Turquie / Anatolie Occidentale

Izmir

Izmir

Il est difficile de savoir à quand remonte la présence d’une communauté juive dans la ville d’Izmir. En effet, lorsque cette communauté est mentionnée, c’est en général à partir de la présence des juifs qui ont immigré d’Espagne ou du Portugal entre 1492 et 1497.

Cependant, il est certain qu’une communauté a existé aussi tôt que dans l’Antiquité aux époques romaines et hellénistique. Il est possible qu’Alexandre ait exilé une communauté de Jérusalem à Smyrne au IIIe siècle avant Jésus-Christ. Au  Musée d’Ashmolean à Oxford sont conservées des inscriptions datant des IIe et IIIe siècle après Jésus-Christ qui prouvent une présence juive à Smyrne à cette époque.

Sur l’une de ces pierres est gravé « Il devrait être donné aux anciens habitants juifs 10.000 (dnaris) pour l’ouvrir… ».

Synagogue Bikour Holim d’Izmir

La présence juive à Izmir pendant l’Empire Ottoman

Selon les recensements des 1528 et 1575, aucune communauté juive n’est à noter à Izmir. Cependant, deux pierres tombales aux inscriptions hébraïques datant de 1540 et 1565 ont été excavées, confirmant de fait la présence d’une communauté juive. Il faut cependant noter que des doutes existent sur l’authenticité de ces tombes.

À la fin du XVIe siècle, pour des raisons variées, des juifs émigrent depuis Salonique, Safed et Tyre. Au cours des XVIe et XVIIe siècles, des juifs du Portugal, d’Ankara, de Patras, des îles Égées, de l’est de la Méditerranée, et même aussi loin que l’Europe de l’Ouest s’établissent à Izmir. La présence de juifs karaites ashkénazes est également connue.

À la période ottomane, la première synagogue –Bakish (Sason ou Eben Kis)- fut fondée en 1616-17. En 1634, on comptait quatre synagogues à Izmir, cinq en 1636 et sept en 1661. Après la synagogue Bakish, furent fondées -par ordre chronologique, la synagogue Pinto de la congregation de Tyre (années 1630 ou 1640), la synagogue Portugaise (années 1630), Neve Shalom (années 1640). En 1660, les synagogues Giveret, Algazi et Orehim furent fondées.

La première Juderia (Ikiçeşmelik)

Izmir était divisée en cinq quartiers : turc musulman, arménien, juif, grec et levantin. Le quartier juif d’İkiçeşmelik était situé entre les rues Kadifekale, Basmane et Havra et était composé des pâtés de maison suivants : Hahambaşı (grand rabbin), Efrati, Çavez, Hurşidiye, Yeni, Tsontsino et Bene Israel. Ces blocs étaient voisins des quartiers turc musulman et arménien. Les juifs vécurent dans cette première Juderia jusqu’en 1865, quand Karatas et ses abords furent construits.

La seconde Juderia (Karatas)

La muraille romaine et le cimetière juif antique constituait la bordure sud d’Izmir. Le cimetière Maşatlık était le plus ancien de la communauté juive d’Izmir jusqu’à sa destruction en 1926. En 1865, la zone bordant le cimetière fut construite pour abriter un nouveau quartier. La population juive de Karatas augmenta rapidement et des synagogues et écoles juives virent le jour. Les juifs prospères de la première Juderia emménagèrent à Karatas. Des Yahudihane (des maisons pour abriter les juifs nécessiteux) furent également construites.

Synagogue Bikur Holim d’Izmir

La période de crise 

Avec leur immigration constante, les juifs d’origine espagnole devinrent la majorité de la communauté d’Izmir. Leur position sociale dans l’administration et les affaires en firent également la communauté la plus puissante.

Dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle, la communauté juive d’Izmir (ainsi que celle de Thessalonique et Istanbul) plongea dans un marasme social et politique.

En conséquence, l’autorité des rabbins se renforça, et la communauté préféra un système d’éducation scholastique et religieux aux écoles modernes. À la même période, les juifs espagnols perdirent leurs avantages dans les secteurs de l’administration et des affaires au profit des grecs et des arméniens.

Estimée à 55000 en 1922, les juifs d’Izmir commencèrent à cette date et jusqu’à 1948 à émigrer vers les pays européens. Entre 1921 et 1929, environ 70000 juifs émigrèrent d’Anatolie. À la naissance de l’État d’Israël en 1948, on ne compte plus qu’environ 3000 juifs à Izmir.

