Espagne / Andalousie

Lucena

Edificio del ayuntamiento de Lucena. Photo de Alberto Cabello – Wikipedia

Célèbre pour sa yeshiva, Lucena a été surnommée « ville des juifs » entre les IXe et XIIe siècles. On l’appelle aussi « Perle de Sefarad ». Sous la domination arabe El Andalus, Lucena est la ville qui compte le plus de juifs en Espagne. Elle a toujours accueillie de nombreux savants juifs qui, soumis à des pressions diverses, émigrèrent vers Tolède ou la Navarre où ils formeront plus tard l’Ecole des Traducteurs. Les invasions almohade et almoravide provoquent de nombreuses destructions et des départs en plus des conversions forcées.

Le roi Alphonse I le batailleur conquiert la ville en 1124, espérant réduire le fanatisme religieux des almoravides. En 1148 les almohades détruisent la ville devant le refus des juifs de se convertir à l’Islam. La communauté fuit vers Tolède où ils sont accueillis à bras ouverts. De cette présence juive, il ne reste qu’un quartier juif à partir de la  Plaza Alta y Baja et les rues  Veracruz,  Flores de Negron,  Zamora, et  Ancha. Malgré les changements et les remaniements urbains ces rues évoquent assez bien la vie de cette brillante communauté.

Lucena comptait certainement plusieurs synagogues richement décorées mais il n’en reste rien et les historiens locaux discutent encore de leurs emplacements.

Castillo Moral – Wikipedia

Il semble cependant que  l’église de Saint Jacques soit une ancienne synagogue très largement remaniée. À côté on peut voir le buste moderne de Joseph ibn Migash (1077- 1141) rabbin, philosophe et chef de la yeshiva.

Le  château del Moral où se trouve le Musée archéologique a été construit au XIIe siècle probablement par des juifs. Une visite de la salle Sefarad (objets et documents divers) est organisée en été, avec une dégustation de pâtisseries sefardites.

En 2013 à l’occasion de la construction d’une route sur le Cerro Hacho on découvre l’emplacement du cimetière juif et 374 tombes assez bien conservées. Il est possible de le visiter.

Célèbre au XIe et XIIe siècles par le rayonnement de talmudistes comme Isaac ibn Gayat, Isaac Alfasi ou encore Joseph ibn Migas, à l’origine de l’école dite de Lucena, la ville ne conserve pas beaucoup de traces matérielles de son histoire de son histoire juive. Si l’emplacement de la judería est à peu près connu, celui des synagogues demeure imprécis. Cependant, deux coutumes populaires sont encore très vivantes. La première consiste à « faire le samedi », c’est-à-dire à procéder à un nettoyage général de la maison le samedi. La seconde à blanchir à la chaux les façades des maisons quelques jours avant la semaine sainte, probablement en souvenir des préparatifs traditionnels du nettoyage de Pessah.