Ukraine / Galicie orientale, Podolie et Bucovine

Medzyborz

La terrifiante guerre menée contre l’Ukraine change, bien entendu, la fonction de ces pages consacrées au patrimoine culturel juif de ce pays. Une grande partie des lieux mentionnés ont été rasés par les bombes. Si ces pages ukrainiennes n’ont pas actuellement de vocation touristique, elles pourront peut-être servir à des chercheurs et étudiants comme références historiques. Références à tant d’histoires douloureuses lors des pogroms et de la Shoah mais aussi heureuses du judaïsme ukrainien, dans ses dimensions culturelle, cultuelle et sioniste. En souhaitant au peuple ukrainien une fin rapide à ces atrocités dont il est victime.

Medzyborz, en Podolie, est une ville mythique pour les communautés juives, depuis que s’y établit en 1740 Israël ben Eliezer, plus connu sous le nom de Baal Shem Tov.

Israël ben Eliezer, dit le Baal Shem Tov

Israël ben Eliezer (1700-1760), dit le Baal Shem Tov (« maître du bon nom »), ou Besht, fondateur du mouvement hassidique, eut une influence considérable aux XVIIIe et XIXe siècles dans le monde juif d’Ukraine et de Pologne, insufflant à la religion une dimension à la fois spirituelle, populaire et festive. « Le Baal-Shem lui-même dansait le soir avec ses disciples. Prenant à la main le rouleau de la Torah, il dansa. Puis il reposa les Saintes Écritures et dansa. Alors l’un des disciples expliqua : « Voici que notre Maître laisse à présent la Torah visible pour se saisir de la Torah spirituelle. » »

Martin Buber, Les Recits Hassidiques (Vol. 1), Paris, Seuil, 1996.

Baal Shem Tov

La forteresse médiévale

Medzyborz, qui signifie « entre les Boug », est magnifiquement situé entre deux rivières qui portent presque le même nom : le Boug méridional, long fleuve qui traverse toute la Podolie jusqu’à la mer Noire, et son affluent le Boujok (« petit Boug »).

À l’entrée du village, en bordure du fleuve, se trouve une très grande forteresse médiévale, édifiée entre le XIVe et le XVIe siècle, encore pratiquement intacte. Au pied de la forteresse vivaient, avant la guerre, plus de 6000 habitants. Les deux tiers de la population étaient juifs.

Le cimetière du Baal Shem Tov

Le cimetière du Baal Shem Tov est très ancien. Sa tombe est enfermée et protégée dans une maisonnette en béton qui contient livres de prières et bougies.

Tombe du Baal Shem Tov. Photo de Ishpashout – Wikipedia

Longeant le cimetière vers la gauche, on parvient, environ 1 kilomètre plus loin, au nouveau cimetière juif de Medzyborz, dont les tombes datent de la fin du XIXe siècle à 1941. Celui-ci, beaucoup plus grand mais moins connu que l’ancien, est également très beau. Les tombes sont relativement bien conservées, mais les pierres s’affaissent déjà, et un fermier voisin a transformé une partie du cimetière en basse-cour.

Victimes de la Shoah

Plus loin encore, à un endroit très difficile d’accès, dans la forêt, se trouve le lieu où furent exécutés les juifs de Medzyborz, une fosse commune recouverte d’une immense plaque de béton et une stèle portant l’inscription : « Ici, dans ces ravins, le 22 septembre 1942, les barbares allemands fascistes ont fusillés férocement plus de 3000 femmes, enfants et vieillard, prisonniers du ghetto de Medzyborz. Souvenir éternel à nos chers compatriotes. ».