Synagogue portugaise

La synagogue Bikur Holim

Fondée par Salomon de Ciaves -d’origine néerlandaise, la synagogue fit office d’hôpital pendant l’épidémie de peste du XVIIIe siècle. Le bâtiment fut détruit par le grand incendie qui ravagea Izmir en 1772 et la synagogue reconstruite par Manuel de Ciaves en 1800. La synagogue a préservée son aspect original et est située au numéro 40 du quartier de Konak à İkiçeşmelik.

La synagogue portugaise

Fondée par la communauté portugaise dans les années 1630, le bâtiment fut détruit plusieurs fois par le feu. La synagogue telle qu’on la connaît aujourd’hui date du XIXe siècle. Située au numéro 920 à Sokak, le bâtiment est en cours de restoration.

Synagogue Neve Shalom

La synagogue Neve Shalom

La synagogue a été fondée au début du XVIIe siècle par de riches juifs portugais. Une inscription à l’entrée de la synagogue dépeint comment la synagogue fut miraculeusement sauvée des flammes pendant le grand incendie de 1841.

La synagogue ashkénaze

Construite au XIXe siècle, cette synagogue est aujourd’hui détruite. Adjacente à la synagogue Neve Shalom, une plaque dans la cour de celle-ci rappelle l’existence de la synagogue ashkénaze.

La synagogue Algazi

Fondée par la famille Algazi dans les années 1660, la synagogue est située à Kemeraltı, au 927 Sokak, numéro 73.

Synagogue Algazi

La synagogue Mahazikei Torah (Sonsino)

La synagogue fut construite au XIXe siècle, en même temps que les synagogues Talmud Torah (Hevra) et Beit Hillel. La mosquée Hisar et son dôme ont servi de modèle architectural à la construction de la synagogue. Reconstruite en 1950 et 1896, la synagogue est aujourd’hui en ruines. Les quatre piliers supportant la Tevah et les quatre murs sont cependant encore visibles. Le bâtiment est situé à İkiçeşmelik, au coin des numéros 826 Sokak et 821 Sokak.

La synagogue Schonsol

Don de Hayim Shemuel Shonsol, la synagogue est située dans le quartier Basmane Aya Vukla et a été inaugurée en 1909. Endommagée par un incendie en 1970, le bâtiment de deux étages a été rénové. Utilisé un temps comme garage automobile, la synagogue est aujourd’hui propriété de la municipalité d’Izmir et est inoccupée.

La synagogue Talmud Torah (Hevra)

Construite au XIXe siècle, la synagogue est aujourd’hui en ruines mais l’Aron HaKodesh est toujours visible. Située dans le quartier de Güzelyurt à Konak, elle peut être observée depuis la rue.

La synagogue Beit Hillel

Fondée au XIXe siècle par Eliezer Hillel Behor (Behar) Menuah, le bâtiment abritait à l’origine une Yeshiva et la maison du rabbin. Détruite par un incendie en 2006, la municipalité d’Izmir a mis en place un plan de rénovation. Le nouveau bâtiment a vu le jour en avril 2017 sous le nom du mémorial Rabbi Palacci. Il est situé sur Ufuk Mahallesi, au 920 Sokak, No 23.

La synagogue Ashkamat

La date de construction du bâtiment est incertaine. Son architecture laisse cependant penser qu’il s’agit d’une maison privée ayant fait office de lieu de culte. Propriété de la communauté juive d’Izmir, le bâtiment situé à İkiçeşmelik, 834 sokak, No. 46 est aujourd’hui inoccupé.

Synagogue Sinyora

Synagogue Senyora (Giveret)

Fortement endommagée par le grand incendie d’Izmir en 1841, la synagogue a été restaurée sur la base d’un plan central, avec le soutien financier de la famille Yerushalmi. On accède à la partie principale de la synagogue par une terrasse surélevée par cinq escaliers depuis la cour. À l’origine, il s’agissait d’une synagogue à plan central. Cependant, le style architectural italien, qui a commencé à devenir le principal facteur d’influence dans l’architecture des synagogues au XXe siècle, a été adopté dans la synagogue Senyora (Giveret) au moment de sa reconstruction. Dans le nouveau plan architectural, la tevah, auparavant portative, a été fixée dans le mur Ekhal avec les arcs de la Torah. Une disposition linéaire des sièges, telle qu’on la trouve dans les églises, a été adoptée. La ezrat nashim, qui se trouve au deuxième étage, juste au-dessus du hall d’entrée qui mène au sanctuaire, est accessible par les escaliers situés dans la cour. La synagogue est située dans une large cour et est cachée derrière de hauts murs. La synagogue Senyora (Giveret) se trouve sur Havra Sokağı, avec des façades le long de Anafartalar Caddesi et 927 Sokak.

