Située à une quarantaine de kilomètres de Chisinau, Orhei est surtout connu des guides touristiques pour son monastère troglodyte, situé en banlieue de la ville, à Orhei Vechi, très intéressant à visiter. Il est d’ailleurs considéré comme l’une des sites touristiques majeurs de la Moldavie.
La ville dispose également d’un riche passé juif, dont il reste encore plusieurs traces aujourd’hui. En sortant de Chisinau sur la route d’Orhei, demandez à vous arrêter au niveau du monument érigé en 1991 à l’emplacement d’un site où des exécutions massives de citoyens juifs, exploités dans une carrière située à proximité, eurent lieu. Pour vous rendre à Orhei depuis Chisinau, vous pouvez soit utiliser une marshrouthka (minibus collectif) en précisant bien que c’est à Orhei, et non à Orhei Vechi que vous souhaitez aller, soit prendre un taxi.
Dans les deux cas, le plus simple est de partir depuis la gare routière de Piata centrale, le marché central. Comptez environ une demi-heure de route en taxi et une heure de route en marshroutka. Enfin, n’hésitez pas à vous adresser avant votre visite au centre culturel juif de Chisinau, qui pourra vous mettre en relation avec des représentants de la communauté de la ville.
Comme pour le reste de la Bessarabie, c’est surtout à partir du début du 19ème siècle qu’une présence juive significative se développe à Orhei. C’est dans l’une des familles de cette région que naquit en 1861 Meir Dizengoff, premier maire de Tel-Aviv. Au début du vingtième siècle, la ville comptait quelques 7000 Juifs pour un total de 12000 habitants, soit environ 65% de la population. La communauté juive d’Orhei ne représente plus aujourd’hui que quelques dizaines de personnes, la majorité des Juifs de la ville ayant survécu à la Shoah étant partie vers Israël ou les Etats-Unis après la chute de l’Union soviétique.
Vous pourrez commencer votre promenade dans Orhei la juive en vous rendant au numéro 15 de la rue Srisului Latin, où se trouve l’une des anciennes synagogues de la ville, désormais reconvertie en centre commercial.
Si le bâtiment ne présente plus aucuns symbole extérieur attestant de ses précédentes fonctions, son architecture générale est typique de celles des synagogues de la région construites au cours du 19ème siècle. En face de la synagogue se trouve désormais le stade municipal, où était précédemment situé la maison de retraite pour personnes âgées de la communauté juive.
Vous pourrez ensuite déambuler de part et d’autre de la rue Vasile Lupu, dans les rues de la vieille ville qui ont gardé du shtetl sinon l’esprit, du moins l’apparence. Rues pavées, petites maisons à un étage datant de la période tsariste ou roumaine, arrière-cours faisant office de débarras et de poulaillers, le décor n’a pas vraiment changé à Orhei depuis l’époque où les Juifs représentaient la majorité de la population de la ville. Ces derniers avaient leur hôpital, situé autour du 127 rue Vasil Lupu que vous pourrez visiter : les locaux sont restés intacts et ont désormais été intégrés à l’hôpital public de la ville.
En remontant la rue Lupu, au numéro 62, vous tomberez sur la seule synagogue d’Orhei encore en activité, de manière intermittente. C’est là où la désormais petite communauté de la ville se rassemble pour les fêtes. Au croisement de la rue Lupu se trouve la rue Constantin Stamati, que vous emprunterez pour vous rendre au cimetière juif d’Orhei, l’un des plus vieux de Bessarabie. Etabli il y a plus de quatre siècles sur une colline en bordure de la ville, ce cimetière abrite plus de 25 000 tombes et constitue l’un des cimetières les plus émouvants et les mieux préservés de Bessarabie. On soulignera la présence de deux monuments à la mémoire des victimes de la Shoah, l’un de facture assez classique, l’autre plus original portant en russe et en hébreu les noms d’une centaine de Juifs d’Orhei tués par les soldats roumains et allemands pendant la Seconde Guerre mondiale.
Au numéro 95 de la rue Lupu se trouve la maison de Haïm Rappoport. Juif d’Orhei, H. Rappoport, après avoir été déporté par les Roumains avec toute sa famille dans le camp de Domanovka, dans la région du Bug, retourna dans sa ville natale, avant d’en être exilé par les autorités soviétiques dans la région d’Irkoutsk, en Sibérie, jusqu’en 1956. En 2003, son fils Semeon parvint à récupérer auprès du gouvernement moldave cette humble demeure dont la famille Rappoport avait été expropriée.
En redescendant vers le centre-ville, légèrement en retrait de la rue Vasile Lupu, au 23 rue Renasterii Nationale se trouve le Musée ethnographique d’Orhei, dont la visite est amplement méritée. Située dans une petite bâtisse de style neoromanesc, le musée fournit d’intéressants éléments sur l’histoire de la ville, particulièrement au cours de la seconde guerre mondiale.
Vous pourrez terminer votre promenade à Orhei par un déjeuner au restaurant Primavera, au 152 rue Vasile Mahu. Situé dans un élégant immeuble art déco construit au début du vingtième siècle, il n’a cessé de fonctionner depuis 1914 et constitue l’une des fiertés de la ville.