Souverains de la région, les ducs hongrois Esterhazy accordèrent une protection particulière aux juifs des sept communes du Burgenland, dont Eisenstadt fait partie. Dès 1670, la région abrita, et ce pendant 250 ans, l’un des plus importants centres culturels juifs d’Europe centrale.
La présence juive à Eisenstadt date probablement du 14e siècle. Une communauté y trouvant refuge d’autres villes mais aussi expulsés de celle-ci. Mais Eisenstadt est surtout connue pour avoir accueilli une des communautés les plus florissantes du 17e au 19e siècles, depuis leur retour en 1626. Soumis à des pressions fiscales, les juifs purent malgré tout y vivre dans une relative liberté. Grâce notamment au soutien de la famille Estherhazy et de figures marquantes comme Samson Wertheimer (un rabbin qui construisit un beit hamidrash), la yeshiva de Meir Eisenstadt et celle de Azriel Hildesheimer.
Les juifs furent expulsés d’Eisenstadt suite à l’Anschluss de 1938. La plupart s’installèrent alors à Vienne. La synagogue fut détruite et le cimetière juif vandalisé. Une poignée de juifs d’Eisenstadt survécurent à la Shoah. De nombreux manuscrits juifs du Musée Wolf furent accueillis après-guerre au Landesmuseum Burgenland .
À ne pas manquer, la visite du Musée juif autrichien qui rappelle l’histoire tout à fait insolite de cette région avec ses nombreux documents et objets exposés. Il a été construit en 1972 et fut le premier musée juif autrichien ouvert après la guerre.
Rencontre avec Christopher Meiller, conservateur et éducateur au Musée juif autrichien.
Jguideeurope : Comment le projet Jahrzeit s’est-il matérialisé au Musée ?
Christopher Meiller : Le « projet Jahrzeit » a été rendu possible grâce à une découverte étonnante, lorsque dans les années 1990, 750 plaques Jahrzeit de la région ont été retrouvées accidentellement dans le grenier du musée.
Vraisemblablement, elles y avaient été placées il y a longtemps, et maintenant le musée était en mesure de rendre ces pièces uniques, datant du 18ème siècle jusqu’en 1938, accessibles au public.
En les ajoutant à la synagogue à côté des salles d’exposition, accompagnées d’informations explicatives et traductions des plaques.
Pouvez-vous nous présenter quelques-uns des autres objets présentés à l’exposition permanente du Musée ?
Un élément particulièrement pertinent et certainement unique est la gueule de la Torah du célèbre rabbin Akiva Eger le Jeune, une autorité rabbinique de premier plan de son temps, originaire d’Eisenstadt.
Le plus intéressant est également une assiette de Seder très inhabituelle du 18ème siècle, pleine de détails remarquables et parfois déroutants. Et puis, bien sûr, la synagogue, non seulement étonnante d’un point de vue esthétique, mais aussi la plus ancienne encore utilisée à ce jour en Autriche.