Synagogue Etz Hayim

« Etz Hayim signifie arbre de vie en hébreu. On dit que la synagogue a été construite à l’époque byzantine, mais il n’y a aucune preuve à l’appui. La synagogue a été brûlée lors du grand incendie d’Izmir en 1841, mais elle a été reconstruite grâce aux contributions de Daniel Sidi en 1851. La synagogue est située à Akdeniz Mahallesi sur İki Çeşmelik Caddesi, No.5.

L’ancienne maison rabbinique

Elle est également connue sous le nom de maison communautaire. Elle a vraisemblablement été construite au XIXe siècle pour abriter le rabbinat. Elle a ensuite servi d’archives pendant de nombreuses années, où étaient conservés les documents de la communauté. Pendant de nombreuses années, elle a servi d’archives, où étaient conservés les documents de la communauté. Aujourd’hui, il est en mauvais état et tombe presque en ruines.

La maison de Sabbatai Tzvi

La maison était autrefois située dans les limites de l’ancien quartier de Bene Israel à İkiçeşmelik, mais elle se trouve maintenant dans la zone de fouilles de l’Agora de Smyrne. Réalisés sous la supervision de la municipalité métropolitaine d’Izmir, les travaux de restauration sont toujours en cours. La maison n’a pas encore ouvert ses portes aux visiteurs et ne peut être vue que de l’extérieur.

 

Synagogue Beit Israel

Karatas (deuxième Juderia) :

Synagogue Beit Israel

La synagogue Karataş Beit Israel, située sur Mithat Paşa Caddesi, juste sur la route du tramway, est la plus grande synagogue d’Izmir. Sa construction a commencé en 1905 et elle a commencé à célébrer des offices en 1907, malgré la construction en cours. Il s’agit d’une structure à deux étages, l’étage inférieur étant réservé aux hommes et l’étage supérieur aux femmes. Par rapport aux autres temples juifs traditionnels de Turquie, il présente un style architectural distinctif et une disposition unique des sièges. Dans la disposition architecturale traditionnelle, alors que Ehal Akodesh est souvent situé du côté est de l’intérieur, Beit Israel se trouve principalement à l’extrémité sud. Le plan architectural d’origine prévoyait de coiffer l’ensemble du plafond d’une coupole, mais les ressources financières limitées n’ont permis de construire qu’une petite coupole centrale. Outre les motifs traditionnels et religieux juifs courants, des symboles de l’État turc sont également utilisés à l’intérieur. La septième tige centrale des ménorahs de bronze à sept branches à l’intérieur de la synagogue est remplacée par « une étoile et un croissant ». Une pièce située à l’est de l’intérieur est organisée pour servir de yeshiva. En haut, sur le côté droit de l’entrée principale, on peut lire 5668 (1908), la date d’ouverture de la synagogue, et sur le côté gauche, Shaddai, l’un des noms de Dieu décrivant son auto-existence. Située dans Turgut Reis Mahallesi sur Mithatpaşa Caddesi, n° 265.

Hopital juif

Synagogue Rosh Ha-Har

La synagogue a vraisemblablement été construite à Karataş entre 1890 et 1895. En 1906, elle a fait l’objet de réparations importantes. L’entrée principale du bâtiment est accessible par trois marches dans une petite cour-jardin. La synagogue est basée sur un plan central. Dans l’axe de l’entrée principale, une terrasse accessible par douze marches depuis le jardin mène directement au sanctuaire. Située sur la 281 Sokak à Yukarı Karataş.

Hôpital juif de Karataş

Nesim Levi Bayraklı a fait don de sa maison pour servir d’hôpital après la fermeture de l’hôpital Rothschild situé à İkiçeşmelik. L’institution a été officiellement reconnue comme hôpital par le sultan Resat lui-même en 1914. L’hôpital Karataş a continué à fonctionner en tant que fondation sous le nom de « Fondation de l’hôpital juif d’Izmir » jusqu’en 1926. C’est aujourd’hui un centre médical.

