Allemagne

Augsburg

Synagogue d’Augsburg ©Wikimedia commons Vitold Muratov

Les archéologues ont découvert une lampe à huile datant du 4e siècle. On y trouve dessus une menorah. Des preuves de la présence de juifs à Augsbourg sont plus fréquentes à partir de 1212. Des archives de la seconde moitié du XIIIe siècle décrivent une communauté bien organisée et mentionnent un Judenhaus (1259), une synagogue et un cimetière (1276), un mikveh et une salle de mariage (1290).

Développement et persécutions

Les Juifs étaient principalement vignerons et prêteurs sur gage. Jusqu’en 1436, les procès entre chrétiens et juifs étaient jugés par un tribunal mixte composé de 12 chrétiens et de 12 juifs. En 1298 et 1336, les Juifs d’Augsbourg sont sauvés de pogroms grâce à l’intervention de la municipalité. Pendant la peste noire (1348–1349), beaucoup sont massacrés et les autres sont expulsés de la ville. L’empereur donna la permission à l’évêque et aux bourgeois de réadmettre la communauté en 1350 et 1355.De 1434 à 1436, les Juifs d’Augsbourg sont contraints de porter un signe distinctif jaune. La communauté, qui comptait alors environ 300 familles, s’est dissoute en quelques années; en 1340, les derniers Juifs avaient quitté Augsbourg. Par la suite, les Juifs n’étaient autorisés à se rendre à Augsbourg que pendant leurs journées de travail. Ils obtiennent également le droit d’asile en temps de guerre.

Synagogue d’Augsburg. Photo de Mailtosap – Wikipedia

À la fin du Moyen-Âge, la yeshiva d’Augsbourg apporta une contribution importante au développement de la méthode d’étude et d’analyse du pilpul du Talmud. La variante de la méthode pilpul mise au point à Augsbourg est appelée « Augsburg hillukim ». Le talmudiste Jacob Weil a vécu à Augsbourg entre 1412 et 1438. Des pamphlets en hébreu étaient déjà imprimés à Augsbourg dès 1514, et une imprimerie en hébreu a été créée en 1532.

Organisation communautaire

Une communauté juive organisée s’établit de nouveau à Augsbourg en 1803. Des banquiers juifs s’installent en accord avec la municipalité afin de redresser le déficit fiscal de la ville. En pratique, les restrictions anti-juives à Augsbourg ont été supprimées en 1806 avec l’abrogation du statut spécial de la ville et son incorporation à la Bavière.

Plateau de Pessah. Photo de Wolfgang Sauber – Wikipedia

Cependant, le nouveau statut civique juif ne fut officiellement reconnu qu’en 1861. En 1871, Augsbourgfut le lieu de rassemblement d’une assemblée rabbinique chargée de la réforme liturgique. La population juive passe de 56 en 1801 à 1156 en 1900. Elle était au nombre de 1 030 en 1933. En 1938, la magnifique synagogue, inaugurée en 1917, est incendiée par les nazis.

À la fin de 1941, après l’émigration et la fuite vers d’autres villes allemandes, les 170 derniers Juifs furent rassemblés dans un ghetto. 129 d’entre eux furent envoyés à Piaski en Pologne en avril 1942 et le reste principalement dans le ghetto de Riga et à Theresienstadt. Dans l’immédiat après-guerre, un camp fut établi à Augsbourg pour héberger des Juifs déplacés. Quelques semaines après la libération, les survivants de la Shoah et les soldats juifs de l’armée américaine réinvestissent dans la synagogue très endommagée. La communauté a finalement été rétablie. La synagogue a été restaurée et rendue à la communauté en 1985. À la suite de l’immigration de Juifs d’ex-Union soviétique, le nombre de membres de la communauté est passé de 199 en 1989 à 1 619 en 2003.

La synagogue en 1919 ©Wikimedia commons HaimK

La synagogue

La communauté reçoit en 1861 l’autorisation du gouvernement de construire une synagogue. Dans le même bâtiment est prévu aussi un foyer socio-éducatif juif ainsi que les appartements du rabbin et des professeurs. La construction débute en mars 1864 et l’inauguration officielle a lieu le . À peine quelques années plus, la synagogue s’avère trop petite et la décision de la construction de la nouvelle synagogue est prise définitivement en 1900. La construction débute en 1914, mais le déclenchement de la Première Guerre mondiale retarde considérablement les travaux qui ne se termineront qu’en 1917, en raison du manque de personnel et de matériaux.

