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Lunel

Mur de l’ancienne synagogue de Lunel. Photo de FLLL – Wikipedia

Dans son Livre des voyages, Benjamin de Tudèle évoque la communauté juive de Lunel. L’étude active consacrée aux textes par les étudiants et le rabbin Meshoullam. Selon Tudèle, il était entouré de ses cinq enfants, également rabbins : Joseph, Isaac, Jacob, Aaron et Asher.

Pour cette communauté pescalune qui ne compte que 300 membres selon le voyageur, il est d’autant plus remarquable de le voir mentionner la présence d’autres rabbins dans la ville.

Preuve supplémentaire de l’âge d’or intellectuel du judaïsme médiéval de Lunel et du Languedoc en général.

Plaque sur le mur de l’ancienne synagogue de Lunel. Photo de FLLL – Wikipedia

Selon le livre Les Juifs de Montpellier et des terres d’oc de Michaël Iancu, Meshoullam encouragea le développement du savoir littéraire et scientifique dans la région. Notamment en demandant à Judah ibn Tibbon de traduire l’ouvrage de Bahya ibn Paqqûda de l’arabe à l’hébreu.

Les littératures juive et arabe étant très proches dans leur développement lors de cet âge d’or. Meshoullam aurait ainsi encouragé de nombreux auteurs et traducteurs dans leurs œuvre et leur partage.

Concernant les cinq fils de Meshoullam, certains s’orientèrent vers les sciences et d’autres vers le mysticisme. Asher mena une vie d’ascète, devenant une grande référence en matière de Talmud et l’auteur d’ouvrages halakhiques. Ce qui ne l’empêcha pas, au contraire, à s’intéresser de près à la philosophie néoplatonicienne. Quant à son frère Jacob, il mena également une vie d’ascète nazir, se consacrant entièrement aux études. Il était l’un des élèves d’Abraham b. David de Posquières.

Traduction du Guide des égarés

Jonathan ben David ha-Cohen succéda au rabbin Meshoullam en tant qu’autorité rabbinique suprême de Lunel. Auteur de commentaires sur le Talmud et la Mishna, il entretenait également une correspondance régulière avec Maïmonide.

Une lettre adressée à Maïmonide à été retrouvée bien plus tard dans la Guénizah du Caire et se trouve actuellement à Oxford. Jonathan et ses élèves lui posèrent des questions relatives à l’astrologie et lui demandèrent une copie du Guide des égarés.

Judah ibn Tibbon (1120-1190), médecin fuyant l’intolérance des Almohades, avait pour bagage principal lors de son installation à Lunel en 1150, des livres en hébreu et en arabe, probablement issus de Grenade.

En dehors de la commande de Meshoullam concernant l’ouvrage d’ibn Paqqûda, il traduisit tout le long de sa vie de nombreuses œuvres judéo-arabes. Parmi ses traductions, on peut noter celles de textes de Saadia Gaon et Juda Halévi. Il fut surnommé, à juste titre, « Père des traducteurs ».

Statue de Judah Ibn Tibbon à Grenade. Photo de Svenholly – Wikipedia

Son fils, Samuel ibn Tibbon (1150-1232), entra dans la postérité pour avoir traduit le Guide des égarés de Maïmonide. Il raconte dans le prologue à sa traduction comment les rabbins de Lunel s’impatientaient de recevoir l’oeuvre de Maïmonide et s’efforcèrent de se consacrer à facilité la traduction rapide et complète de l’œuvre.

Paul B. Fenton proposa une traduction des correspondances du fils de Maïmonide révélant les liens forts d’estime du père avec les érudits de Lunel. Ibn Tibbon, traduisit d’autres œuvres arabes et grecques, poursuivant l’esprit de partage du siècle d’or.

Aujourd’hui, on peut retrouver des vestiges médiévaux d’une  ancienne synagogue  à l’Hôtel de Bernis. Une plaque a été posée sur un de ses murs.


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