France / Alsace

Mulhouse

Synagogue de Mulhouse. Photo de Reinhardhauke – Wikipedia

La présence juive mulhousienne est ancienne, datant probablement au moins du 13e siècle, mais suite aux massacres et expulsions, elle ne se pérennisa qu’à partir de la fin du 18e siècle. Il semble y avoir eu deux synagogues au Moyen Âge, mais les quelques juifs autorisés à y résider quittèrent la ville au fil des 15e et 16e siècles.

Lorsque Mulhouse avait le statut de République Suisse (1515-1798), les juifs et catholiques furent interdits d’y résider. Avant la Révolution française et ses conséquences pour l’émancipation des juifs de France et le rattachement de Mulhouse, les juifs furent contraints d’habiter les villages environnants. Principalement ceux de Pfastatt, Rixheim, Dornach, Zillisheim, Habsheim et Streinbrunn-le-Haut.

Graduellement donc, les limitations professionnelles et citoyennes sont levées, permettant une diversification des métiers et de lieux de résidence, à l’intérieur des villes dont celle de Mulhouse. Les juifs contribuent largement au développement économique de la ville, notamment dans le tissage, à l’image de Raphaël Dreyfus, le père du célèbre capitaine. La population juive passe de 165 en 1808, à 2132 en 1890.

René Hirschler, 1939. Photo de la Famille Hirschler – Wikipedia

Une  synagogue est construite de 1847 à 1849 par l’architecte Jean-Baptiste Schacre, dans un style néo-classique. Parmi les grandes figures rabbiniques de cette époque, Samuel Dreyfus, premier élève diplôme de l’École Centrale Rabbinique de France. Sous son impulsion fut construite la synagogue, mais aussi l’École Israélite des Arts et Métiers et l’Hôpital Israélite. Suite à la défaite de 1870, de nombreux juifs, à l’image d’autres mulhousiens, choisiront de quitter la ville afin de rester français.

Alfred Dreyfus est né à Mulhouse en 1859. La ville joua un rôle important dans l’Affaire, certains des partisans et opposants majeurs en étant originaires. La ville connut donc de grandes tensions lors de l’Affaire. Bien plus tard, suite à la réhabilitation du Capitaine Dreyfus, la ville nommera une rue hommage à son courage.

Suite à la Première Guerre mondiale, la communauté retrouvera sa stature. En grande partie grâce aux deux rabbins emblématiques Jacob Kaplan et René Hirschler. Jacob Kaplan officiera à Mulhouse de 1921 à 1928, avant de devenir Grand-rabbin de France. Il permit à la communauté de se développer, notamment d’un point de vue associatif dans le social et pour la jeunesse, avec la création d’une branche des Éclaireurs Israélites en 1928, la deuxième après celle de Paris.

Jacob Kaplan, 1978. Photo de Claude Truong-Ngoc – Wikipedia

Âgé d’à peine 23 ans, René Hirschler lui succède. Il favorise le développement des mouvements de jeunesse et l’harmonie entre différents courants. Il accorde également une grande place aux femmes et à la célébration de la bat mitsvah. En 1930, le rabbin Hirschler crée avec Simone Lévy, qui deviendra sa femme, la revue de pensée juive Kadimah. Dès 1933, René Hirschler milite activement pour l’accueil des réfugiés juifs d’Allemagne, organisant leur accueil et intégration. Un centre communautaire ouvrira en 1938. Très actifs pendant la Shoah pour venir en aide aux populations juives dispersées et traquées, René et Simone Hirschler sont capturés, déportés et assassinés. Une plaque commémorative a été posée sur la synagogue de Mulhouse en 2016, en présence de leurs descendants.

La Shoah fit de nombreuses victimes à Mulhouse. Les occupants vidèrent la synagogue. A l’occasion de son centenaire, elle fut reconstruite sous la direction d’une commission nommée pour cela et dirigée par Gaston Weill. Une grande célébration s’y déroula en 1950, en présence de Jacob Kaplan et d’autres rabbins de la région, ainsi que des représentants politiques, religieux et militaires. L’arrivée des juifs d’Afrique du Nord dans les années 1960 permet à la communauté mulhousienne de trouver un second souffle.

Un ancien cimetière juif se trouvait à l’emplacement du parc Salvator. Les juifs y étaient enterrés de 1830 à 1890. Avant cela, le cimetière de Jungholtz et d’autres de la région étaient utilisés. A la fin du 19e siècle, les tombes furent transférées au  nouveau cimetière juif.

Sources : judaisme.sdv.fr, dna.fr