Un terrain proche des remparts de Nantes est vendu par Guillaume à Théodore, juif de Rennes, et aux juifs nantais pour y établir un cimetière. Néanmoins, cinq ans plus tard, les juifs de la région sont victimes de pillages et de meurtres.

Suite au bannissement des juifs de Bretagne ordonné à Ploermel le 10 avril 1240, il faudra attendre la fin du 15e siècle pour voir le retour des juifs. Graduellement, l’installation de familles marranes est autorisée par la politique royale.
Philippe II, roi d’Espagne, bannit les juifs qui s’installent principalement à Nantes et à Bordeaux. Au début des années 1590 séjournent à Nantes des juifs portugais. Parmi eux, Abraham Espinoza, le grand-père du célèbre philosophe, qui s’établit ensuite à Amsterdam.
En 1636, des juifs de Bayonne expulsés pendant la guerre franco-espagnole, se réfugièrent à Nantes. A la fin du 18e siècle, des marchands nantais s’en prennent à des marchands juifs récemment installés. La presse locale témoigne d’un soutien pour ces victimes.
Lors du recensement de 1808, seule la présence de 25 juifs est comptée dans le département. En avril 1835, les juifs nantais, qui comptabilisent 18 familles, demandent au maire l’autorisation de construire un temple rue Franklin, afin d’y exercer leur culte. La première synagogue voit ainsi le jour en cette année.
Les recensements montrent une variation de la population. Ainsi, en 1841, il y aurait 154 ou 240 juifs selon les différentes estimations. 105 en 1854, puis 133 en 1861. En 1871, la synagogue de la rue Copernic est inaugurée. De 1882 à 1929, Samuel Korb en est le rabbin. Deux de ses fils furent tués à la guerre.
Lors d’un recensement en 1942, le gouvernement de Vichy compta 531 juifs à Nantes. Un an plus tard, il n’y en avait plus que 53, suite aux arrestations et déportations.
La communauté de Nantes se reconstruisit lentement au lendemain de la guerre. Ainsi, il n’y avait que 25 familles juives dans la ville en 1960. L’arrivée des juifs d’Afrique du Nord pendant la décennie permit un développement et, en 1969, on compta 500 juifs à Nantes. La synagogue est également utilisée aujourd’hui comme centre communautaire.
En février 2024, la communauté juive nantaise a célébré les 154 ans de la synagogue, bâtie en 1870. À cette occasion, l’Association culturelle des amis du judaïsme de l’Ouest a ouvert ses portes pour des visites, une exposition et des conférences organisées afin de présenter l’histoire et le quotidien de la communauté juive de Nantes et du département.
Le 21 juillet 2024, une cérémonie s’est déroulée devant le monument des 50-Otages, en souvenir de la rafle du 16 juillet 1942, durant laquelle un descendant de Justes a témoigné.
Fabrice Rigoulet-Roze, préfet de Loire-Atlantique et des Pays de la Loire, Ariel Bendavid, rabbin de la région Bretagne et Pays de la Loire, et René Gambin, responsable de la communauté juive de Nantes, se sont exprimés à cette occasion. Ce dernier a rappelé le courage des Justes qui, au péril de leur vie, sauvèrent des juifs et leur exemplarité pour toutes les générations de Français. Olivier Château, adjoint au maire de Nantes, a ensuite déposé une gerbe, en mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites et d’hommage aux « Justes » de France. Gilles Gautron, « petit-fils et fils de Justes », raconta ensuite l’histoire du réseau de Poitiers dont faisaient partie ses grands-parents et comment sa famille sauva des juifs pendant la Shoah.
Sources : Ouest France