C’est à la fin du XIXe siècle que la communauté juive de Dublin a atteint son apogée. Elle était installée autour de la South Circular Road – Warren Street, Martin Street et St Kevin’s Parade – que les Dublinois surnommaient d’ailleurs « La Petite Jérusalem ».
Le Musée juif irlandais occupe la synagogue de Walworth Road, qui abritait le centre de la vie juive de la capitale. Les départs vers les faubourgs, ainsi que la décroissance graduelle de la communauté, ont conduit à la fermeture de ce lieu de culte dans les années 1970.
En 1985, Chaïm Herzog, l’ancien président de l’État d’Israël originaire d’Irlande, prononçait le discours d’inauguration de ce nouveau musée. On y trouve des archives, des objets et des explications sur ce qui faisait la particularité de cette communauté. On peut admirer, au rez-de-chaussée, une cuisine mettant en scène un shabbat typique de la fin du XIXe début du XXe siècle. Au premier étage, la synagogue a été très bien conservée.
Au 52 Upper Clanbrassil Street, Dublin 8, se trouve le lieu de naissance de Leopold Bloom, l’un des deux protagonistes du chef-d’œuvre de James Joyce (1880-1941), Ulysse, publié en 1922. Leopold Bloom est le fils d’un juif hongrois ayant émigré à Dublin et changé de nom. On peut aujourd’hui voir une plaque sur le mur de cette maison. Ulysse mentionne aussi Emorville Square, Lombard Street West et St. Kevin’s Parade. Le personnage de Bloom a tant marqué les esprits que le principal festival littéraire d’Irlande porte son nom (Bloomsday); il se tient tous les ans au mois de juin.
Ulysse
Moi, Rudolph Virag, résidant actuellement au numéro 52 Clanbrassil Street, Dublin, précédemment à Szombathely, Royaume de Hongrie, par la présente informe que j’entends dorénavant, en tout temps et toutes occasions, être connu sous le nom que j’ai assumé de Rudolph Bloom.
James Joyce, Ulysse, Paris, NRF, Gallimard, 1937
La synagogue d’Adelaide Road , consacrée en 1892, a fermé ses portes en juin 1999. Celle de Greenville Hall , construite en 1920, abrite désormais les bureaux d’une société de haute technologie.
On peut toujours admirer sur sa façade les colonnes grecques et les étoiles de David qui la décoraient à l’époque.
Il reste deux synagogues en activité. Parmi elles, la Dublin Hebrew Congegration , construite en 1935. Synagogue historique, le bâtiment est affiché en vente en 2023 à cause du déclin de la population juive locale, qui cherche un nouveau lieu d’accueil plus modeste. L’autre synagogue est la Dublin Jewish Progressive Congregarion (DJPC), de tendance libérale inclusive ouverte en 1946. Elle accueille les fidèles de la ville mais aussi régulièrement les touristes. N’affichant pas publiquement une adresse, elle peut être contactée par mail pour une visite.
Les juifs de Dublin sont enterrés au cimetière de Dolphins Barn, non loin du pont de Donore Avenue, sur le Grand canal.
Personne n’a été enterré au cimetière de Ballybough depuis 1908 mais la communauté juive maintient depuis lors un gardien chargé de la préservation du site.
Sur la petite maison de ce dernier, située à l’entrée du cimetière, on peut lire « Built in the year 5618» (« construit en l’an 5618»).
Interview d’Yvonne Altman O’Connor, directrice du Musée Juif Irlandais.
Jguideeurope : Pouvez-vous nous parler de quelques objets du musée retraçant la vie juive des communautés irlandaises et leur contribution à l’Irlande d’aujourd’hui ?
Yvonne Altman O’Connor : Le musée est situé dans la dernière synagogue d’époque, laquelle est préservée dans son état comme au début du XXe siècle. Nous disposons de nombreux objets de collection liés à l’histoire sociale de la communauté.
Parmi eux, des photos, lettres, documents et objets anciens reflétant les activités sportives, artistiques et sociales des membres de cette communauté. Nous avons également une cuisine cachère originale et une présentation de livres par et eu sujet d’auteurs juifs irlandais ou de thèmes liés.
Quel lieu rattaché au patrimoine juif de Dublin a une importance pour les visiteurs ?
Le Musée juif est la source principale concernant toute recherche liée au patrimoine juif. Les deux cimetières de la ville sont également des lieux visités régulièrement.
Vous avez récemment organisé un événement sur le personnage Leopold Bloom. Comment la perception du personnage de Joyce a-t-elle évolué dans l’imaginaire et quels furent les axes choisis ?
Nous avons présenté le contexte juif de l’histoire et du personnage de Leopold Bloom soulignant les questions liées à l’antisémitisme et au sionisme en Irlande à l’époque.
De plus amples recherches ont permises de révéler et de mettre en lumière des informations personnelles au sujet de Joyce et de son approche des personnages juifs aussi bien que celle du judaïsme.
Quelle est votre prochaine exposition ?
Nous avons actuellement une présentation consacrée au textile et une exposition en cours qui retrace la longue histoire de la diaspora.
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