France / Lorraine

Metz

Synagogue de Metz. Photo de Fab5669 – Wikipedia

La présence juive messine date probablement des premiers siècles de l’ère commune. Néanmoins, les premières attestations administratives sont recensées au 9e siècle.

La première grande figure locale juive fut le rabbin Gershom Ben Yehouda (960-1028), symbole de la place importante consacrée à l’étude dans la région et qui fut surnommé « Lumière de l’exil ». Ben Yehouda fut notamment connu pour sa décision d’interdire la polygamie chez les juifs vivant en Europe. Il deviendra une autorité rabbinique incontournable à Mayence mais aussi dans le monde ashkénaze en général. Parmi les autres érudits de l’époque, Eliezer Ben Samuel, l’élève de Ben Yehouda et le tossafiste David de Metz, mais aussi Juda de Metz et Samuel ben Salomon de Falaise. Les « savants de Lorraine » entretenaient de nombreux échanges intellectuels à la fois avec les penseurs français et allemands.

Portrait de l’Abbé Grégoire par Pierre Joseph Célestin François

Entre les croisades (dont celle de 1096 qui résulta au massacre de 22 juifs à Metz), expulsions et réinstallations, la stabilité de la vie juive à Metz ne se concrétisa qu’au 16e siècle, lorsqu’ils sont officiellement autorisés à y vivre. On ne compta pratiquement aucun juif pendant deux siècles et demi, jusqu’en 1552. Ainsi, en 1595, 120 juifs habitent la ville. Un chiffre qui augmenta avec l’arrivée de juifs du Rhin lors des deux siècles suivants, la population juive passant à 3000 en 1748.

Au 17e siècle, la ville de Metz avait donc sa propre synagogue (construite en 1619), ainsi qu’un  cimetière juif. Des impôts lourds furent souvent imposés aux juifs de la ville, ainsi que des limitations dans l’accès à l’emploi. En 1670, Raphaël Lévy fut jugé et exécuté à Glatigny, accusé de meurtre rituel. Des mesures anti-juives sont prises dans cet élan. Raphaël Lévy sera réhabilité par la commune de Glatigny en 2014.

Peu de temps avant la Révolution française, Pierre Louis de Lacretelle et Pierre-Louis Roederer s’engagèrent pour l’émancipation des juifs de Metz. Ce dernier organisa en 1787 le concours de la Société royale des Arts et des Sciences de Metz autour de la question « Est-il moyen de rendre les Juifs plus heureux et plus utiles en France ? » Parmi les lauréats du prix, on retrouve l’abbé Grégoire, figure emblématique de la lutte pour l’émancipation des juifs, menant également le combat contre l’esclavage des noirs.

Cimetière israélite de Chambieres-Metz. Photo de Aimelaime – Wikipedia

Suite à la Révolution, les juifs de Metz obtinrent la nationalité française en 1791 et la liberté de culte leur fut reconnue en 1792. L’école talmudique, créée en 1821, devient l’école rabbinique de France en 1829, symbole de la grande place toujours attribuée à l’érudition dans la région. Elle sera transférée à Paris trente ans plus tard.

La  synagogue qui fut détruite auparavant fut reconstruite en 1850 par l’architecte Nicolas-Maurice Derobe dans un style néo roman. Les juifs habitèrent principalement autour de la synagogue et dans la  Jurue, rue des juifs. Le conflit de 1870 ainsi que la Première Guerre mondiale encouragèrent l’arrivée de réfugiés juifs en Lorraine, notamment à Metz. Ainsi, la population juive passé de 2000 en 1866 à 4150 en 1931.

Parmi les autres figures importantes de la ville, le rabbin Nathan Netter et le rabbin Elie Bloch. Ce dernier fut déporté avec sa femme et son enfant pendant la Shoah. Avec l’aide du père Jean Fleury, l’aumônier des Tsiganes du camp de Poitiers, il organise la fuite de nombreuses familles dans les campagnes. La  rue où se trouve la synagogue de Metz a depuis été nommée en son nom. 2000 juifs de Metz périrent pendant la Shoah.

La communauté juive se reconstruisit difficilement après la guerre, ayant perdu un grand nombre de ses membres. Dans les années 1960 des juifs d’Afrique du Nord participèrent à ce deuxième souffle.