Pologne

Wroclaw

La Synagogue de la Cigogne blanche aujourd’hui © Wikimedia Commons (Foobarbaz)

La plus ancienne pierre tombale juive trouvée à Wroclaw (Breslau) remonte à 1203, indiquant qu’à cette époque Wroclaw abritait une communauté juive. En 1290, Wroclaw était la deuxième plus grande communauté juive d’Europe centrale et orientale, après Prague. Les juifs de la ville travaillaient principalement comme prêteurs sur gage et commerçants ; une plus petite minorité pratiquait l’artisanat.

Histoire de la communauté juive

Au XIVe siècle, toutefois, les Juifs de Wroclaw sont victimes de violences. Après un pogrom en 1349, environ 5 familles survivent parmi les 70 d’origine. 41 juifs sont jugés et brûlés sur le bûcher en 1453 après avoir été accusés de profanation d’hostie. La même année, la communauté juive est expulsée de la ville. Deux ans plus tard, la ville obtint le statut officiel d’intolérance. Jusqu’en 1744, il était interdit aux juifs de vivre à Wroclaw. Ils ne pouvaient s’y rendre que pendant les foires annuelles.

En 1741, la ville est annexée par la Prusse et, en 1744, Frédéric II autorise les Juifs à y reformer une communauté officielle. La population juive augmente rapidement. En 1747, 532 Juifs vivaient à Wroclaw (1,1% de la population totale). En 1810, ce nombre avait grimpé à 3 255 (5,2%).

Wroclaw devient un centre important pour la Haskalah (les Lumières juives). Les deux communautés – les orthodoxes et les libéraux – étaient actives dans la vie religieuse et culturelle des juifs de la ville et étaient dirigées par d’éminents rabbins et érudits.

Le nombre de résidents juifs dans la ville était de 19 743 en 1900 et de 10 300 en 1939.

En novembre 1938, les activités culturelles, sociales et éducatives de la communauté sont interdites et les synagogues et les écoles juives sont détruites pendant les pogroms de la Nuit de cristal.

À partir de septembre 1941, les juifs sont chassés de chez eux et leurs biens et entassés dans  les maisons juives (Judenhaus). Ils sont déportés quelques mois plus tard dans des camps de transit avant le convoi vers d’Auschwitz. Entre novembre 1941 et l’été 1944, les juifs de Basse-Silésie, y compris ceux de Wroclaw, sont déportés dans 11 convois. Le premier conduit les juifs à Kaunas, où tout le transport est abattu. Les convois ultérieurs envoient les Juifs dans les camps d’extermination de Sobibor et Belzec, ou à Terezin et Auschwitz. Certains juifs sont envoyés dans des camps de travail temporaires. En 1943, seuls les conjoints de mariages mixtes et certains enfants sont encore à Wroclaw. Les 150 derniers juifs de la ville sont déportés à Gross-Rosen en janvier 1945, où ils sont tous tués.

À partir de mai 1945, Wroclaw devient un centre de transit pour les survivants juifs revenant des camps de concentration de Silésie et de Pologne. Les juifs des anciens territoires polonais annexés à l’Union soviétique pendant la guerre commencent à arriver dans la ville par vagues à partir de 1946, faisant de Wroclaw la plus grande communauté juive de Pologne. Bien que le nombre de Juifs à Wroclaw ait culminé à 17 747 en 1946, après le pogrom de Kielce en juillet de la même année, ce nombre diminue considérablement. Ainsi, au printemps 1947, environ 15 000 Juifs vivaient à Wroclaw.

La communauté juive d’après-guerre reconstruisent une communauté religieuse, des écoles, des coopératives juives et un théâtre juif, ainsi que d’autres organisations et partis politiques. La population juive continue de chuter, principalement en raison de l’émigration. En 1960, il restait 3 800 Juifs dans la ville.

La guerre des six jours et l’antisémitisme entraînent une augmentation sensible de l’émigration après 1967. Dans ce sillage, l’école et le théâtre juif ferment leur portes.

En 1974, il y avait 3 000 Juifs à Wroclaw.

Une renaissance juive a commencé à la fin des années 1980. En 2000, la ville a rouvert la société socio-culturelle juive et son école juive. La synagogue dite des cigognes blanches, utilisée par les nazis comme atelier de réparation automobile et pour stocker des biens juifs volés, est reconsacrée à nouveau en 2010 après une restauration à grande échelle.

En 2014, la communauté juive de Wroclaw comptait 350 membres inscrits, ce qui en fait la deuxième communauté juive organisée en Pologne après Varsovie.

