Avec 30000 juifs, cette ville comprend la communauté juive la plus importante de Grande-Bretagne après Londres.
La présence juive mancunienne semble dater de la fin du 18e siècle, une bonne partie d’entre eux étant originaires de Liverpool. Sa première synagogue fut construite à cette époque, sous l’impulsion des frères Lemon et Jacob Nathan. Elle s’installa à Garden Street en 1794, puis à Ainsworth Court en 1806, à Halliwell Street en 1825 et enfin à Cheetham Hill en 1856, terminant jusqu’à la fin des années 1970 ce long cycle nomade. Un terrain permettant de servir de cimetière juif fut acquis en 1794.
Le développement du judaïsme mancunien
En 1856, une synagogue libérale vit le jour. En ces temps arrivèrent également des juifs d’Europe de l’Est fuyant les persécutions. En 1871, des juifs d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient s’installèrent à Manchester. Et à la fin du 19e siècle, suite aux événements politiques d’Europe de l’Est, d’autres réfugiés juifs traversèrent la Manche. Suite à ces arrivées, deux nouvelles synagogues furent construites en 1871. La première sur Oxford Road pour les juifs habitant au sud de la ville. La seconde sur York Street et de rite sépharade.
Petit à petit, les juifs mancuniens quittèrent le centre-ville pour la banlieue et les petites villes environnantes. A Salford, Prestwich et Whitefield au nord. A Cheshire au sud. Ils travaillèrent en grande partie dans les artisanats et l’industrie du tissu. Le développement éducatif et culturel se développa aussi avec par exemple la création du journal Jewish Telegraph.
En 1910, la ville comptait en son âge d’or près de 70 synagogues pour 35000 juifs. Parmi les personnalités juives de Manchester, le dirigeant travailliste Harold Laski, l’auteur Louis Golding, l’homme d’affaires Harry Sacher et un des dirigeants historiques de Marks & Spencer Israel Seiff, mais aussi Chaim Weizmann, le futur premier président israélien qui y vécut de 1904 à 1916. Israel Seiff rassembla d’autres hommes d’affaires pour récolter les fonds qui permirent la création de l’Institut Weizmann en Israël.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, Manchester accueillit des réfugiés juifs. La communauté fut alors très active pour participer à l’effort de guerre britannique.
Déclin et renaissance de la vie juive au tournant du siècle
La population juive de Manchester commença à décliner à partir des années 1970. Ainsi, vingt ans plus tard, ils étaient 27000, puis moins de 22000 en 2001. Avec à l’époque 32 synagogues, dont une immense majorité étant de courant orthodoxe. La plupart des juifs mancuniens habitèrent dans les banlieues de Bury et Salford.
En 2011, la population juive augmenta pour représenter 25000 mancuniens, puis en 2022 près de 30000. Néanmoins, les juifs mancuniens furent victimes de nombreuses attaques antisémites depuis une dizaine d’années. Attaques régulières sur personnes et sur le cimetière juif, lorsqu’en 2018 des dizaines de stèles furent détruites. Une étude détermina en cette même année une augmentation de ces attaques de 25 %.
Parmi les synagogues actives aujourd’hui, la Bowdon Shul inaugurée en 1873 et qui est la plus ancienne congrégation du sud de Manchester, la Mead Hill Shul datant de 1904, la Heaton Park Hebrew Congregation de courant orthodoxe et fondée en 1935 et la Menorah Synagogue membre du mouvement réformé et servant également de centre culturel juif pour les habitants du sud de Manchester.
Parmi les cimetières juifs de Manchester, à noter ceux de Whitefield , Urmston , Southern , Pendleton , Rainsough et Prestwich Village .
Rénovation et agrandissement du Musée juif de Manchester
Le Le Musée juif de Manchester a été créé en 1984 afin de partager l’histoire de leur présence dans la ville ainsi que leur contribution à son évolution. Il est situé dans l’ancienne synagogue espagnole et portugaise de Cheetham Hill construite en 1874. Derrière sa façade de briques rouges, l’architecture du musée mêle les styles victorien et mauresque.
Le Musée a été rénové et modernisé. Sa réouverture en et son extension ouverte en mai 2021 permit au public de découvrir les travaux entrepris. Parmi les objets présentés, ceux ayant appartenu à la réfugiée juive Helen Taichner racontant son périple et sa joie et soulagement d’avoir pu obtenir un visa pour l’Angleterre et s’installer à Manchester. Dans le même esprit sont présentés les différentes venues de juifs des trois continents et leur participation active au développement de Manchester.