Espagne / Catalogne

Gérone

Call de Gérone ©Enric Rubio Ros

C’était la deuxième communauté en importance de Catalogne, par le nombre de ses membres (1000 aux XIIe et XIIIe siècles, mais plus qu’une centaine au XVe siècle), et par la qualité de ses savants. C’est à Gérone que vécurent Nahmanide, Jonah ben Abraham Gerondi, Azriel de Gerone, Bonastruc da Porta, Isaac l’aveugle. La Gérone juive est très célèbre depuis 1980, grâce à la découverte de la ruelle Sant Llorenç, oubliée du call (expression catalane pour judería, signifiant rue ou chemin), qui donne une fidèle image de la vie juive dans cette ville. Jusqu’au XIIIe siècle, les juifs vivent dans des maisons appartenant au chapitre de la cathédrale, autour de l’actuelle plaça dels Apostols. Puis, peu à peu, ils agrandissent ce quartier autour de la rue de la Força. Visitez ce quartier à pied.  Il y a eu, sans doute, trois synagogues successives à Gérone. la première s’élevait près de la cathédrale, disparue en 1312, à l’occasion de travaux. La deuxième était dans la rie de la Força, probablement aux numéros 21-25, mais elle fut fermée en 1415 après la publication de la bulle de Benoît XII. La troisième synagogue, en activité au moment de l’expulsion, se trouvait au numéro 10 de la rue de la Força, où la municipalité a installé  le Centre Bonastruc da Porta (centre d’études juives) et un musée juif. Il est très probable que dans cet édifice se trouvait aussi la boucherie casher. Pour le moment, une première tranche de travaux a été réalisée, qui a mis en valeur l’architecture de brique. Un peu plus loin, vous pouvez voir, au coin de la rue Cundaro, la maison qui fût habitée par Nahmanide.

Le cimetière se trouvait sur une hauteur encore dénommée aujourd’hui Montjuic. En 1492, les juifs en firent don au chevalier Joan de Sarriera qui avait aidé la communauté au cours d’une émeute antijuive. Les propriétaires successifs utilisèrent les pierres tombales comme éléments de construction. Une grande partie a été retrouvée, étudiée et superbement exposée dans le  Musée archéologique, lui-même installée dans le cloître de l’église San Pere de Galligants. Il y en a aussi au  Musée historique de la Ville. Ces souvenirs sont émouvants par la qualité de la sculpture et des textes.

Vous remarquerez également les jambages des entrées des anciennes maisons juives : au numéro 5 de la carrer de la Força, par exemple, elles portent encore la cavité réservée à une mezouzah. Le musée biblique du Séminaire en conserve une du XVe siècle, retrouvée au numéro 15 de la carrer de la Força en 1886. Aux  archives de la ville, vous aurez l’occasion d’admirer de nombreux documents et contrats rédigés en hébreu ou en judéo-catalan, ainsi que des reliures anciennes d’ouvrages faites à partir de parchemins hébreux.