Dessinée par les architectes Fritz Landauer et D. Heinrich Lömpel, la  synagogue est construite avec magnificence dans le style Jugendstil (Art nouveau) tardif tout en s’insérant parfaitement dans le style baroque de la ville. Au-dessus du toit, de part et d’autre de la coupole, sont assis deux lions, symbole de la tribu de Juda. La forme des fenêtres avec leur motif en filigrane de pierre et la forme de la coupole mettent en valeur son inspiration orientale. Presque 800 places sont disponibles pour les hommes et les femmes qui sont séparés.
Sur la clé de voûte de la porte de la salle des colonnes, le sculpteur Walter Sebastian Resch a gravé la date 1298 avec une Étoile de David et les armes de la ville pour commémorer les relations plusieurs fois centenaires de la ville avec la communauté juive.

Ornement de Torah. Photo de Wolfgang Sauber – Wikipedia

Dans la cour un bassin d’ornement en marbre supporté par des corps d’animaux est alimenté par une source. Une sentence en hébreu sur le socle mentionne « Que tous ceux qui sont assoiffés viennent, ici coule la source ».

Les habitations du rabbin et du chantre, les locaux administratifs et l’école ainsi qu’une petite salle de prière pour les jours ouvrables sont situés dans les deux bâtiments donnant sur la rue.

Après l’inauguration de la nouvelle synagogue, la vieille synagogue dans la Wintergasse est fermée. Le bâtiment est reconstruit et utilisé comme chapellerie. Il sera complètement détruit lors de la Seconde Guerre mondiale.

Lors la nuit de Cristal la synagogue est pillée et mise à feu. Heureusement les habitants voisins, de peur que le feu ne se propage à leurs maisons et à des réservoirs de kérosène dans une station-service voisine, appellent les pompiers qui éteignent l’incendie. La structure de la synagogue n’a donc pas souffert. Pendant la Seconde Guerre mondiale, la synagogue est utilisée pour stocker les décors du théâtre municipal, tandis que le bâtiment de l’école juive est occupé par l’état-major de l’armée de l’air. La coupole de la synagogue sert de poste d’observation pour l’artillerie de défense antiaérienne.

Tombe de la famille Ulmo, 1720, cimetière juif d’Ausgburg ©Wikimedia commons (Yehudavid)

Après 1945, les bâtiments sont restitués à la communauté juive. Les bâtiments administratifs sont utilisés depuis 1958 comme centre culturel avec un jardin d’enfants, un espace de classes et une salle de fête. En 1964, la petite synagogue est de nouveau inaugurée et des offices sont tenus par la communauté juive. Dès 1965, la rénovation complète de la synagogue est entreprise. Les travaux ne commencent qu’en 1975 pour se terminer en 1985. Le , la synagogue est de nouveau inaugurée par un office en présence de plus de 120 membres de l’ancienne communauté d’Augsbourg venus du monde entier. Simultanément le musée culturel juif ouvre ses portes dans une partie du bâtiment. Ce dernier a été amplement rénové en 2005-2006.

Le musée juif

À la même adresse, le Musée juif a été fondé en 1985. Il documente la riche culture et l’histoire des Juifs d’Augsbourg et de la région de Souabe du Moyen Âge à nos jours. La nouvelle exposition permanente, installée en novembre 2006, présente cette histoire de la migration et se concentre sur la relation entre la minorité juive et la majorité chrétienne. Il décrit également les changements intervenus dans la pratique religieuse au cours du temps, montrant l’histoire juive comme partie intégrante de l’histoire d’Augsbourg et de Souabe. Vous trouverez un café casher dans le musée.

Le cimetière juif

Le cimetière a été ouvert en 1867 et est toujours utilisé. Notez cependant qu’en raison de vandalisme répété, le cimetière est fermé sauf pour les enterrements ou si vous annoncez votre visite à l’avance. Le cimetière compte environ 1500 tombes.

Sources: Encyclopaedia Judaica; Wikipédia ; Musée juif d’Augsbourg