Ville frontalière de Genève, Annemasse s’est principalement développée à partir du début du 20e siècle.
La présence juive à Annemasse date probablement du moyen-âge mais fut assez faible. Cela changea avec l’émancipation des juifs de France suite à la Révolution et surtout avec l’arrivée dans la région de juifs d’Alsace-Lorraine.
Au tournant du 20e siècle, les juifs y vécurent paisiblement. Lors de la Seconde Guerre mondiale, des réseaux se constituèrent pour passer en zone libre, puis pour franchir la frontière suisse dans les alentours d’Annemasse et Novel.
Parmi eux, le couple de Résistants Flore et Georges Loinger, membres de l’OSE et des réseaux Bourgogne et Garel, qui ont fait passer 350 enfants juifs en Suisse via Annemasse. Ils furent assistés par Tony Gryn, Mila Racine et son frère Emmanuel Racine.
Mila dirigea des convois d’enfants et fut arrêtée pendant une de ces missions en 1943 et incarcérée à la prison du Pax. Elle mourut deux ans plus tard à Mauthausen. Un parc en sa mémoire a été inauguré en 2023. Une école primaire d’Annemasse porte le nom de Marianne Cohn, Résistante qui a également participé au sauvetage d’enfants juifs en Savoie, assassinée par la Gestapo. Jean Deffaugt, maire d’Annemasse pendant la guerre, fut reconnu Juste parmi les Nations pour avoir sauvé des enfants juifs emprisonnés par les occupants et menacés de déportation. Une place porte son nom.
Selon une étude de Bernhard Blumenkranz de 1970, la communauté juive d’Annemasse comprenait 60 personnes. Priant autrefois dans la ville voisine de Genève, les juifs ont désormais une synagogue .
L’année 2022 fut dédiée par la mairie d’Annemasse à la mémoire de Marianne Cohn. Un hommage a été rendu au courage de Mila Racine et Marianne Cohn lors d’un événement organisé par la synagogue en 2023, à l’occasion de l’inauguration du parc. Une Maison de la Mémoire devrait être inaugurée en 2025, à l’emplacement de l’ancienne prison du Pax.
Sources : « Les Juifs en Savoie du moyen-âge à nos jours » de Jacques Rachel, Yad Vashem, Times of Israel