La terrifiante guerre menée contre l’Ukraine change, bien entendu, la fonction de ces pages consacrées au patrimoine culturel juif de ce pays. Une grande partie des lieux mentionnés ont été rasés par les bombes. Si ces pages ukrainiennes n’ont pas actuellement de vocation touristique, elles pourront peut-être servir à des chercheurs et étudiants comme références historiques. Références à tant d’histoires douloureuses lors des pogroms et de la Shoah mais aussi heureuses du judaïsme ukrainien, dans ses dimensions culturelle, cultuelle et sioniste. En souhaitant au peuple ukrainien une fin rapide à ces atrocités dont il est victime.
Dans la ville d’Ouman, célèbre pour son parc, la Sophievka, aménagé par le comte Potocki dans le grand style des architectes paysagistes du XVIIIe siècle, s’est installé et est mort, en 1810, le rabbi Nahman de Bratzlav, l’un des continuateurs les plus originaux de la doctrine du Baal Shem Tov, dont il était l’arrière-petit-fils.
Lieu de pèlerinage
Du cimetière juif, il ne reste qu’une seule tombe, celle de rabbi Nahman, transformée en lieu saint. L’entrée du cimetière est protégée par un gardien, une synagogue a été élevée sur la tombe elle-même qui en forme l’un des murs, de sorte qu’on peut se recueillir de l’intérieur et de l’extérieur.
De nombreux bancs sont installés ainsi qu’un système d’échafaudage métallique avec une passerelle permettant de canaliser les fidèles qui font la queue devant l’entrée de la maison de prière. À l’entrée, une inscription en français, anglais, russe et hébreu rappelle aux visiteurs qu’ils sont dans un lieu saint.
Derrière la tombe du rabbi Nahman s’étend l’ancien cimetière, un simple champ couvert de neige et bordé de H.L.M.
Rabbi Nahman de Bratzlav
Tsaddik, auteur de contes entre autres, maniant le paradoxe jusqu’à l’extrême, défenseur d’un existentialisme mystique, joueur d’échec, théoricien de l’instabilité, précurseur de Kafka, Rabbi Nahman de Bratzlav (1772-1810) a profondément renouvelé le hassidisme et donné naissance à un mouvement qui connaît encore aujourd’hui des milliers d’adeptes, notamment en Israël et aux États-Unis.
Chaque année au mois de septembre, pendant le nouvel an juif, des milliers de pèlerins se rendent à Ouman pour se recueillir sur sa tombe.