Espagne / Andalousie

Jaen

Porte de Baeza, Jaen ©Jose Luis Filpo Cabana

On note la présence d’une communauté juive dans la ville dès 612 grâce à un édit du Roi défendant aux juifs de la ville d’employer des esclaves chrétiens. Cependant, si elle a connu son apogée au VIIe siècle, la présence des juifs à Jaen remonte très certainement à l’époque romaine. Le géographe Abd al-Nūr Al-Himyari fait état au IXe siècle de la présence d’un mikveh à Jaen, connu sous le nom de « bain d’Isaac ». En 2002, des excavations ont permis de retrouver les murs porteurs de ce mikveh, dont on pense qu’il appartenait à Isaac Ben Saprut, le père du fameux médecin et diplomate Hasday Ben Saprut. En 1391, à la suite des violences provoquées par les prédications de Vicente Ferrer, de nombreuses conversions ont lieu et le quartier juif devient un quartier de conversos portant le nom de Sainte Croix comme à Séville. C’est à Jaen que s’installe en 1483 le Tribunal de l’Inquisition.

Au XIe siècle, après le délitement du califat de Cordoue, Jaen est rattaché au royaume de Grenade. En 1066, le gouverneur de Grenade, Musakhan, autorise Maksan, le fils du roi de Grenade, à s’emparer des richesses des juifs de Jaen après que ceux-ci se sont révoltés. La communauté était dirigée à cette époque par rabbi Isaac qui voit la tolérance musulmane à l’égard des juifs s’achever brutalement avec l’invasion du royaume par les Almoravides. Les Almoravides, originaires d’Afrique du nord, prêchaient un Islam orthodoxe sans comparaison aucune avec l’harmonie inter-séculaire jusqu’ici en vigueur. Sous le commandement de Yusuf ibn Tasufin, les Almoravides envahissent un par un les royaumes d’Espagne et mettent à sac les villes se trouvant sur leur chemin. La conquête Almoravide oblige les juifs andalous à se réfugier vers les royaumes d’Espagne du Nord. Le quartier juif de Jaen ne sera réhabilité qu’en 1246, après la conquête de la ville par le roi chrétien Fernando III. L’emplacement du quartier juif de Jaen pendant le Moyen-Âge chrétien est aujourd’hui encore débattu, il semblerait cependant que les juifs se soient réinstallés dans les mêmes rues que pendant l’ère musulmane, à savoir entre l’actuelle  rue Santa Cruz et la  rue San Andres. La synagogue était selon toute vraisemblance située dans la  rue Santa Clara.

Bains arabes du palais de Villarompardo ©Flickr (Ángel M. Felicísimo)

On sait par les relevés d’impôts qui ont été conservé que la communauté juive de Jaen était quasiment aussi importante que celle de Séville au XIIIe siècle, soit environ 1500 habitants. Jusqu’au milieu du XIIIe siècle, sous le règne de Fernando X, la communauté connaît un épanouissement qui dure jusqu’à l’expulsion en 1492.

Situés à l’intérieur du  palais Villardompardo, les bains datant du XIe ont été occupés aussi bien par les juifs, les arabes et les chrétiens. Leur découverte date de 1913. Pour vous y rendre, passez par la  Calle del Gato, une rue qui laisse imaginer l’apparence de la judería médiévale.

Un peu plus loin, la  porte de Baeza était très certainement la porte empruntée par les juifs pour entrer et sortir de la judería.

 

Monument à Hasday ibn Shaprut à Jaen ©WikimediaCommons (Kordas)

Sur la façade de la  Cathédrale de Jaen (1566), ainsi que dans le retable, on observe des fresques représentant des juifs, prouvant la présence importante de la communauté dans la ville.

Dans la  rue Maestra on trouve le crucifix appelé Christ du secours. Il serait apparu dans le mur quand un groupe de juifs essaya de profaner une procession qui se dirigeait vers la cathédrale. Tradition populaire mise à part, cette rue encore très commerçante de nos jours était celle des négociants juifs. Les rues avoisinantes dont celles Arco del Consuelo donnent une idée de l’ambiance médiévale juive.

S’il n’existe pas de preuve formelle, de nombreux éléments architecturaux laissent à penser que la  chapelle San Andrés fut autrefois une synagogue.

Au numéro 6 de la place Magdalena, une étoile de david vous indiquera l’emplacement de ce qui fut la  demeure de Hasday Ben Saprut.