Portugal / Norte

Porto

Synagogue Kadoorie © Wikimedia Commons (Bricking)

Porto est la capitale du nord du Portugal. Une ville qui représente la seconde agglomération du pays après Lisbonne. Elle est surtout connue pour ses monuments historiques et son vin.

La présence juive date du Moyen âge. Le plus ancien quartier juif se situait à l’intérieur des murs de la vieille ville, où se trouve l’actuelle Rua de Santa Ana, à proximité de la cathédrale romanesque.

En 1386, Dom Joao I accorda aux juifs des terres afin qu’ils puissent y construire un nouveau quartier, à proximité de l’église Nossa Senhora da Vitoria, qui abrita peut-être une ancienne synagogue. La synagogue était située sur le site actuel du couvent de S. Bento da Vitoria. Une plaque indique aujourd’hui cet ancien lieu.

A l’époque de l’Inquisition, les marranes furent contraints de s’installer à R. de S. Miguel, une synagogue secrète se trouvant entre les numéros 9 et 11 de la rue, comme l’attesta une récente découverte.

Un quartier juif, Monchique, fut également présent dans le Bairro de Miragaia. En 1826 fut découvert une inscription hébraique historique, la « pierre de Monchique », qui est présentée au Museu Arqueologico do Carmo à Lisbonne.

Parmi les personnalités juives de la ville, on peut citer le philosophe Uriel da Costa (1590-1647), le médecin Samuel da Silva (1571-1631), le rabbin et médecin Abraham Pharar (?-1663) et le poète Bento Teixeira (1561-1618).

Le nom de  la synagogue de Porto , Kadoorie, est emblématique du « rayonnement international» que connut la communauté portugaise. Kadoorie est, en effet, le nom d’une famille d’origine judéo-portugaise, nationalisée anglaise et installée à Shanghai. Ses membres ont généreusement subventionné la construction de ce beau monument avec l’aide des communautés portugaises de Lisbonne, Londres et Amsterdam, en 1936. La synagogue peut accueillir 300 personnes et dispose de toutes les installations nécessaires au culte. Elle est en grande partie l’œuvre du capitaine Barros Basto, qui a essayé de faire revenir les crypto-juifs de la région à la foi de leurs ancêtres.

En 2007, un mikveh a ouvert dans l’enceinte de la synagogue. Et, depuis 2015, un musée juif s’y est également ouvert, témoignant du dynamisme de la communauté locale. Le musée loge dans trois des salles du premier étage de la synagogue. Dans l’une d’entre elles, a été reproduite une synagogue séfarade classique. L’exposition met en valeur des documents et objets illuminant des pans de l’histoire juive moderne de la communauté juive de Porto. On y trouve notamment une réplique d’une inscription qui se trouvait sur la façade d’une synagogue ouverte en 1380 à Porto, ainsi que la liste des 842 personnes torturées par l’Inquisition aux XVe et XVIe siècles.

En 2021, un musée de l’Holocauste a été créé à Porto. Deux ans plus tard a été inauguré un mémorial dédié aux 842 victimes de l’Inquisition de Porto. Un long travail de numérisation par la communauté des documents des Archives nationales de Lisbonne, aboutissant à l’identification des noms de ces victimes, aujourd’hui posés sur une paque commémorative de 4 mètres de large et 2 mètres de haut. Elle est posée sur un des murs extérieurs du musée juif de Porto .

On constate en 2023 que le nombre de juifs habitant à Porto a triplé en une décennie, atteignant un millier de personnes, en grande partie grâce à la loi sur la citoyenneté pour les juifs expulsés suite à l’Inquisition et l’arrivée de nombreux étudiants, notamment français. Des dizaines de dirigeants de communautés juives européennes se sont réunis cette année-là à Porto pour constater et saluer cette rare progression continentale.

Ainsi, on trouve actuellement à Porto une boucherie et plusieurs restaurants cashers et une autre synagogue. Malgré cette évolution très positive, la communauté est victime d’attaques antisémites prétextées sous le couvert de soutien palestinien, avec notamment des immeubles dégradés, dont la synagogue Kadoorie vandalisée en octobre 2023.

Sources : Encyclopaedia Judaica, Rede de Judiarias, Times of Israel

Un Dreyfus portugais

Élevé dans une famille chrétienne de Porto, Barros Basto retrouve le judaïsme après une visite à la synagogue de Lisbonne. Il se marie avec une jeune fille juive, après s’être lui-même converti à Tanger. Il va alors parcourir inlassablement tous les petits villages autour de Porto où existaient des groupes de crypto-juifs, à qui il insuffle, par son ardeur et sa prestance, le courage d’affirmer au grand jour leur judaïsme, après des siècles de vie clandestine. Il s’attache en particulier à l’éducation juive des enfants, seul moyen, selon lui, de redonner vie aux anciennes communautés. À cette fin, il crée d’ailleurs un collège d’enseignement à Porto. En butte à des accusations mensongères et à l’opposition des milieux salazaristes, il est destitué et condamné en 1938. Il meurt dans la misère, en 1961. Il sera réhabilité par l’État portugais en 1997, qui reconnaît son innocence et son inlassable dévouement.


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