 

Karsiyaka

Synagogue Kahal Kadosh

La synagogue Kahal Kadosh a été fondée à Alaybey entre 1881 et 1882 pour répondre aux besoins de la communauté juive qui s’est installée dans le quartier de Karşıyaka depuis Kemeraltı, qui était alors connu comme le quartier juif traditionnel. Lorsque les juifs de Karşıyaka ont quitté la ville pour s’installer à Izmir, la synagogue a été abandonnée et négligée pendant une longue période. La municipalité de Karşıyaka a proposé à la communauté juive de la transférer dans son patrimoine. Après de longues négociations, la communauté a accepté de le céder à la municipalité à condition que la propriété ne soit utilisée que pour des activités culturelles. Il a rouvert ses portes en 2000 sous le nom de Conservatoire municipal, après avoir été restauré dans son état initial. Le sanctuaire est réaménagé pour accueillir des concerts et des cours de musique. La plate-forme de tevah surélevée est convertie en scène. Une structure plus basse a été attachée à l’entrée principale. Aucune modification n’ayant été apportée au sanctuaire, les principaux éléments de l’intérieur, tels que les rangées de sièges, la tevah, l’arche qui contient les rouleaux de la Torah et les œuvres ornementales, ont tous conservé leur état d’origine. Ce qui est visible à l’œil, lorsqu’on entre par le côté droit de la synagogue, c’est une petite salle lumineuse entourée de fenêtres, de vitraux et de Magen David (le symbole juif de deux triangles superposés qui forment une étoile à six branches) tout autour, et sur le côté opposé se trouve l’Aron Hakodesh (Arche sainte), la tevah et diverses inscriptions hébraïques. L’une des deux portes restantes de l’Ehal est d’origine et l’autre a disparu. Il n’y a pas de section réservée aux femmes (khazarat nashim ou ezrat nashim) dans cette synagogue. Une section ouverte surélevée à laquelle on accède par trois escaliers au fond de la salle est connue pour être destinée aux femmes. La synagogue est située à Alaybey sur 1685 Sokak, qui était autrefois l’ancienne rue du tramway.

 

Cimetière juif de Bornova

Gürçeşme

Cimetière juif de Gürçeşme

L’espace du cimetière juif de Gürçeşme a été acheté dans le but d’enterrer les victimes d’une épidémie qui s’est déclarée au cours du dix-neuvième siècle et il a été utilisé jusqu’en 1885, uniquement dans le but mentionné. Cette même année, les enterrements ont été interdits dans l’ancien cimetière de Değirmendağ, utilisé depuis le XVIe siècle, et le cimetière de Gürçeşme a donc été officiellement créé. Le cimetière couvre une superficie d’environ 19 000 mètres carrés et contient 9478 tombes. Parmi celles-ci se trouvent les tombes de rabbins importants et éminents tels que Rabbi Hayim Palacci et Rabbi Abraham Palacci. Des pierres tombales dispersées dans la ville sont encore découvertes aujourd’hui et sont déplacées vers le cimetière de Gürçeşme. Le cimetière comprend également un mikvé. La tombe de Hayim Palacci et la zone où se croisent le mikvé et la synagogue Beit Hillel formeraient le « Triangle de diamant », ce qui en fait un site très prisé des visiteurs.

 

Bornova

Cimetière juif de Bornova

Le cimetière juif de Bornova, dans le district de Kazım Dirik, est situé en face de l’université d’Ege, à l’angle des rues Süvari Caddesi et Gediz Caddesi. Le cimetière fait face au cimetière anglican britannique qui se trouve de l’autre côté de la rue. L’inscription au-dessus des portes d’entrée en fer forgé du cimetière se lit comme suit : « Écoute, Israël, l’Éternel est notre Dieu, l’Éternel est unique, je suis la Vérité ». Une main avec l’index pointant vers le ciel est gravée au centre. Dès que l’on franchit les portes du cimetière, on découvre deux panneaux de marbre – l’un en hébreu et l’autre en anglais – installés sur les colonnes qui se dressent de part et d’autre de la grille en fer forgé. Légèrement obscurcie mais toujours lisible, l’inscription est la suivante : « … la parcelle de ce cimetière a été achetée et établie par un citoyen américain, Alexander M. Sidi, et est destinée à l’inhumation de personnes juives sans distinction de classe ou de nationalité. Elle a été mise en service le 29 avril 1880 pour l’inhumation des juifs mentionnés ci-dessus… Les droits de propriété de ce bien appartiennent aux Etats-Unis d’Amérique. Le cimetière contient 216 tombes.

Sources et crédits photos : Siren Bora & Selim Bonfil