Suisse / Suisse Alémanique

Berne

Synagogue de Berne. Photo de Janz – Wikipedia

La présence juive bernoise date probablement du 6e siècle. Des juifs sont mentionnés dans les textes de loi. Durant le Moyen Age, comme dans de nombreuses autres villes de la région, la situation des juifs varia entre accueil, persécutions (qui débutèrent à Berne en 1294) et expulsions, selon le pouvoir en place. Dans la vague des grandes expulsions qui se déroulèrent entre la fin du 14e et la fin du 15e, les juifs bernois furent expulsés en 1427.

Au XIVe siècle, le ghetto juif s’étendait sur l’emplacement actuel de l’administration fédérale: l’Inselgasse, siège du département de l’Intérieur, s’appelait la Judengasse; Le Palais fédéral a pris la place du cimetière juif.  Le centre communautaire actuel et sa synagogue mauresque ne sont pas loin, sur la Kapellenstrasse.

Une curiosité de la Kornhausplatz: la Fontaine de l’ogre qui date de 1544. Pour les uns, la statue de l’ogre en train de dévorer des enfants est une simple image de carnaval. Pour les autres, elle est une représentation moyenâgeuse du juif accusé de tuer des enfants chrétiens. L’ogre porte un chapeau jaune pointu, identique à celui qui était imposé aux juifs pour les discriminer.

En 2017, le Musée des Beaux-Arts de Berne a présenté l’exposition « Art dégénéré, confisqué et vendu ». Parmi ces 200 œuvres, des peintures de Franz Marc, Otto Dix et Otto Mueller. Elles font partie d’un leg du collectionneur Cornelius Gurlitt qui céda également au musée des tableaux de Cézanne, Delacroix et Munch qu’il avait caché dans son appartement de Munich pendant des décennies. Son père fut chargé par les Nazis de vendre les œuvres d’art volées aux juifs par le régime, art étiqueté de « dégénéré ». La récupération des œuvres par les familles fut au cœur d’une longue procédure juridique. Les œuvres montrées pendant l’exposition ne concernent pas les tableaux volés.

Rencontre avec Jacob Guzman, historien et membre actif de la communauté juive de Berne

Jguideeurope : Qu’est-ce qui a motivé votre engagement pour la mise en valeur du patrimoine culturel juif de Berne ?

Jacob Guzman : Ce patrimoine risque de disparaître si on ne prend pas la peine de le faire connaître à la population. Il faut d’autres médias que les livres d’histoire.

Comment s’est déroulée la grande exposition consacrée à Albert Einstein ? 

Le directeur du musée d’histoire a contacté la communauté de Berne pour avoir quelques indications sur la vie juive à Berne à l’époque d’Albert Einstein. Nous avons remis, en prêt à long terme, quelques objets rituels, une Thora, et une serviette  ayant appartenu à Einstein.

Quels sont les événements d’ouverture prévus pour les Journées Européennes de la culture juive ?

Nous participons aux Journées Européennes de la culture juive, mais n’avons pas encore le programme de cette année.

Pouvez-vous nous raconter une rencontre avec un visiteur ou un conférencier lors d’un événement culturel qui vous a particulièrement marqué ? 

Un exemple parmi beaucoup d’autres : la rencontre avec l’architecte Ron Epstein qui a écrit un livre sur l’architecture des synagogues en Suisse. Nous avons eu le privilège à Berne d’avoir, pendant plusieurs années, des séries de conférences à thèmes juifs. Ces conférences payantes étaient, bien qu’organisées par un membre de notre communauté, ouvertes à tout le monde. Cela nous a donné l’occasion d’avoir du contact avec de nombreux conférenciers et a permis au public non-juif de connaître certains aspects de la culture juive.