Autrefois ville et désormais village, Michaël Iancu décrit dans son livre Les Juifs de Montpellier et des terres d’oc l’apport de Lattes à l’essor de Montpellier au Moyen Age et son importance dans le patrimoine culturel et intellectuel juif de la région. Le nom de famille « de Lattes » étant fréquent à l’époque chez les juifs et probablement portés en raison de leur origine de cette ville.
Parmi eux, Isaac de Lattes qui vécut au 14e siècle. Médecin formé à Barcelone, il est l’auteur d’un Traité sur l’estomac et un traité sur la fièvre intitulé Traité d’Isaac de Lattes. En 1372, il écrit le Kyriat Sefer (Ville du Livre) qui présente les auteurs juifs languedociens du Moyen Age. Subissant cette période troublante des exils et retours parfois autorisés pendant le 14e siècle, Isaac tient ainsi à rendre hommage à ces grandes figures et à signifier leur apport à la région dans son développement intellectuel et scientifique.
Isaac de Lattes y fait bien entendu référence aux ibn Tibbon père et fils, à Meshoullam et sa descendance, ainsi que d’autres figures locales, mais aussi des correspondances entre le Languedoc et l’Espagne. Une œuvre qui s’achève avec ces mots troublants : « Enfin nous arrivons à l’année 1372, époque des grandes guerres et des massacres, alors que naturellement les écoles furent interrompues. » Les livres et le partage cadenassés par le glaive et les volontés géopolitiques.
Bonet de Lattes (1450-1510), qui naquit à Aix, devint un grand médecin à Rome, au service de trois papes. Auteur d’un Anneau astronomique en latin, le célèbre médecin sera cité par Rabelais. Son fils, Immanuel de Lattes, deviendra également médecin et retournera sur les terres d’origine de la famille en exerçant à Avignon.