Turquie / Istanbul et ses environs

La rive asiatique

Synagogue Beth Yaacov
Synagogue Beth Yaacov

Aujourd’hui, deux grands ponts traversent le Bosphore, intégrant ainsi pleinement dans la ville sa partie anatolienne. Auparavant seuls les ferries permettaient de passer d’une rive à l’autre ; les quartiers asiatiques d’Istanbul, ainsi que les villages bordant le Bosphore de ce côté, vivaient selon un autre rythme, un peu en marge du coeur palpitant de la cité. À Kuzguncuk, un peu au nord d’Uskudar, s’étendait un important quartier juif, surnommé « la petite Jérusalem », où il existe toujours deux belles synagogues. C’est aussi sur cette rive asiatique que s’élève, près de la gare d’Haydarpasa, la belle synagogue Hemdat Israël.

La grande ville est omniprésente. Cependant, Kuzguncuk a conservé l’atmosphère d’un village, oasis de tranquillité verdoyante donnant vers le Bosphore et le couchant. Icadiye caddesi est le coeur du quartier qui fut habité pendant plus de 400 ans par des Grecs, des Arméniens et surtout des juifs. Aujourd’hui, il n’en reste plus beaucoup mais les inscriptions en hébreu sur de nombreuses façades en pierre et bois, rappellent ce passé.

La  synagogue Beth Yaacov, élégant lieu de culte d’été, édifié en 1878, en lieu et place d’une synagogue plus ancienne, et restaurée à la fin du siècle dernier, sonne sur un beau jardin. Vous remarquerez les originales peintures de paysages au plafond.

Tout à côté, s’élèvent une église grecque et une église arménienne. Plus haut, à flanc de colline, la  synagogue Bet Nissim servait durant les mois d’hiver. Construite en 1840, elle se caractérise par sa belle salle richement peinte. L’aron date de la fin XVIIIe siècle.

Une visite s’impose au cimetière juif de Nakas Tepe, assez éloigné du centre de Kuzguncuk. Beaucoup de juifs s’y faisaient enterrer même s’ils résidaient ailleurs dans la ville, car cette terre d’Asie était considérée comme plus proche de la Terre sainte. On peut y voir quelques belles stèles datant des XVIe et XVIIe siècles. Comme les autres cimetières juifs de la ville, il a été abondamment pillé ces dernières décennies. Ses pierres ont servi à la construction des maisons de bric et de broc édifiées par les immigrants arrivés d’Anatolie.

En descendant le long de la rive du Bosphore, vers le sud, après avoir passé Uskudar, vous arriverez à Haydarpasa, superbe gare datant du début du siècle, terminus du train qui reliait la capitale aux possessions ottomanes du Moyen-Orient, Jérusalem, la Mecque, Médine…Beaucoup de juifs arrivant de Kuzguncuk s’installèrent dans ce quartier en plein développement où une nouvelle et belle synagogue Hemdat Israël fut inaugurée en 1899, en présence de nombreux dignitaires ottomans et occidentaux. Le bâtiment donnant sur un jardin paraît discret de l’extérieur mais contient une imposante salle de prière rectangulaire avec un plafond peint et de belles décorations murales. L’aron est installé au milieu de l’un des grands murs latéraux faisant face à la tévah de l’autre côté de la salle comme dans certaines synagogues italiennes. On peut voir, non loin de là, au numéro 13 de la rue Zeamet, un petit cimetière juif bien conservé.