La présence juive à Estella date du 11e siècle, dans ce qui fut une des principales communautés de Navarre. La ville avait été fondée pour protéger le chemin de Saint-Jacques de Compostelle.
Bénéficiant de privilèges par rapport à de nombreuses autres villes espagnoles, les juifs s’y établirent en nombre à partir du 12e siècle, habitant dans la citadelle d’Estella et dans les alentours, comme le quartier d’Elgacena . Ils représentèrent 150 citoyens, participant à la vie sociale et institutionnelle de la ville.
Leur situation se détériora à la fin du 13e siècle et plus particulièrement au début du 14e siècle, suite à la mort du roi en 1328. De nombreux juifs étant assassinés lors d’émeutes et leurs maisons saccagées. La reine Juana II prit des sanctions contre les responsables de ces émeutes.
La communauté se reconstruisit dans la seconde moitié du siècle, avec 85 familles juives présente à Estella en 1366, principalement issues de France et d’Angleterre. Charles II nomma même à l’époque Juda ben Samuel Halevi haut commissaire auprès de la couronne. Leon Horabuena, grand rabbin d’Estella, fut médecin du roi Charles III. Le royaume accueillit d’autres réfugiés juifs fuyant les persécutions environnantes. Néanmoins, suite à l’Inquisition de 1492, ils ne furent plus épargnés.
Le quartier juif, situé aujourd’hui dans la partie la plus ancienne de la ville, est encore visible grâce à des vestiges, à l’image des murs protecteurs du quartier. L’église Santa Maria Jus del Castillo est construite sur l’emplacement de l’ancienne synagogue. Des fouilles archéologiques ont été entreprises à Estella au début du 21e siècle, notamment dans le but de (re)découvrir son patrimoine culturel juif. En 2015, la ville a célébré Hanoukkah pour la première fois, dans un signe de reconnexion avec ce passé, bien que peu de juifs y habitent aujourd’hui.
Sources : Encyclopaedia Judaica, Redjuderias.org, Times of Israel