Modène a le grand mérite d’être connue pour des monuments bien différents. Monuments architecturaux et religieux comme dans un bon nombre de villes italiennes et chefs-d’œuvre gastronomiques avec notamment son célèbre vinaigre. Mais aussi des monuments contemporains qu’on prend le temps d’admirer lorsqu’ils ne passent pas à toute vitesse devant vous, les Ferrari et autres Lamborghini et Maserati, construites dans la région…
Histoire des juifs de Modène
La présence juive à Modène date probablement du 15e siècle, lorsqu’ils se trouvèrent sous la protection des Ducs d’Est. En 1443, ils sont obligés de porter un signe distinctif. Une bulle pontificale les autorise huit ans plus tard à s’installer librement sur les terres d’Este.
Suite à l’Inquisition espagnole en 1492, des juifs séfarades viennent migrent en Italie, notamment à Modène. Un ghetto fut institués à Modène en 1638. De nombreuses synagogues et oratoires furent construits à cette époque. La ville représenta un important centre d’études juives, grâce à l’influence de nombreux érudits.
Un ancien document prouve l’existence d’un cimetière juif . Il se trouvait près de l’actuelle Via della Fosse. Il fut utilisé jusqu’au 17e siècle. Un carré juif fut installé dans le cimetière de San Cataldo.
A l’image des autres territoires italiens conquis par Napoléon, le ghetto de Modène fut aboli en 1796, mais réinstaurés en 1815. Ce n’est qu’avec l’annexion des territoires au royaume d’Italie que les juifs devinrent en 1860 des citoyens italiens bénéficiant des mêmes droits que leurs compatriotes.
Symbole de cette intégration, une magnifique synagogue est construite à partir de 1869. Pendant ce temps, une partie du ghetto est rasée dans une démarche de renouvellement urbain. Si la communauté comptait près d’un millier de personnes au milieu du 19e siècle, ce chiffre diminua graduellement, notamment à cause de nombreux départs pour Milan.
Un peu moins de 500 juifs habitaient à Modène à la veille de la Seconde Guerre mondiale. 70 d’entre eux furent déportés pendant la Shoah. De nombreux juifs participèrent à la Résistance. Combattant pendant la Première Guerre mondiale puis diplomate, Angelo Donati organisa la fuite de milliers de juifs, tandis que le président de la communauté, Gino Friedman, géra la protection de nombreux jeunes. Bien que relativement petite, la communauté juive demeure très active culturellement.
Visite de Modène
En descendant à la gare de Modène, vous prenez la Sgarzeria où se trouve l’ancienne usine de tabac. Vous continuez sur la Via Francesco Rismondo avec tous ses bâtiments de couleur jaune, orange terre battue, rose et rouge.
Puis, Via Emilia Centro et vous prenez à droite sur Corso Duomo, une jolie place avec de nombreux câbles téléphériques tels des nuages métalliques inamovibles, peuplée de terrasses, voutes, kiosque et passants virevoltant autour. Et avec une étonnante petite sculpture d’un joueur de foot en hommage à Pannini, le célèbre inventeur des albums à autocollants.
Un peu plus loin, après la place avec son manège vous arrivez enfin au Palazzo dei Musei qui abrite les archives d’Etat, une bibliothèque et des musées de la ville, un ensemble un peu à l’image du bâtiment ancien accueillant ce type de lieux à Parme.
En prenant les petites ruelles vers la cathédrale, on tombe sur la Sala Truffaut, un ciné-club nommé en hommage au réalisateur français Via degli Adelardi. Une jolie place vous attend ensuite au coin de Via dei Servi et Francesco Selmi.
Cent mètres plus haut, sur la Via Luigi Albinelli, vous trouverez le marché historique de la ville couvert avec ses étales et tables longues. Attention aux horaires limités hors saison.
Remontez encore 100 mètres en saluant la jolie Piazza XX Settembre pour arriver sur la Piazza Grande. Centre-ville accueillant la cathédrale qui fait face au Palazzo Comunale. Une juxtaposition des pouvoirs temporel et spirituel fréquente dans cette région d’Emilie Romagne. La cathédrale de Modène est très différente de sa voisine de Parme, assez sobre, avec ses briques rouges et quelques peintures murales au fond.
Un peu plus haut, on tombe sur la place Mazzini, nommée en hommage à Giuseppe Mazzini, révolutionnaire et patriote italien. Une statue lui rend hommage.
Également présente à l’entrée de la place une carte des lieux bombardés de Modène pendant la Seconde Guerre mondiale.
Au bout de cette place se situe une très belle synagogue orientalisante, construite entre 1869 et 1873, sur un projet de Ludovico Maglietta. Elle a une double façade, l’une donnant sur la piazza Mazzini, l’autre sur la Via Coltellini et, à l’intérieur, la salle de prière de forme circulaire est entourée par une colonnade corinthienne qui soutient la galerie des femmes.
Sur la façade de la synagogue est inscrit en hébreu « Baroukh haba beshem Hasehm » et « Ptekhou li Shaaré tsedek », signifiant respectivement, « Soyez les bienvenus au nom de Dieu » et « Que les portes de la Justice me soient ouvertes ». Un message d’ouverture et de quête de tikoun olam, la réparation du monde.
La rue sur la droite de la synagogue est la via Biasa, sur et aux alentours de laquelle se trouvait le ghetto.
On arrive ensuite devant l’impressionnant bâtiment du Palazzo Ducale, lieu de formation des officiers de l’armée italienne, qui donne sur la Piazza Roma.
En prenant à gauche on aperçoit sur la Piazza San Domenico la statue d’une femme sur le Monument de la Liberté.
A droite de la place, on trouve une statue du célèbre chanteur d’opéra Luciano Pavarotti sur la rue Carlo Goldoni qui vous tend les bras, invitation à entrer dans le théâtre communal qui porte son nom et se situe derrière lui. A côté duquel se situe le musée Pannini, moins généreux et surprenant en présentation que les autocollants qu’on trouvait enfant dans ses paquets.
Dans le même ensemble du Palazzo Santa Margherita, il y a une bibliothèque fréquentée par les étudiants qui s’attablent dans la cour, où depuis 2023 est présentée une exposition qui présente de nombreuses photos de rues de Modène en 1973 et les mêmes lieux photographiés en 2023. Avec comme changements perceptibles, les vélos remplacés par les voitures, les portails de sécurité ajoutés et surtout les nombreux bâtiments rénovés. Ce qui dans la ville qui accueille le musée Ferrari n’est finalement qu’un hommage.
Un peu plus haut, l’école hippique des officiers italiens assure la transition avant d’arriver au joli petit Parco Ducalo Estenze qui vous mène à la gare. Et si vous avez le temps, que vous avez effectué votre visite à 300 km/h, vous mériterez de visiter le musée Enzo Ferrari, situé derrière le parc, à droite de la gare.