L’ancien cimetière juif © Wikimedia Commons (Pudelek)

Les sites de patrimoine juif à Wroclaw

Lors de votre visite à Wroclaw, vous passerez sûrement sans le savoir près de ce qui fut la magnifique synagogue de la ville, incendiée pendant la Nuit de cristal. Un petit  mémorial rappelant son emplacement se situe à ul. Łąkowa 6.

Seule synagogue à Wrocław à échapper à la Nuit de cristal, fut la  synagogue de la cigogne blanche, construite en 1829. Elle tire son nom de l’auberge dont elle avait pris l’emplacement. Construite par le célèbre architecte Karl Ferdinand Langhans, la synagogue est ironiquement considéré comme un exemple remarquable de l’art sacré protestant du XVIIIe siècle. Le bâtiment est discrètement caché dans une cour, c’est dans ce même emplacement que que les membres de la communauté juive furent rassemblés pour être déportés. Gravement endommagée, mais non incendiée grâce à sa proximité avec des bâtiments résidentiels, la synagogue fut laissée à l’abandon après la guerre, avant que la communauté juive puisse enfin la récupérer des mains du gouvernement polonais en 1996 et en entreprendre la restauration. Réouverte en mai 2010, la synagogue sert désormais de lieu de culte, de centre culturel et de branche du Centre d’information juif. Elle comprend une nouvelle salle multi-fonctionnelle au sous-sol de la synagogue, de deux espaces d’exposition sur les balcons dont l’un abrite une exposition permanente sur l’Histoire des Juifs à Wrocław et en Basse-Silésie ; la seconde est quant à elle réservée aux expositions temporaires. Un bain rituel a été inauguré en janvier 2019.

Juste à côté de la synagogue, vous trouverez la  Fondation Bente Kahan, qui organise des événements mensuels, notamment des expositions, projections de films, ateliers, conférences, concerts, représentations théâtrales, etc. Vous trouverez dans la même rue un second centre culturel juif : après des travaux de rénovation, le  centre d’information juif abrite également le café CIŻ : un café casher, une librairie et un centre d’informations touristiques. En plus d’être un nouveau lieu pour des conférences, des ateliers et d’autres événements liés au judaïsme, cette organisation organise également des visites à pied juives de Wrocław. Pendant que vous y êtes, dégustez des collations moyen-orientales et le petit-déjeuner israélien servi toute la journée. Notez que ce centre juif édite également le magazine judéo-polonais Chidusz.

Fondé en 1856, avec plus de 1200 pierres tombales,  l’ancien cimetière juif est peut-être le témoignage le mieux préservé de l’importance de la communauté juive d’avant-guerre de Wroclaw. Fermé en 1942, le cimetière tomba rapidement dans un état de délabrement total. En 1945, il fut transformé en forteresse par les nazis. Des combats acharnés y eurent lieu, comme en témoignent les impacts de balles dans de nombreuses pierres tombales. La rénovation a commencé dans les années 1970 et, en  1991, y a été inauguré un musée de l’art sépulcral juif. En effet, la beauté et la diversité des styles et des symboles classent ce lieu au rang des plus beaux cimetières juifs d’Europe. De nombreux personnages remarquables y sont enterrés, notamment l’historien Heinrich Graetz, ou encore Ferdinand Lassalle. Cependant, malgré ces modestes efforts de rénovation, le cimetière de la rue Ślęna reste un sanctuaire sauvage. Un livret d’accompagnement très instructif (en polonais, anglais ou allemand) est disponible pour 15 à l’accueil.

Situé au nord-ouest du centre-ville, le  nouveau cimetière juif a été fondé en 1902 lorsque le cimetière de la rue Ślężna devint trop petit, et est toujours utilisé par la communauté juive de Wrocław. Il n’a cependant pas été épargné par les ravages du temps et son état contraste nettement avec les cimetières catholiques bien entretenus des alentours. Comprenant 11 hectares et environ 8 000 tombes, il s’agit du cinquième plus grand cimetière juif de Pologne. Il a étré déclaré monument historique pour la grande diversité des styles esthétiques et architecturaux des pierres tombales. Le tombeau le plus remarquable est dédié aux soldats juifs de l’armée allemande tombés au combat pendant la Première Guerre mondiale ; leurs 432 noms sont gravés au sommet du monument. Le cimetière fait actuellement l’objet de travaux de rénovation et n’est ouvert au public que du 1er mai au 30 octobre, les mercredis (14h00 – 17h00) et les dimanches (09h00 – 13h00), 20% environ du lieu étant fermé au public. Pour vous y rendre, prenez les tramways 10, 33, 20 ou 3 en direction de Pl. Jana Pawła II et descendez à ‘DH Astra;’ le trajet dure environ un quart d’heure.