Suède

Stockholm

Stora Synagogue à Stockholm. Photo de Frankie Foughantin – Wikipedia

Établie en 1775, la communauté compte 7500 membres. Son  centre communautaire est situé à proximité du square Raoul Wallenberg, du nom du diplomate suédois qui sauva nombre de juifs de Hongrie et fut arrêté, puis probablement liquidé, par le Soviétiques. Une sculpture de Willy Gordon, représentant un juif en train de fuir avec un sefer Torah, se dresse devant l’immeuble.

La population juive de la ville de Stockholm augmenta considérablement au tournant du 20e siècle, principalement suite à la venue de juifs d’Europe de l’Est. S’il n’y avait que 1630 juifs suédois en 1900, vingt ans plus tard, le nombre passa à 2750. La Seconde Guerre mondiale accentua cette augmentation avec l’arrivée d’autres réfugiés, suite à quelques années plus compliquées concernant l’obtention d’autorisation d’immigration. L’arrivée des réfugiés de Norvège en 1942 puis ceux du Danemark l’année suivante permit de sauver de nombreuses vies.

Un  Mémorial aux victimes de l’Holocauste a été érigé à Stockholm en 1998. Il a été conçu par le sculpteur Sivert Lindblom et l’architecte Gabriel Herdevall. Il a été inauguré par le roi de Suède Carl XVI Gustav. Il est composé de 8500 tablettes de Pierre.

Mémorial Raoul Wallenberg. Photo de Karsten Ratzke – Wikipedia

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, il y avait 7000 juifs à Stockholm. Ce chiffre déclina au tournant du 21e siècle, principalement à cause de la vague persistante d’actes antisémites, notamment à Stockholm. La population juive suédoise de la ville est ainsi passée à 4500 en 2020.

Les juifs suédois expriment plus ce lien par la culture que la religion, très peu investis dans celle-ci. D’où les rares rabbins formés en Suède. En 2020, pour la première fois depuis 250 ans, un rabbin né en Suède, Mattias Amster, fut recruté.

Le Musée juif a été fondé en 1987 par un mécène, Aron Neuman. Il comporte trois pièces et abrite, d’une part, une collection d’objets cultuels (dont une importante collection de judaïca), d’autre part, des expositions temporaires consacrées la plupart du temps à des artistes scandinaves. Le Musée a été fermé pour cause de déménagement dans le quartier de Gamla stan (« vieille ville ») dans la  plus ancienne synagogue de Stockholm. Le Musée juif a été réouvert en 2019.

Musée juif de Stockholm. Photo de Frankie Fouganthin – Wikipedia

Il existe trois synagogues. Dans ce centre-ville, la  Grande Synagogue, de rite massorti, est un bâtiment de style oriental achevé en 1870 qui peut contenir 1000 fidèles. Le centre communautaire de cette synagogue possède une bibliothèque qui a pour intérêt principal la consultation de l’excellente revue de la communauté, Judisk Kronika, et d’ouvrages historiques sur la communauté juive de Suède.

La synagogue orthodoxe Adat Yeshurun contient du mobilier provenant d’une synagogue de Hambourg vandalisée durant la Nuit de cristal. Elle est en ce moment hébergée dans la Grande Synagogue, en attendant son déménagement, prévu pour 2017.

L’autre synagogue orthodoxe, de rite polonais,  Adat Yisrael est située dans le quartier de Södermalm dans un bâtiment du XVIIe siècle. Sur le plan culturel, la communauté suédoise dispose d’une radio FM, radio Shalom.

Il y a plusieurs cimetières juifs à Stockholm. Le premier fut construit par grâce à Aaron Isaac en 1776. Il porte son nom,  Aronsberg. Utilisé jusqu’en 1888, il compte près de 300 stèles funéraires. Le cimetière juif de  Kronoberg a été construit en 1787. Il accueillit 200 tombes jusqu’en 1857.

Ces deux cimetières étant très petits, la communauté juive fit l’acquisition d’autres terrains. Ainsi, à Solna, l’architecte Fredrik Wilhelm Scholander construisit la chapelle et les portails du  cimetière juif du Nord. En 1857 fut inauguré ce lieu surnommé le « cimetière de la mosaïque dans le cimetière nord ». Scholander sera également l’architecte de la Grande synagogue de Stockholm. Parmi les gens qui y sont enterrés, la Prix Nobel de littérature Nelly Sachs.

Le  cimetière juif du Sud a été construit en 1952. Sa chapelle a été conçue en 1969 par l’architecte Sven Ivar Lind. C’est en ce lieu que se déroulent aujourd’hui la majorité des enterrements.

Interview de Christina Gamstorp, Directrice du Musée juif de Suède

Christina Gamstorp

Jguideeurope : Quels ont été les principaux changements suite à la réouverture du musée ?

Christina Gamstorp : Le changement majeur a été le passage d’un musée communautaire à une institution culturelle ouverte destinée à toute personne intéressée par l’histoire suédoise et juive. Sur la minorité, pour la majorité ainsi que Il y a de nombreuses façons d’être suédois, être juif est l’une d’entre elles sont les principaux slogans du musée. En outre, l’utilisation du site authentique comme point de départ de la nouvelle exposition principale du musée, qui se concentre donc sur la relation entre la majorité et la minorité, est également une nouveauté pour le nouveau musée. Par ailleurs, les collections ont été largement mises à la disposition du public et un travail important a été réalisé sur la présence juive au fil du temps au niveau national, en collaboration avec les musées locaux et régionaux. Nous appelons ce projet « Traces d’existence » et il a attiré beaucoup d’attention sur l’histoire et la religion juives.

Judiska Museet. Photo de Jean-Baptist Beranger

Le musée participe-t-il à des programmes éducatifs locaux ?

Oui. Nous avons un certain nombre de programmes éducatifs destinés aux écoles, qui reflètent le programme national à différents âges, et nous venons également de démarrer une coopération avec la municipalité de Stockholm pour proposer des visites gratuites du musée en atelier.

Pouvez-vous partager une rencontre émotionnelle avec un visiteur particulier ?

Je ne suis pas sûre de comprendre la question, mais nous organisons des visites publiques presque tous les jours, des visites scolaires et des visites de groupes, et il est donc toujours possible de discuter avec les éducateurs du musée ou avec la réception. C’est très important pour le musée et cela arrive assez fréquemment.

Judiska Museet. Photo de Jean-Baptist Beranger-kvadrat

L’intérêt du public pour la culture juive suédoise a-t-il évolué au fil des ans ?

Il a énormément augmenté au fil des ans et le musée juif a également contribué à cet intérêt croissant en offrant une histoire beaucoup plus large de la présence juive en Suède. La plupart des gens ne connaissent que les événements liés à la guerre et à l’Holocauste.

Pouvez-vous nous décrire un objet particulier présenté au musée ? Son importance pour le musée, ce qu’il représente et comment il a été acquis ?

La tabatière que nous venons d’acquérir, fabriquée par Michaelson & Bendix, est l’une des premières entreprises juives et le premier Juif à avoir obtenu la citoyenneté suédoise à l’époque de la répression des Juifs, qui l’interdisait. Elle comble donc un vide dans notre petite mais très importante collection.

https://digitaltmuseum.se/