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Bâle

Synagogue de Bâle
Synagogue de Bâle

La présence juive à Bâle date probablement de 1213. Durant le Moyen Age, comme dans de nombreuses autres villes de la région, la situation des juifs varia entre accueil, persécutions et expulsions, selon le pouvoir en place. Dans la vague des grandes expulsions qui se déroulèrent entre la fin du 14e et la fin du 15e, les juifs bâlois furent expulsés en 1397.

« À Bâle, j’ai créé l’État juif », écrivit Theodor Herzl dans son journal, après la tenue du premier congrès sioniste, du 29 au 31 août 1897. Neuf autres congrès se tiendront à Bâle. Une rue à son nom et une plaque dans le casino rappellent aujourd’hui les origines bâloises de l’aventure sioniste.  La synagogue, inaugurée en 1868, est l’œuvre de l’architecte Hermann Gauss, qui prit comme modèle celle de Stuttgart, de style néo-byzantin, mauresque et roman. Vingt ans plus tard, elle fut agrandie et une seconde coupole ajoutée. Lors de la rénovation en 1947, on décida de recouvrir d’un gris uniforme les murs vivement colorés de la synagogue. Ce gris correspondait mieux à l’époque austère et au goût local.

Musée Juif de Bâle. Photo de RedaktionJMS – Wikipedia

Quarante ans plus tard, les couleurs de jadis ont ressuscité dans l’édifice refait. Le style oriental a été néanmoins atténué, en modernisant les motifs. À l’intérieur, le jaune beige domine, avec des décorations bleues et rouges. Une multitude d’étoiles dorées se détachent de la coupole. Les façades polychromes sont en rouge et blanc.

Le seul musée juif de Suisse se trouve à Bâle. Sa collection reflète le patrimoine juif de la région, comme des livres en hébreu imprimés à Bâle, des pierres tombales, des documents sur l’histoire des juifs et sur les congrès sionistes.

Le centre communautaire abrite également le restaurant casher Topas.

En 2012 fut ouverte la première synagogue depuis 83 ans. La communauté juive comptait alors près de 2000 membres. Elle fait partie du  Centre Juif Chabad Feldinger. Elle se situe à proximité de la synagogue Chabad. Elle a été vandalisée en 2018. Cette même année une boucherie cachère fut attaquée à plusieurs reprises.

Rencontre avec Barbara Haene, Directrice des recherches et de l’événementiel au Musée juif de Suisse

Barbara Haene. Photo de Elena Haschemi Schirazi

Jguideeurope : Quels sont les événements prévus pour les Journées Européennes de la culture juive ?

Barbara Haene : Le Musée juif de Suisse s’occupe de l’organisation des Journées Européennes de la culture juive en Suisse depuis l’initiation en 1999. Il y en a un programme varié au musée cette année. Par exemple, un « show cooking » où l’on cuit la challa, ou bien un événement au cours duquel un expert en art évalue en direct des objets de culte juifs. La visite guidée de la ville « sur les traces de Herzl à travers Bâle » et la visite guidée de la synagogue sont également très appréciées chaque année.

Pouvez-vous présenter certains objets qui figurent à l’expo « Jewish for beginners and experts » ?

En tant qu’historienne travaillant sur l’histoire juive de la Suisse, j’ai bien sûr certaines préférences. J’aime particulièrement les objets qui témoignent de la vie simple des juifs dans la campagne d’Endingen Lengnau, par exemple un manteau de la Torah utilisé à l’origine pour une robe de femme. Ou bien une montre à gousset de la Chaux-de-Fonds qui témoigne de l’importance des juifs dans le métier de l’horlogerie en Suisse.

Museumsnacht 2022. Photo de Elwira Spychalska

Pour l’histoire juive de Bâle, le premier congrès sioniste, qui fête cette année son 125e anniversaire, est bien sûr aussi d’une grande importance. Le Musée juif conserve de nombreux objets relatifs au premier congrès sioniste. Une collotypie sur laquelle les participants au congrès sont représentés vaut, par exemple, la peine d’être vue.

Constatez-vous une évolution des attentes du public ces dernières années ?

Au cours des dernières décennies, les connaissances des jeunes se sont transformées. Auparavant, ils avaient une connaissance relativement grande des histoires bibliques, d’Adam et Eve, de Moïse et des Dix commandements, de Rachel et de Léa. Ils connaissaient les personnages de l’Ancien Testament grâce à l’église, aux cours de religion ou à leurs bibles pour enfants.

Aujourd’hui, la sécularisation a fortement augmenté. Peu de jeunes visitent les églises. Presque personne ne lit la Bible. Mais aujourd’hui, les jeunes connaissent mieux les coutumes juives. Ils connaissent Hanoukka et le shabbat, les fêtes de bar / batmitzva et la réglementation de la casherouth. La diversité est en vogue.

Via Egnatia 2021. Photo de Elena Haschemi Schirazi

Les jeunes rencontrent la culture juive à l’école, sur Netflix et Youtube, dans la musique pop et dans la gastronomie. Leur connaissance du judaïsme est marquée, entre autres, par le houmous, les falafels et les bagels.

Pouvez-vous nous raconter une rencontre avec un visiteur ou un conférencier lors d’un événement culturel qui vous a particulièrement marqué ?

Il y a quelques semaines, nous avons accueilli la rabbine Bea Wyler au musée. Nous avons son châle de prière, son talith, dans notre collection. Bea Wyler a été la première femme à officier en tant que rabbin en Europe germanophone après la Shoah. Lorsqu’elle a été ordonnée dans les années 2000, elle a été confrontée à de nombreux courants contraires en tant que femme dans une profession exclusivement masculine. Aujourd’hui, elle est la première d’une série de jeunes femmes rabbins. Les femmes sont appréciées, jouissent d’un certain prestige et ne ressentent plus de vents contraires que dans certains milieux orthodoxes et ultra-orthodoxes.