Pologne / Frontière ukrainienne

Sobibór

Dans le cadre de ce guide culturel et touristique, nous ne nous attarderons pas trop sur les camps d’extermination, qui sont des « documents de barbarie » (Walter Benjamin) et non de culture, mais il est nécessaire d’évoquer au moins quelqu’uns d’entre eux, afin d’essayer d’imaginer l’incompréhensible, de saisir par des images ce qui est insaisissable par l’entendement.

À  Sobibór, il y a pour ainsi dire deux villages différents. Sobibór proprement dit est un village endormi, paisible, le long du Bug, avec une petite église catholique. Pour voir ce qui reste du camp, il faut se rendre à Sobibór-stacja kolejowa (« Sobibór, gare ferroviaire »), à quelques kilomètres de là, où l’on accède par la forêt. La forêt est immense et, disons le, magnifique. Claude Lanzmann écrit que tous les paysages de Pologne respirent la Shoah, cela est particulièrement vrai de cette région.

Au bout de la forêt, la route est barrée par un passage à niveau. Une pancarte indique « Sobibór » ; dans la gare, on peut lire un panneau « Salle d’attente ». À part le chef de gare et une entreprise de travail du bois, personne n’habite ici. C’est là qu’en l’espace d’un an et demi, de mars 1942 à octobre 1943, des convois arrivèrent de Pologne et de toute l’Europe, chargés de 250000 juifs qui furent immédiatement exterminés par le gaz. On peut voir aujourd’hui la rampe, un monument, un petit musée, et marcher à pied jusqu’à l’emplacement du camp lui-même, dont il ne reste qu’une sorte de tumulus de forme circulaire.

Le lieu est très bien filmé dans Sobibór, 14 octobre 1943, 16 heures de Claude Lanzmann.