Dans le film Un Singe en hiver, Jean Gabin et Jean-Paul Belmondo débattent pour savoir si le Prado est un musée entouré d’un jardin ou un jardin sur lequel est posé un musée. Ce qui est sûr c’est que le lieu et la ville qui l’accueille inspire Belmondo tout le long du film. Et inspire des générations de conquérants, artistes et auteurs depuis des millénaires, comme en atteste la grande richesse culturelle et architecturale de la capitale espagnole. Madrid vous enivrera de tout ce qu’elle possède et présente entre la Palais Royal et le Prado et bien autour et au-delà.
Nous savons que, dès le Xe siècle, une petite communauté juive existe à Madrid sous la domination musulmane. Après la reconquête, elle devient assez importante, et, après les pogroms de 1391, dont elle a beaucoup souffert, elle se reconstitue lentement.
On sait, en particulier, que les médecins comme rabbi Jacob sont protégés par le roi, qui leur accorde le droit de résider en dehors du quartier juif afin de mieux soigner les malades.
En 1492, les juifs de Madrid partent pour Fès (Maroc) et Tlemcen (Algérie). Les six médecins juifs de la ville suivent leurs coreligionnaires, laissant la ville sans assistance médicale, mais ils reprennent leur poste en 1493, après s’être convertis au christianisme.
Grâce aux recherches menées par les historiens madrilènes, il est possible de localiser assez précisément les deux quartiers juifs de la ville, dont il reste malheureusement peu de traces.
Ils se situaient autour de la place d’Isabelle (rues de l’Indépendance et de Vergara), et au pied de la cathédrale de la Almudena, près de l’ancien alcazar, dans la cuesta de La Vega.
Les juifs ne reviennent à Madrid qu’autour des années 1850, de façon épisodique et sans organisation fixe. Il s’agit de commerçants et de banquiers qui participent notamment à la création des chemins de fer. La famille la plus connue est celle des Bauer, qui furent les représentants de la banque Rothschild.
Ne disposant pas de cimetière particulier, ils élèvent, dans les premières années du siècle, un panthéon au sein du cimetière anglais . C’est un monument inspiré de l’Égypte antique qui abrite les restes de Gustave Bauer (1867-1916), de Manolin Bauer (1898-1906) et Ida Luisa Bauer (1906-1908). On y trouve aussi une trentaine de tombes juives, qui rappellent l’existence de cette petite communauté au XXe siècle et l’origine de ses membres.
Pendant la IIe République espagnole, une communauté de quelques milliers d’âmes se reconstitue, mais elle disparaît pendant la guerre civile. En 1964, commence la construction de la synagogue de la rue Balmes , qui abrite aussi le centre communautaire.
Elle est inaugurée en 1968. La salle de prière est ornée de copies des inscriptions hébraïques de la synagogue de la synagogue du Tránsito de Tolède. La communauté possède un mikveh, une boucherie casher et un collège d’enseignement.
On n’oubliera pas non plus que Madrid est le siège de la revue Sefarad , éditée par le CSIC (Conseil supérieur d’investigation scientifique) qui publie depuis sa création, en 1941, l’essentiel de la recherche espagnole et internationale sur l’histoire du judaïsme séférade.