
Zagreb est la capitale de la Croatie. La présence juive date probablement du 10e siècle, originaire de régions environnantes, mais aussi d’Espagne et de France. Un lieu de prière a été mentionné à la fin du 15e siècle. Suite à l’expulsion de 1526, les juifs ne purent revenir s’installer que deux siècles plus tard.
Une cinquantaine de familles juives issues de Bohème, Moravie et Hongrie, habitèrent à Zagreb au milieu du 19e siècle. Une synagogue, construite par Franjo Klein, fut inaugurée en 1867. Le rabbin principal de la ville pendant cinquante ans fut Hosea Jacoby. Une école juive, un talmud torah et une résidence pour personnes agées virent le jour à cette époque. Parmi les personnalités juives de la ville, Jacques Epstein, fondateur de la première œuvre de charité croate, l’Association pour l’Humanisme. De nombreux juifs locaux jouèrent également un rôle dans le mouvement patriotique croate, parmi lesquels Joshua Frank. Autres personnalités de la ville : le médecin Mavro Sachs, le peintre Oscar Hermann et le pianiste Julius Epstein.

12 000 Juifs vécurent à Zagreb au début de la Deuxième Guerre mondiale, dont une partie étant des réfugiés des pays environnants. La Shoah fit de nombreuses victimes à Zagreb, entre les persécutions, assassinats et déportations. La synagogue fut détruite en 1941, comme la trentaine de synagogues que comptait la Croatie.
La communauté juive tenta de se reconstruire après-guerre. La population juive de Zagreb fut de 1 200 en 1970. Le nombre déclina à environ 1 000 au tournant du 21e siècle. Il constitue la majorité des juifs croates. C’est aujourd’hui un établissement beaucoup plus modeste qui fait office de lieu de culte, situé dans la même enceinte que les bureaux de la communauté juive de la ville.
Le siège de la communauté abrite également, outre une collection d’objets rituels, une bibliothèque qui contient plus de 20 000 volumes, dont certains semblent remonter au XVIe siècle, l’une des plus grandes du genre dans la région des Balkans.
Le musée juif de Zagreb fut créé en 2016, afin de célébrer les 210 ans de la communauté. Il présente essentiellement des objets rituels utilisés par les familles le long de cette histoire bicentenaire, permettant de redécouvrir cette vie juive à travers les époques. Plus de 150 objets en tout, dont des rouleaux de Torah anciens et des livres datant du 16e siècle.

Construit il y a cent-vingt ans au nord de la ville, le cimetière de Mirogoj est l’un des plus beaux d’Europe. Il contient une importante section juive, dont l’une des originalités est d’avoir des caveaux abritant côte à côte des tombes chrétiennes et des tombes juives : en effet, au bout d’un certain temps, les concessions de tombes juives, qui ne furent pas renouvelées du fait de la disparition de familles entières, ont été par la suite vendues à des familles chrétiennes.
On remarquera également les stèles funéraires de familles de la grande bourgeoisie locale de l’époque, les Deutsch-Maceljski, Alexander, Priester et Ehrlich. Le carré juif commence immédiatement à droite de l’entrée principale. Au fond, un monument représentant Moïse tenant les Tables de la Loi commémore l’Holocauste.
Sources : Encyclopaedia Judaica