France / Occitanie

Béziers

La façade de la cathédrale Saint Nazaire

La présence juive est attestée à Béziers depuis l’époque romaine, mais l’âge d’or des juifs biterrois est sans conteste le Moyen-Âge classique, époque à laquelle la ville était surnommée la « Petite Jérusalem », tant en raison de l’importance de sa communauté que de la vue que l’on avait depuis la plaine de l’Orb et qui ressemblait à celle de Jérusalem.

Son école rabbinique est renommée, et Benjamin de Tudèle, dans son carnet de voyages évoquera une ville « où les sages abondent ».

Plusieurs rabbins et savants adoptèrent le surnom « Beders » (Béziers en hébreu), en l’honneur de leur ville, notamment le poète Abraham Bedersi et son fils Jedaiah.

La situation des Juifs biterrois était bien plus enviable que celle de leurs coreligionnaires languedociens, grâce à la protection des vicomtes de Trencavel, et notamment Raymond Roger, vicomte de Béziers et de Carcassonne qui nomme des baillis juifs pour gouverner la ville. Cet âge d’or prend fin brutalement en 1209 lors de la croisade des albigeois déclenchée par le pape Innocent III.

Béziers puis Carcassonne tombent aux mains des croisés. 200 juifs périssent lors du sac de Béziers, les 200 restants avaient déjà quitté la cité sous la protection du vicomte.

La pierre hébraïque de Béziers

À la chute de Carcassonne, les juifs de Béziers se réfugient en Catalogne et refondent une communauté dans la petite ville d’Olot. Ils gravent la dédicace de leur nouvelle synagogue dans une pierre, en y inscrivant la douleur de l’exil, et la perte de leur ville. Le toponyme est celui Béziers en hébreu, « Beders », et la guerre à laquelle il est fait allusion est datée de l’an 4969, ce qui correspond à l’an 1209 de l’ère commune. Il est donc bien question de la croisade des Albigeois.

Cette pierre a été retrouvée dans les années 1940, dans les ruines de la chapelle du cimetière d’Olot, incendié au début de la guerre civile espagnole. Elle est actuellement exposée au musée-trésor de l’église Sant Estève d’Olot.

Quelques années plus tard, les juifs réfugiés à Olot, ou une partie d’entre eux, reviennent à Béziers. Ils érigent une nouvelle synagogue. La dédicace est datée, de l’an 4900 … 4. Le millésime est manquant, en raison d’une cassure de la pierre, mais des recherches ont permis de déduire qu’il s’agirait de l’année 1214.

Comme la pierre d’Olot, elle évoque l’exil, la destruction du temple lors du sac de la cité et sa réédification, dans un poème de 12 lignes constituées de « centons » bibliques. C’est la plus grande et la plus importante inscription hébraïque de toutes celles du moyen âge juif. Elle est actuellement exposée au  musée du Biterrois. Dans ce même musée vous verrez également la dalle funéraire de « Daniel, fils de rabbi Paregores », ainsi que la maquette de Béziers au Moyen-Âge, localisant la synagogue de l’époque.

Diorama de Hanouka

Vous pourrez également voir un étonnant « diorama de Hanouka » au musée juif. Ce panorama met en situation une scène de vie à Jérusalem lors de la réinugauration du temple en 140 avant JC, évènement qui est à l’origine de la fête de Hanouka. Après avoir été exposé à la mairie de Béziers durant les 8 jours de la fête en 2020, il fait désormais partie des collections permanentes du musée. Il permettra de présenter l’histoire du peuple juif : création puis destruction des deux temples, diaspora et évocation de l’arrivée des juifs en terre occitane. Ce diorama a été conçu et réalisé par les deux cofondateurs de l’association Mémoire Juive de Béziers : Chantal Viotte-Rabinovitch et Paul Benzimra.

Sur la façade occidentale de la  cathédrale Saint Nazaire deux statues allégoriques représentant, l’une la « synagoga » privée de ses attributs et les yeux bandés, l’autre « l’ecclésia » triomphante. A l’intérieur de la cathédrale, vous retrouverez à deux endroits les lettres hébraïques du tétragramme divin.

Enfin, si vous vous promenez dans Béziers, certaines rues font écho au passé juif de la ville. Au  28 rue du 4 septembre se trouve l’emplacement de l’ancienne synagogue royale, où a été trouvée scellée la pierre hébraïque de Béziers.  La rue de la petite Jérusalem mène à l’ancienne juiverie épiscopale, située dans l’actuelle rue Boudard. Les rues  Capus et du  Soleil sont les vestiges d’un ancien quartier juif cerné par les 2 branches du « U » dessiné par la rue du Capus, et dont le porche roman qui commande l’entrée de la rue du soleil était la porte d’accès. Des événements réguliers sont organisés dans la ville. Pour plus d’informations sur les événements à venir, vous pouvez consulter le site www.memoirejuive-beziers.org

La   synagogue de Béziers accueille depuis l’été 2020 un musée juif retraçant l’histoire des juifs biterrois et présentant une copie de la pierre hébraïque du 13e siècle.

Source et crédit photo : Association Mémoire juive de Béziers