte Daniel Libeskind : « En entrant dans le lieu accueillant l’exposition, les visiteurs se retrouvent dans un espace construits sur un sol en bois avec des plans légèrement inclinés représentant les quatre plans du discours. L’entièreté de l’espace dédié à l’exposition est illuminé par un vitrail lumineux qui représente le microcosme de Mitsvah, transformant la lumière le long de la journée.

Le Musée juif danois deviendra une destination qui révélera à son public à la fois la tradition profonde présente et son avenir dans l’espace sans précédent de Mitsvah.
L’entrelacement de l’ancienne structure de l’espace en brique voûtée de la Bibliothèque Royale et la connexion inattendue à l’unique espace d’exposition crée un dialogue dynamique entre l’architecture du passé et celle du futur – la nouveauté du vieux et l’éternité du nouveau. »
La Bibliothèque Royale comprend la bibliothèque Simonsen qui possède un intéressant département de judaïca.

Des facsimilés digitalisés des manuscrits acquis en 1931 auprès du Professeur David Simonsen sont rendus disponibles au public. Parmi les pièces que l’on peut consulter se trouvent une lettre en judéo-arabe datant du XIIe siècle, ainsi que de nombreux manuscrits de toutes les époques suivantes. L’élément le plus célèbre de la collection est probablement le « livre de prière de Gemma ». Un livre en hébreu écrit pour la veuve Gemma de Modène en 1531. Les documents proviennent d’une vingtaine de pays différents et sont écrits en quinze langues. La totalité des archives s’élève ainsi à la digitalisation de 26000 documents.
Il y a deux cimetières juifs à Copenhague. L’ancien cimetière qui date de quatre siècles à Mollegade, ouvert au public en journée d’avril à septembre, les dimanches, lundis, mercredis et jeudis. Le nouveau cimetière se situe à Valby. Celui-ci est accessible pendant l’année tous les jours de la semaine en dehors de Shabbat et des fêtes juives.
Rencontre avec Janus Møller Jensen, Directeur du Musée Juif Danois

Jguideeurope : Comment le sauvetage courageux des Juifs pendant l’Holocauste est-il présenté ?
Janus Møller Jensen : De plusieurs manières. D’abord et avant tout dans notre architecture spectaculaire conçue par Daniel Libeskind. Toute notre salle raconte l’histoire de la fuite au-dessus de la mer et l’incertitude d’essayer de trouver son chemin. À bien des égards, l’architecture unique est l’un des objets clés du musée. Cependant, nous racontons aussi l’histoire des personnes qui n’ont pas été sauvées et qui ont été emprisonnées à KZ-Theresienstadt.
Pouvez-vous nous présenter trois objets particuliers exposés au musée ?
1. Parfois, les plus grandes histoires viennent des plus petits objets. Dans le musée, nous exposons une punaise de lit de Theresienstadt, un objet minuscule mais le vaisseau parfait pour raconter l’histoire des conditions dans les camps KZ, ainsi que l’histoire des Juifs danois capturés.
Les histoires sur la façon dont la société danoise et la communauté juive danoise luttent pour traiter les traumatismes de la guerre, en étant réfugiées ou emprisonnées. Parce qu’ils ont survécu, raconter l’histoire des difficultés de revenir a été difficile.

2. Un objet vedette est notre exposition et notre collection est notre mini réplique en argent de l’Arche d’Alliance. Fabriqué à l’origine comme une boîte à cigares pour un éminent directeur d’une grande banque danoise en 1909.
Il représente à la fois la religion dans son motif, l’assimilation des juifs danois dans sa fonction et le dernier il est reconnaissable pour les juifs ainsi que les non-juifs, étant emblématique de la mythologie ainsi que de la culture populaire. Cela ouvre tant de portes à la narration.
3. Un autre objet qui me vient à l’esprit est une machine à écrire Corona. Le nom en lui-même est reconnaissable pour les visiteurs après 2020, mais les questions invitent toujours à un dialogue, et cette machine appartenait à un écrivain yiddish appelé Pinches Welner.

Il a immigré au Danemark au début des années 1900 avec d’autres Juifs d’Europe de l’Est. À Copenhague, il faisait partie de l’environnement culturel yiddish et faisait partie de l’école du soir yiddish, créée en réaction de ne pas être autorisé à enseigner la langue dans l’école juive établie par la communauté juive sortante.
Parlez-nous d’une rencontre avec un visiteur ou un participant à un événement qui vous a particulièrement ému ?
En parlant à un visiteur d’Amérique qui avait fui la Russie dans les années 1990, on m’a demandé qui tant de Juifs avaient été sauvés. J’ai répondu qu’ils étaient naturellement aidés par les voisins. Elle m’a regardé dans les yeux et m’a dit : «Vos voisins ne vous aident pas naturellement, ce sont eux qui vous dénoncent». Cette conversation est un rappel constant de la nécessité d’équilibrer le récit du Danemark pendant la guerre. 99% ont survécu à l’Holocauste, mais aucun vol n’est gratuit et la guerre a toujours un prix aussi pour les survivants.