Pologne / Plateau de Lublin

Zamosc

Synagogue de Zamosc © Wikimedia Commons (MaKa)

Zamosc est un magnifique exemple de la Renaissance polonaise. Édifiée aux XVIe et XVIIe siècles par des architectes venus d’Italie, au service des rois Sigismond et Casimir, la ville présente une unité architecturale particulière, avec son hôtel de ville au large perron, sa place centrale, bordée de très belles maisons patriciennes, Renaissance et baroque, et un quadrillage de rues anciennes et étroites qui s’ordonnent autour de l’enceinte et des portes de la ville.

La communauté juive s’est installée à partir de 1588, quand le vovoïde Jan Zamojski fit venir dans sa ville des juifs séfarades d’Italie, d’Espagne, de Turquie, et leur accorda des privilèges. Au XVIIe siècle, ils s’établirent en plus grand nombre encore. Au XVIIIe et XIXe siècles, se développa à Zamosc la Haskalah, le mouvement des Lumières et de l’émancipation venu de Berlin et de Vilna (Vilnius). Pendant le partage de la Pologne, Zamosc appartint à l’Empire russe. La ville vit naître, en 1851, l’écrivain yiddish Itzhak Leybush Peretz qui y vécut trente-six ans avant de se rendre à Varsovie, mais aussi, en 1870, Rosa Luxemburg, révolutionnaire assassinée à Berlin en 1919. En 1856, 2490 juifs y vivaient ; en 1921, ils étaient 9383 (soit 60% de la population), et juste avant la guerre, 12000 ; ils furent tous déportés à Belzec en avril et mai 1942.

Autour des rues Zamenhofa et Pereca se trouve l’ancien quartier juif. La  synagogue de la rue Zamenhofa, au numéro 9, a été édifiée en 1610-1620 dans la style de la Renaissance tardive polonaise, comme d’autres bâtiments importants de Zamosc. Détruite pendant la guerre, restaurée dans les années 1950-1960, puis 1980, elle a conservé son portail Renaissance. Jusqu’en 2011, c’était une bibliothèque publique, elle a depuis été entièrement restaurée et rendue comme lieu de culte à la communauté juive. À côté de la synagogue se trouvaient la maison communautaire (dom Kahakny) et un mikveh de 1877.

Itzhak Leybush Peretz

Itzhak Leybush Peretz (Icchok Leib Perec en polonais) est considéré, avec Scholem Aleïkhem en Mendel Moïkher Sforim, comme l’un des auteurs classiques de la littérature yiddish. Né en 1851 à Zamosc, il commence à écrire en polonais puis en hébreu, et opte en 1888 pour le yiddish qui était alors considéré comme un jargon, le mameloshn. Il exerce pendant dix ans sa profession d’avocat, puis « monte » à Varsovie où il développe la culture yiddish et fonde un quotidien, Der Veg. Son convoi funèbre, en 1915, est suivi par 100000 personnes. Ses Contes hassidiques ont été traduits en français en 1980 aux éditions Stock. L’écrivain Georges Perec, dont les parents étaient originaires de Lubartów, près de Lublin, affirmait être un arrière-petit-neveu de Peretz (cf. W ou le Souvenir d’enfance, Paris, Gallimard, 1993).