La vieille ville de Berat est un site du patrimoine mondial, connu sous le nom de la « ville aux mille fenêtres ». En effet, les maisons blanches de la ville et leurs fenêtres encadrées de bois sombre semblent comme superposées les unes aux autres.
Perpendiculaire à la rue Antipatrea vous trouverez la rue des juifs.
Musée juif de Berat
Mais surtout, vous trouverez à Berat le seul Musée juif d’Albanie. Le Musée Solomoni a été crée en 2018 par Simon Vrusho. Ce passionné collectionne et expose des centaines de documents, photographies et artefacts retraçant 2000 ans d’histoire juive en Albanie. Il raconte également le sauvetage par les Albanais de confessions musulmane et chrétienne des juifs pendant la Shoah. A la mort de Vrusho, l’homme d’affaires franco-albanais Gozmend Toska a financé sa réouverture et son agrandissement dans un autre quartier de la ville.
Lieu d’enterrement de Sabbatai Zevi ?
On notera également que certaines sources affirment que le faux messie Sabbatai Zevi serait inhumé à Berat. ceci explique l’implantation d’une communauté Deunmé à Berat au XVIIe siècle. La ville est restée un lieu de pèlerinage des fidèles de Zevi jusqu’au XXe siècle. Vous pouvez visiter la tombe supposée du mystique dans la Mosquée du Sultan vous la reconnaîtrez grâce à sa calligraphie turque. De l’autre côté de la cour se visite une mosquée de taille plus modeste. Vous remarquerez au-dessus de la porte d’entrée des motifs floraux ressemblant à s’y méprendre à des étoiles de David – indiquant peut-être que ce bâtiment fut autrefois un lieu de culte deunmé.
Il raconte le sauvetage par les Albanais de confessions musulmane et chrétienne des juifs pendant la Shoah. Il a été créé par le professeur Simon Vrusho qui consacra une grande partie de sa vie au partage de ce courage. A sa mort, l’homme d’affaires Gozmend Toska a financé sa réouverture et son agrandissement dans un autre quartier de la ville.
Né à Smyrne (l’actuelle Izmir) en 1626, dans une famille de drapiers originaires du Péloponnèse, kabbaliste exalté, Sabbataï Zevi, convaincu d’être le Messie, entraîna dans la tourmente les communautés juives de l’Empire ottoman. Pour son exégète moderne le plus pénétrant, Gershom Scholem, ce mouvement religieux et insurrectionnel s’est développé sur fond de mysticisme cabalistique, forme dominante de la piété juive de l’époque.
Dès l’expulsion d’Espagne, des penseurs juifs s’étaient interrogés sur la signification d’une telle catastrophe, la rapprochant des destructions du Temple de Jérusalem. « Je pense que ces épreuves, dira un rabbin à Rhodes en 1495, sont les douleurs de l’enfantement du Messie. » Ainsi peut-on comprendre l’enthousiasme et les espérances qui suscita le fulgurants mouvement messianique du smyrniote, en dépit de son excommunication par les rabbins de Jérusalem. En 1665, Sabbataï Zevi décide de partir à Istanbul. Arrêté par les autorités ottomanes, contraint de choisir entre le martyre et la conversion à l’islam, le prétendu Messie choisit de se plier.
Certains de ses partisans considèrent cette apostasie comme une étape indispensable à la réalisation de sa mission et se convertissent eux aussi à l’islam, tout en conservant leur foi juive et en pratiquant les rites en secret. Cette communauté des deunmés (« ceux qui se sont tournés ») se replia vers la Turquie, à la fin de l’Empire. Certaines grandes familles deunmées jouent, aujourd’hui encore, un rôle important dans l’édition ou l’industrie. Longtemps cachés, restés discrets durant les soixante-dix premières années de la République laïque fondée par Mustapha Kemal, les deunmés turcs commencent à revendiquer ouvertement leur identité et leur histoire.