Jusqu’au milieu du XIXe siècle et jusqu’à l’unification italienne, les juifs étaient très peu nombreux à en Lombardie, comme dans les siècles précédents dans tout le duché. Aujourd’hui, Milan représente, après Rome, la deuxième communauté juive d’Italie en importance, avec quelque 9000 personnes d’une trentaine d’origines différentes, dont de nombreux juifs venus d’Égypte, de Libye et d’Iran. C’est une communauté très dynamique à l’image de la capitale lombarde.
La présence juive à Milan date de la période romaine. Des inscriptions hébraïques datant de cette époque ont été retrouvées par les archéologues. Une synagogue milanaise datait au moins du 4e siècle, mais elle fut détruite par des habitants locaux. Les juifs milanais continuèrent d’y vivre le long des siècles.
Ce n’est qu’au 13e siècle avec l’arrivée plus conséquente de juifs dans la région de Lombardie que la communauté milanaise se développa. Une synagogue fut construite suite à une autorisation accordée par le Duc Filippo Maria Visconti en 1452. Néanmoins, à la fin de ce siècle, les juifs milanais furent expulsés.
Leur retour s’effectua principalement au début du 19e siècle, lorsque la ville devint la capitale lombarde du Royaume napoléonien d’Italie. Sept familles juives y vécurent en 1820, un chiffre qui passa à 200 personnes vingt ans plus tard, une population principalement composée d’étudiants venus profiter de l’ouverture des universités sans discrimination. Participant aux combats pour l’indépendance nationale, les juifs milanais furent intégrés au Royaume d’Italie et se virent accorder l’égalité des droits en tant que citoyens en 1859.
Une synagogue fut construite Via Stampa en 1840. Une seconde synagogue vit le jour Via Guastalla en 1892. Grâce au développement industriel de Milan, la ville devint un grand pôle d’attraction continental. La population juive passa donc de 700 en 1870 à 4500 en 1920.
Suite à la Première Guerre mondiale, des juifs d’Europe de l’Est s’installèrent à Milan. La venue de réfugiés augmenta encore suite aux premières persécutions en Allemagne. Il y avait donc 12000 juifs milanais présents en 1938. Au début de la Seconde Guerre mondiale, près de 5000 juifs réussirent à s’évader vers les Etats-Unis et Israël. Suite à l’invasion allemande, de nombreux juifs furent capturés, déportés et assassinés.
Moins de 5000 juifs vécurent à Milan au lendemain de la guerre, parmi eux des réfugiés des villages avoisinants. Certains partirent en Israël, mais d’autres réfugiés s’établirent à Milan, principalement d’Egypte à partir de la fin des années 1940. Ainsi, sur les 8500 juifs milanais en 1965, la plupart étaient sépharades. D’autres juifs issus des pays arabes s’intégrèrent à Milan suite à la guerre des Six jours et aux persécutions.
En 1993 fut inaugurée le Centre Contemporain de Documentation Juive (CDEC) , qui posséda alors la plus grande collection d’archives vidéo liées à la vie juive en Europe, grâce notamment à l’acquisition de documents d’Europe de l’Est. A cette même époque fut célébré les 100 ans de la synagogue de Via Guastalla, restaurée pour l’occasion.
Au tournant du 21e siècle, 6500 juifs milanais y vécurent. La communauté juive ayant une dizaine de synagogues et même un journal, Il Bollettino della Comunita di Milano. Un mémorial de la Shoah a été inauguré en 2013 dans la gare centrale de la ville.
Un ancien cimetière juif datant du 14e siècle se trouvait près de la Porta Tenaglia, un lieu qui a connu de nombreux changements urbains. Un autre ancien cimetière de Fopponino n’est plus présent également. En 1872, une section juive fut accordée au Cimetiero Monumentale de Milan. On y trouve un monument en hommage aux victimes du nazisme, ainsi qu’une salle de prière inspirée par les vitraux de Chagall.