Grèce

Chalkis

Mémorial pour le Colonel Mordechai Frizis. Photo d’Arie Darzi – Wikipedia

La grande particularité de la communauté juive de Chalkis est que des juifs y vécurent de manière non interrompus pendant plus de 2500 ans ! Probablement une des seules en Europe dans ce cas. Ils s’installèrent principalement au nord-est de la forteresse.

Il y a 2000 ans, Flavius Joseph mentionne déjà la présence de juif dans la ville grecque dans son œuvre. De même pour le voyageur Benjamin de Tudela douze siècles plus tard.

En 1159, il note la présence de 200 juifs dans la ville, principalement des fabricants de soie et des teinturiers. Et ne souffrant d’aucune discrimination. Ils parlaient tous le grec et avaient une synagogue.

Synagogue de Chalkis. Photo d’Arie Darzi – Wikipedia

A partir du 13e siècle, lors de la conquête vénitienne, le sort des juifs fut bien différent. Ils subirent des discriminations et durent vivre dans un ghetto.

Des taxes supplémentaires et une interdiction d’obtenir la nationalité s’ajoutèrent à ces discriminations. Puis, en 1402 l’interdiction d’acheter des terres se situant à l’extérieur du ghetto.

A partir de 1470, la ville passe sur contrôle de l’Empire Ottoman qui y perpétue un grand massacre des villageois. Les juifs subirent les mêmes souffrances et exploitations que lors de l’occupation vénitienne.

En 1840, lorsque la ville fit partie de la Grèce, la communauté compta 400 personnes.

Sophie de Marbois. Tableau de Robert Lefèvre

La  synagogue, située sur la rue Kotsou, fut détruite en 1854 et reconstruite sur le même endroit l’année suivante grâce à l’aide de la Duchesse de Plaisance, Sophie de Marbois. Celle-ci est d’ailleurs connue pour ses nombreuses activités philanthropiques dans tout le pays. Malheureusement de nombreuses archives et parchemins disparurent sous les flammes.

L’ancien et le nouveau  cimetières juifs se trouvent sur la rue des Martyrs Juifs Grecs, rue ainsi rebaptisée par les autorités locales ces dernières années. A la fin du 20e siècle, un grand travail de restauration des pierres tombales fut entrepris.

On estima à 325 le nombre de juifs présents dans la ville à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Un des premiers officiers grecs à tomber les armes à la main fut le Colonel Mordechai Frizis.

Héros de la Première Guerre mondiale, il se distingua aussi lors de la Seconde, pendant l’attaque italienne de 1940-1. Après avoir repoussé les forces italiennes sur le pont de la rivière Thiamis, celles-ci contre-attaquèrent par les airs.

Mordechai Frizis. Photo de Wikipedia

Il resta sur le champ de bataille au côté de ses hommes et mourut de ses blessures. Enterré sur le champ de batailles pendant la guerre, ses restes furent à nouveau enterrés en 2004 au cimetière juif de Salonique avec les honneurs militaires en la présence du président grec Kostis Stephanopoulos. Son petit-fils, qui porte le même nom que lui, en hommage au héros, fut le rabbin qui officia la cérémonie.

Suite à l’invasion allemande, les juifs se réfugièrent dans les collines, grâce à l’aide des habitants et résistants. D’autres fuirent vers la Palestine en passant pas la Turquie. Mais une bonne partie des juifs furent déportés par les nazis.

Un monument a été érigé à la mémoire des victimes de la Shoah où l’on aperçoit les bustes de l’Evêque Grigorios et du Colonel Frizis. Ce dernier est également par une statue près d’un pont de Chalkis, une rue ainsi que d’autres monuments à Athènes.

Au tournant du 21e siècle il n’y demeurait plus qu’une soixantaine de juifs dans la ville, la plupart s’établissant à Athènes ou à l’étranger.