Italie / Marches

Ancône

L’Arche de la synagogue. Photo de Daniel Ventura – Wikipedia

Les juifs arrivèrent à Ancône vers l’an 1000. Au XIVe siècle, la ville abritait une importante communauté juive dont l’activité s’organisait autour du port et du commerce avec l’Orient. En 1541, le pape Paul III encouragea l’installation des juifs expulsés de Naples et même, en 1547, de marranes venant du Portugal, leur promettant protection contre l’Inquisition.

Une centaine de familles de marranes profitèrent ainsi de l’autorisation. Mais la bulle de Paul IV, Cum Nimis Absurdum, de 1555 fut appliquée rigoureusement à Ancône. Les juifs furent enfermés dans un ghetto et leur activité limitée au commerce des vêtements de seconde main. Un légat fut envoyé à Ancône pour sévir contre les marranes. Certains réussirent à s’enfuir pour Pesaro ou Ferrare. Vingt-cinq furent brûlés entre avril et mai 1555. Cette tragédie eut un grand retentissement dans le monde juif.

A la demande de Dona Gracia Nassi, le grand sultan turc intervint à plusieurs reprises. Les juifs du Levant menacèrent de boycotter le port d’Ancône et de le transférer à Pesaro. Ce mouvement échoua pour toutes sortes de raisons, notamment la crainte de certaines autorités rabbiniques de susciter des réactions plus dures de la part du Pape. Finalement, lorsque les Papes expulsèrent les juifs de leurs états en 1569 puis en 1593, les juifs furent autorisés à demeurer à Ancône.

Synagogue d’Ancone. Photo de Daniel Ventura – Wikipedia

La communauté ne retrouva jamais sa prospérité mais, de par ses relations avec l’ensemble du monde juif, elle continua d’attirer de nombreux rabbins et lettrés. Les troupes napoléoniennes abolirent le ghetto et les discriminations. A la chute de Napoléon en 1814, le ghetto fut rétabli lorsque la ville retourna aux états du Pape. Il fut ouvert en 1831, mais l’égalité totale des droits ne fut obtenue qu’en 1861.

L’artère principale du ghetto est la via Astagno. La synagogue de rite levantin fut construite sur l’initiative de Moïse Basola en 1549. Détruite au XIXe siècle, elle fut reconstruite en 1876. La grande salle de prière, encore en fonction, se trouve au premier étage. Juste en face de l’aron, de style baroque, orné de colonnes de marbre, se trouve la tévah qui provient de Pesaro. Au rez-de-chaussée ont été disposés les éléments intérieurs de la Synagogue démolie en 1932.